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Comment faire des micro-siestes au travail comme les Japonais?

Olivier Schmouker|Mis à jour le 02 juillet 2024

Comment faire des micro-siestes au travail comme les Japonais?

MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudisVous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca

Q. – «Je manque souvent d’énergie au travail. J’ai même parfois l’impression d’être carrément épuisée, au point d’avoir envie de piquer un petit somme. Y a-t-il moyen de me sentir mieux durant mes journées de travail?» – Éliana

R. — Chère Éliana, si votre corps et votre cerveau vous disent que dormir un peu vous ferait du bien, eh bien écoutez-les et adoptez l’inemuri, soit la pratique des micro-siestes que chérissent tant les Japonais. Vous ne vous en porterez sûrement que mieux.

Au Japon, il est bien vu de dormir un peu, n’importe où, n’importe comment : assis dans le métro, sur son clavier d’ordinateur, etc. Car c’est le signe qu’on travaille fort, qu’on se donne à fond dans son travail. Les Japonais en tirent même une certaine fierté : saviez-vous qu’une formule usuelle pour se dire au revoir entre collègues, en fin de journée, est «Otsukaresama deshita», qui signifie «Vous avez l’air fatigué, cher collègue»? Cette formule de politesse vise à souligner tout le respect qu’on a envers le collègue en question, tant on voit bien qu’il donne quotidiennement son 110% au travail.

Inemuri signifie «dormir alors qu’on est présent». Cette pratique vise non seulement à se reposer un peu, mais aussi à diminuer son stress. Et elle est scientifiquement justifiée par le fait que l’être humain n’est pas capable de travailler fort dans la durée : une analyse des données de l’agence lettone de conseil en productivité DeskTime a mis au jour le fait que les 10% de travailleurs les plus productifs recourent, consciemment ou pas, à la règle 52-17, soit 52 minutes de travail effectif suivies par 17 minutes de repos. Par conséquent, il est bon de travailler fort, puis d’enchaîner avec une vraie phase de repos, qui peut aller jusqu’à effectuer une micro-sieste.

Maintenant, comment réussir à s’endormir, comme ça, en pleine journée, quand on n’y est pas habitué? C’est là qu’intervient la méthode 4-7-8.

Concoctée par le médecin américain Andrew Weil, la méthode 4-7-8 revient à un exercice de respiration profonde permettant de relaxer son corps et son esprit.

– Placez votre langue contre le palais, juste derrière les incisives du haut.

– En même temps, expirez lentement l’air de vos poumons. Videz ceux-ci complètement.

– Puis, tout en maintenant votre langue contre votre palais, fermez la bouche et inspirez par le nez. Lentement. En comptant jusqu’à 4.

– Retenez votre respiration en comptant jusqu’à 7.

– Et expirez par la bouche, en comptant jusqu’à 8.

– Répétez l’exercice trois fois, cela devrait suffire à vous assoupir.

Pourquoi cette méthode fonctionne-t-elle la plupart du temps? Selon son inventeur, cette façon de respirer apporte plus d’oxygène qu’en temps normal, ce qui fait du bien au système nerveux parasympathique, lequel est souvent sursollicité en période de travail intense, pour ne pas dire de stress. Cela favorise le sentiment de détente et nous amène à nous concentrer sur notre respiration, et donc à occulter les pensées en lien avec le travail. En fin de compte, l’assoupissement vient de lui-même.

Voilà, Éliana. Explorez les voies de l’inemuri, cela devrait vous faire le plus grand bien. Bien entendu, comme les micro-siestes ne sont pas chose courante chez nous, il convient d’en toucher deux mots à vos collègues et à votre boss avant de tenter de vous assoupir à votre bureau. Sans quoi, vous risqueriez de vous faire taper sur les doigts.

En passant, le philosophe allemand Georg Christoph Lichtenberg a dit dans ses «Aphorismes»:

«On ne dort pas pour dormir, mais pour agir.»