Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Comment saisir votre chance (lorsqu’elle se présente)?

Olivier Schmouker|Publié le 25 février 2019

Comment saisir votre chance (lorsqu’elle se présente)?

Hassoun Camara est un ex-joueur vedette de l'Impact. [Ph: Julien Faugère]

Connaissez-vous Hassoun Camara? Si vous êtes un amateur de soccer, oui, sûrement : il est aujourd’hui analyste sportif sur TVA Sports, après avoir été l’un des joueurs vedettes de l’Impact de Montréal. Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’il ne s’agit là que d’une de ses nombreuses activités…

Hassoun Camara est en effet un serial entrepreneur! Il est à l’origine de Victoire Magazine, une toute nouvelle publication montréalaise qui a pour mission de montrer combien le soccer est en train d’imprégner la culture sportive des Québécois. Il est aussi associé au Park, ce complexe de soccer à 5 qui a vu le jour l’an dernier à Hochelaga. Et il est l’un des fondateurs du restaurant africain Osè, à Paris (France).

Enfin, Hassoun Camara s’apprête à lancer un livre original, intitulé Saisir sa chance – Quand le sport rencontre l’entrepreneuriat (Les Éditions Logiques, 2019), qui sera disponible en librairie le 6 mars. Pourquoi original? Parce que le texte est à deux voix :

– D’une part, Hassoun Camara nous raconte les faits saillants de sa carrière sportive – comment un jeune français d’origine sénégalaise né dans le «93» (une banlieue «chaude» de Paris) est devenu l’un des meilleurs défenseurs de sa génération, après avoir œuvré à l’O.M., à Bastia et à l’Impact – ainsi que ceux de ses débuts d’entrepreneur.

– D’autre part, Benoit Chalifoux, professeur de management à l’ESG UQÀM, surligne des passages du témoignage d’Hassoun Camara pour en tirer des enseignements pratiques destinés à ceux qui entendent devenir eux-mêmes des entrepreneurs couronnés de succès.

Autrement dit, il y a là un vécu passionnant et un perçu fascinant. Laissez-moi vous en donner une illustration, à l’aide de l’extrait suivant, intitulé «Savoir saisir l’occasion»…

M. Chalifoux surligne cette phrase d’Hassoun Camara : «C’est lorsqu’il semble ne plus y avoir aucun espoir que la vie nous réserve des surprises.»

Et il commente : «Il existe des moments charnières dans la vie, et il faut savoir les reconnaître comme tels, voire les provoquer, pour profiter d’une occasion qui ne se reproduira probablement pas.»

Il surligne : «Je portais sur mes épaules la responsabilité de jouer un grand match et de prouver à l’entraîneur qu’il avait eu raison de me faire confiance. Je devais assurer, et il n’y avait pas de place pour l’erreur.»

Il commente : «L’humilité est souvent la pierre angulaire du succès en affaires. Il ne faut pas tenir pour acquis son succès, son équipe de travail, ses clients, etc. Nous sommes toujours aussi bons que les ventes de la veille. Faire ses preuves et se dépasser au quotidien sont des éléments clés pour l’entrepreneur qui désire réussir.»

Il surligne encore : «Il faut se concentrer uniquement sur ce qu’on contrôle».

Et il commente : «La vie de l’entrepreneur est semée d’embûches. Certains obstacles sont des contingences non prévisibles et hors de contrôle (réglementation, grève, augmentation du salaire minimum, fiscalité,…) Il faut apprendre à ne pas stresser à cause de ces aléas et à se concentrer sur les obstacles contournables, car souvent cela augmente la performance.

«Penser aux conséquences de tout est inhibiteur. L’entrepreneur doit avoir une connaissance minimale de ce qu’il entreprend, mais pas une connaissance détaillée qui le freinerait.»

Il poursuit à l’aide de deux exemples concrets : «Bombardier a commencé ses activités par l’invention de la motoneige dans les années 1930. Fort d’une expertise en fabrication de voitures de tramway, acquise par son rachat de Rotax en 1970, le PDG Laurent Beaudoin décide de soumissionner pour le contrat du métro de Montréal, en 1974. Le fait de saisir cette occasion d’affaires a transformé la petite entreprise de motoneige en groupe industriel de calibre mondial.

