Un opération qui comporte des bénéfices parfois insoupçonnés. (Photo: New Data Services pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Canicules, incendies, inondations: l’été écoulé a clairement montré que nous sommes en pleine urgence climatique. C’est pourquoi je veux maintenant agir, même si c’est à ma petite échelle. Comment la petite entreprise dont je suis le PDG peut-elle faire sa part, dès demain?» – Eliot
R. — Cher Eliot, j’ai une suggestion simple et efficace pour vous: inviter l’ensemble de vos employés à adopter des «gestes verts» dans leur quotidien au travail. Mine de rien, cela peut faire une vraie différence: votre organisation pourrait ainsi devenir, entre autres, moins polluante ou à tout le moins moins gourmande en énergie. À la clé, des gains pour la planète, pour l’engagement de vos employés et même pour les finances de votre petite entreprise!
Virginie Francœur est professeure de changement organisationnel à Polytechnique Montréal. Pascal Paillé est, lui, professeur de ressources humaines à l’École de commerce Neoma, à Rouen, en France. Ensemble, les deux chercheurs ont regardé comment les employés d’une entreprise pouvaient devenir un peu plus «verts» au travail. Quelles conditions fallait-il réunir pour qu’une telle évolution des mentalités et des pratiques puisse voir le jour?
Les résultats de leurs travaux sont récemment parus sous la forme d’un livre intitulé «Green behaviors in the workplace: Nature, complexity, and trends». Ils fourmillent de pistes plus intéressantes les unes que les autres.
Ainsi, un employé se met à adopter des comportements écoresponsables à partir du moment où:
— il est soutenu en ce sens «par son boss et/ou par la haute direction de l’organisation» ;
— il obtient les «ressources nécessaires» pour changer ses habitudes de travail de manière à ce que celles-ci deviennent bénéfiques pour l’environnement.
Concrètement, cela signifie que la haute direction de l’organisation doit prendre trois mesures.
1. Modifier la culture organisationnelle
La défense de l’environnement doit devenir l’une des valeurs de l’organisation. Et pour que celle-ci se diffuse dans l’ensemble des équipes, la haute direction doit faciliter et encourager les échanges entre elles. Par exemple, une équipe qui décide de réduire drastiquement l’utilisation de l’imprimante doit pouvoir faire part des résultats de son changement aux autres équipes, histoire de les inspirer.
2. Inciter les gestionnaires à chérir le changement
Le changement ne se fera pas si les gestionnaires n’embarquent pas. D’où l’importance de veiller à ce que ceux-ci deviennent de véritables «ambassadeurs du verdissement». Grâce, par exemple, à des formations spécifiques qui leur permettront d’apporter un «soutien instrumental (affecter des ressources), informationnel (partager un savoir-faire et des connaissances), évaluatif (donner une rétroaction) et émotionnel (manifester de l’écoute)».
3. Faire confiance aux employés
Il ne reste plus qu’à donner le go aux employés, en laissant chaque équipe agir à sa guise: ils sont à même de trouver leur propre cheval de bataille et les moyens à mettre en œuvre pour le voir galoper. Le rôle de leur gestionnaire reviendra alors à superviser les opérations de changement, c’est-à-dire à leur donner tous les moyens nécessaires pour réussir et à intervenir si jamais le changement entrepris venait à nuire plus qu’autre chose à l’organisation (performance, budget, etc.).
Cela fonctionne-t-il vraiment? Virginie Francœur et Pascal Paillé citent une expérience, parmi d’autres, qui a consisté à donner une formation en matière d’économie d’énergie aux employés d’une tour de bureaux et à favoriser les rencontres entre tous ces employés pour parler des initiatives des uns et des autres en ce sens. Huit mois plus tard, la consommation énergétique de la tour avait chuté de 7%. Rien de moins.