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Comment surmonter subtilement le trac au travail?

Olivier Schmouker|Publié le 09 juillet 2020

Comment surmonter subtilement le trac au travail?

Une chance, le trac n'est pas une fatalité... (Photo: Caleb Woods/Unsplash)

BLOGUE. La bouche sèche, les mains moites, les jambes molles… C’est clair, vous êtes pris par le trac. Parce qu’il vous faut faire une présentation Zoom à vos collègues. Parce qu’il vous faut convaincre un client récalcitrant via FaceTime. Ou encore parce qu’il vous faut effectuer un entretien d’embauche en ligne.

La question saute aux yeux : comment parvenir à surmonter votre trac au travail? Surtout que, soyons honnêtes, celui-ci ne découle pas directement du télétravail, ni même du confinement, que nous connaissons depuis maintenant un trimestre; le trac, vous l’aviez déjà avant ça, les derniers événements n’ont fait, en vérité, que l’exacerber.

André Giordan est un professeur émérite de l’Université de Genève (Suisse) connu pour avoir inventé le système d’apprentissage allostérique (allosteric learning model, en anglais) et Jérôme Saltet est l’un des fondateurs de l’entreprise française Play Bac, qui est spécialisée dans les concepts éducatifs pour enfants. Ensemble, ils ont signé un petit livre formidable, «Apprendre à apprendre» (Librio, 2007), dans lequel sont présentées une série d’astuces permettant de devenir meilleur dans nombre de compétences récurrentes au travail : s’organiser, «vendre» ses idées, trouver la bonne information, etc.

Or, l’un de passages du livre concerne justement la gestion du trac. Voici donc, pour vous, l’essentiel de ce qui y est indiqué à ce sujet:

«Avoir le trac n’est pas une fatalité, notent les deux auteurs. Rien de plus normal, avant une épreuve. Il peut même être un «plus», si vous arrivez à le réguler, c’est-à-dire à en faire votre allié. Car votre cerveau est alors en éveil, et votre corps s’harmonise à vos paroles.

«Bien sûr, le manque de confiance en soi favorise le «mauvais» trac. D’où l’intérêt de le faire reculer à l’aide de différentes astuces:

1. Prenez de la distance

«Avant de vous lancer dans l’épreuve prévue, prenez le temps de travailler sur vous-même. Ne pensez pas qu’au contenu que vous allez délivrer. La façon de l’exprimer est tout aussi importante. D’où l’intérêt de prendre le temps de renforcer à la fois votre confiance et votre estime de vous-même.

«Par exemple, pour gagner en confiance, vous pouvez vous donner de petits objectifs facilement atteignables (ex.: apprendre par coeur une fiche résumant les faits saillants de votre présentation, en un quart d’heure). Et pour gagner en estime de vous-même, vous pouvez faire l’exercice de vous voir à travers le regard de ceux qui vous ont aimé (ex.: votre père, votre mère, un enseignant,…).»

2. Positivez

«Arrêtez de vous lamenter, de dire que vous n’y arriverez pas. Ne bâtissez pas de scénarios catastrophes. Gommez vos lacunes et vos faiblesses. Car vous ferez mieux sans tout cela. Pensez plutôt à vos grandes capacités et ressources. Cela renforcera votre confiance en vous-même.»

3. Préparez-vous à fond

«Tout retard, toute déficience est source d’angoisse, d’anxiété. Mieux vaut donc être fin prêt! Par exemple, préparez bien vos fiches, apprenez-les par coeur, ou à tout le moins connaissez-en l’ordre et les points forts. S’il vous faut effectuer une présentation sans lecture de notes, récitez votre texte par coeur, histoire de le rendre naturel dans votre bouche, comme si les mots sortaient d’eux-mêmes.»

4. Visualisez la scène

«Mettez-vous en situation de passer l’épreuve. Imaginez les lieux, la situation, les gens présents et posez-vous des questions telles qu’elles pourraient jaillir de l’auditoire.

«Au besoin, demandez à des proches de jouer le rôle des participants et «jouez» la scène telle qu’elle devrait se produire, en invitant les autres à:

– vous poser des questions pertinentes;

– vous tendre des pièges;

– chercher à vous déstabiliser.

«Cet entraînement contribuera à vous faire bien réagir face à l’imprévu.»

5. Ritualisez

«Pourquoi ne feriez-vous pas comme les artistes? Adoptez un objet anti-stress, un objet qui vous portera chance. Ça peut être un vêtement, un talisman à garder en secret dans votre poche, ou encore faire en douce un petit geste qui renforce le «moi».»

6. Respirez

«Juste avant l’épreuve, essayez de vous relaxer. Fermez les yeux, posez une main sur votre ventre, inspirez profondément par le nez, puis expirez tout doucement, le plus longtemps possible. Et répétez l’opération, tout cela devant être fait en douceur et en ressenti de votre respiration.

«Puis, rassemblez vos esprits, faites le vide dans votre tête et mettez-vous progressivement en situation, prêt à… foncer!»

Voilà. Vous savez maintenant comment lutter contre le trac, le moment venu. Ce n’est pas sorcier, c’est à la portée de chacun de nous. Alors, n’hésitez pas à en user à la première occasion venue.

En passant, le champion de tennis américain John McEnroe disait : «Le trac est fondamentalement le même chez un champion et chez un débutant. La différence vient que le premier a appris à mieux le maîtriser que le second.»

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