«Un autre exemple de timing parfait au Québec est celui de Jobboom. Cela faisait une dizaine d’années que François Cartier dirigeait sa maison d’édition spécialisée en information sur le marché du travail lorsqu’il a rencontré, un beau jour, deux entrepreneurs en informatique qui partageaient sa vision de l’avenir : dorénavant, le recrutement se ferait en ligne, ce qui non seulement coûterait aux recruteurs une fraction du prix, mais aussi accroîtrait la mobilité des travailleurs.

«La rencontre, un lunch, a duré cinq heures, et François en est ressorti convaincu que s’il arrivait à fusionner les contenus et la technologie, une entreprise plus forte encore que la somme de ses deux parties en résulterait.

«En quelques semaines, il a établi le plan de match, avec son associé et ses futurs partenaires. La valeur ajoutée était évidente. Aucun entrepreneur québécois d’envergure n’était encore actif dans le domaine, et François était déterminé à ne pas manquer le bateau. Bien qu’il fût impossible de quantifier le marché potentiel, son expérience et son intuition lui disaient qu’il fallait aller de l’avant. Ce qu’il a fait.

«Jobboom, le fruit des deux entreprises fusionnées, a connu une croissance fulgurante, est devenu le joueur dominant dans son marché et a fini par multiplier son chiffre d’affaires par 10 en moins de cinq années.»

Voilà. Lorsqu’il nous faut saisir notre chance, nous devons donc être:

– Alerte. Nous devons reconnaître ce bref moment où la chance nous sourit, et réagir alors au quart de tour. Mieux, l’expérience aidant, nous devons être à même de repérer la première esquisse de ce si beau sourire, et immédiatement faire en sorte que celui-ci s’agrandisse et s’épanouisse; car cela élargira d’autant la fenêtre de temps où nous pourrons en tirer parti.

– Humble. Nous ne devons surtout pas crier victoire trop tôt. Ce n’est pas parce que la chance vient de nous sourire que tous les dieux vont nous être favorables. Non, ce n’est pas la garantie du succès. Loin de là. Il nous faut, en vérité, réaliser à la vitesse de l’éclair qu’il vient de se produire quelque chose d’incroyable, que toutes nos ressources doivent être mises en branle pour saisir l’occasion qui se présente à nous et qu’il ne dépend maintenant que de nous de gagner la mise (ou de tout perdre bêtement).

– Efficace. Pour ravir cette chance si souriante, il nous faut pénétrer en terrae incognitae. Et donc, faire face à l’imprévu comme à l’inattendu. Comment en sortir victorieux? En ne nous laissant pas distraire par le futile, c’est-à-dire par les informations non pertinentes : le conseil de MM. Camara et Chalifoux, c’est alors de concentrer tous nos efforts sur les obstacles qu’on sait pouvoir surmonter ou contourner, et non pas sur ceux qui nous semblent a priori infranchissables. Bref, il convient de faire preuve d’une efficacité maximale.

– Confiant. Bien entendu, le stress sera au rendez-vous. Là encore, il convient de ne pas lui laisser de prise sur nous-mêmes, à tout le moins pas au point de nous nuire, encore moins de nous paralyser. Il faut avoir confiance en nous-mêmes, même si nous savons fort bien que nous n’avons pas tous les atouts en mains.

Et c’est tout!

Donc, la chance vous sourit au travail? Parfait, montrez-vous à la fois alerte, humble, efficace et confiant; et vous rencontrerez sûrement un succès fou, peut-être même au point de changer votre vie du tout au tout.

«Certaines personnes autour de vous, par manque de vision, de courage ou de passion, feront tout pour vous garder près d’elles; pas forcément par jalousie, mais en vous transmettant leur propre peur de l’échec, note Hassoun Camara dans son livre. Je repense à tous mes amis d’enfance qui avaient sûrement un potentiel bien supérieur au mien, mais qui n’ont jamais atteint les rangs professionnels. Ma force aura été de croire en moi, d’être patient et d’avoir su saisir ma chance au bon endroit, au bon moment.

«Les batailles de la vie ne sont pas forcément gagnées par les plus forts ou par les plus talentueux, mais souvent par ceux qui n’abandonnent jamais. Et c’est justement parce que mon chemin était difficile, chaotique et incertain que le sentiment de «victoire» sur la vie a encore plus de saveur aujourd’hui.»

CQFD.

En passant, la sainte catholique Mère Teresa aimait à dire : «La vie est une chance, saisis-la!»

Découvrez mes précédents billets

Mon groupe LinkedIn

Ma page Facebook

Mon compte Twitter

Et mon dernier livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement