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Comment améliorer franchement le bien-être des employés? 

Olivier Schmouker|Publié le 25 juin 2024

Comment améliorer franchement le bien-être des employés? 

Il est tout à fait possible d’améliorer le bien-être des employés de votre PME sans recourir à des mesures artificielles. (Photo 123RF)

MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudisVous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca

Q. – «J’aimerais vraiment que les employés de ma PME se sentent encore mieux dans leur quotidien au travail, mais je ne sais pas comment m’y prendre pour que cela soit le cas. Rénover les locaux? Créer un club social? Offrir une prime à Noël?» – Simon 

R. — Cher Simon, laissez-moi avant tout vous féliciter pour le souci que vous avez d’améliorer le bien-être des employés de votre PME. C’est là une touchante attention de votre part. De surcroît, une attention qui peut se révéler payante pour vous, si jamais vous parvenez à trouver un bon moyen de la satisfaire; nombre d’études montrent que des employés heureux sont quasiment toujours des employés performants.  

Maintenant, la question est de savoir comment booster le bien-être des employés, de manière générale. Cette interrogation m’amène à vous parler du Wellbeing Research Center de l’Université d’Oxford, dont des chercheurs ont analysé les données de plus de 15 millions d’employés en lien avec leur bien-être et les facteurs sous-jacents au travail qui le déterminent. Ces chercheurs ont identifié et testé 11 facteurs susceptibles d’avoir une incidence significative sur le bien-être au travail, à l’image notamment de la rémunération, de la flexibilité, de la réussite professionnelle, de la possibilité d’apprendre et du soutien apporté par le gestionnaire immédiat. Cela leur a permis de faire deux précieuses découvertes : 

— Au dire des employés, seuls deux facteurs jouent sur leur bien-être au travail : la rémunération et la flexibilité. Et aucun autre. 

— Mais en vérité, l’analyse des données montre que les trois facteurs qui influencent le plus le bien-être au travail sont le sentiment d’énergie, le sentiment d’appartenance et la confiance accordée par le gestionnaire immédiat.  

Par conséquent, Simon, si vous entendez améliorer le bien-être des employés de votre PME, il vous faut miser sur ces trois facteurs-là. Mieux, sur ce qui les unit, me semble-t-il, à savoir l’interaction sociale. Oui, l’interaction sociale, car une bonne relation avec les autres nous énergise, nous permet de sentir qu’on fait partie intégrante d’un groupe et favorise le lien de confiance pouvant exister entre un employé et son gestionnaire immédiat. 

Des chercheurs du McKinsey Health Institute (MHI) se sont justement penchés sur l’importance des interactions sociales au travail. Ils ont ainsi noté, dans une étude menée en 2023, que l’expérience d’un comportement toxique au travail pouvait suffire pour ressentir des impacts négatifs sur la santé et sur la performance (sentiment de solitude, intention de démissionner, symptômes d’épuisement professionnel, etc.). Inversement, l’expérience d’un comportement bénéfique au travail pouvait se traduire, à l’échelle d’un employé, par un gain en créativité, un plus grand engagement envers son travail et une meilleure performance individuelle. 

L’an dernier, des chercheurs de la MIT Sloan School of Management ont mis au jour le fait qu’un bon moyen de stimuler les interactions sociales au travail consistait à recourir à l’individuation. La quoi? L’individuation consiste grosso modo à distinguer l’individu du groupe auquel il appartient, et donc à prendre le temps de dénicher ses talents propres, ceux qui lui permettent non seulement de briller personnellement, mais aussi de faire briller l’équipe. 

Concrètement, l’individuation peut revenir à effectuer une série de rencontres individuelles entre les gestionnaires et chacun des membres de son équipe, l’objectif étant d’identifier les tâches qui sont vraiment cruciales aux yeux de l’employé et les ressources que le gestionnaire pourrait lui apporter afin de pouvoir mener à bien chacune d’elles. (Concernant les tâches qui font moins triper les employés qui en ont pourtant la responsabilité, le gestionnaire peut être bien avisé de les confier à d’autres qui, eux, seraient bien contents de s’en charger.)  

Ces réunions peuvent également servir à supprimer les «bloqueurs», soit les éléments ou facteurs qui empêchent un employé de donner son 110% au travail. Car s’attaquer à ce problème souvent tu permets, mine de rien, de booster le sentiment de sécurité psychologique de l’employé en question : grâce à cette simple discussion, il sent que le gestionnaire tient vraiment à améliorer son quotidien au travail, ce qui le fait se sentir mieux, à tout le moins plus en sécurité sur le plan psychologique.  

Voilà, Simon. Il est tout à fait possible d’améliorer le bien-être des employés de votre PME sans recourir à des mesures artificielles comme l’offre de primes spéciales ou une couche de peinture colorée sur les murs du bureau. Il suffit pour cela de dynamiser les interactions sociales, ce qui peut notamment se faire en recourant à l’individuation. Qu’en pensez-vous?