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Connaissez-vous la semaine de 4 jours conditionnelle?

Olivier Schmouker|Publié le 29 juin 2023

Connaissez-vous la semaine de 4 jours conditionnelle?

Prêts à revenir au 100% bureau si, en échange, on leur accorde la semaine de 4 jours. (Photo: Tim van der Kuip pour Unsplash)

MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudisVous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca

Q. – «Pauses café, réunions vivantes, fous rires… Y a pas à dire, le quotidien au travail était nettement plus plaisant quand tout le monde venait tous les jours au bureau. Je ne comprends toujours pas ceux qui préfèrent, à la place de ces beaux moments de détente, faire leur lavage ou magasiner en ligne…» – Anne-Marie

R. – Chère Anne-Marie, il est vrai que la pandémie a changé beaucoup de choses, en particulier notre façon de travailler. Et cela fait nécessairement son lot de satisfaits (meilleur équilibre entre le travail et la vie privée, moins de temps passé en transport entre le domicile et le lieu de travail, etc.) comme son lot d’insatisfaits, comme vous (moins de contacts humains, fatigue Zoom, etc.).

À présent, nombre d’employeurs font des pieds et des mains pour faire revenir les employés au bureau. C’est qu’ils sont convaincus que rien ne vaut les échanges en personne, «gage de performance individuelle comme collective», estiment-ils. À cela s’ajoute le fait que ça les horripile de payer des prix de fou pour des espaces de travail vides, la plupart du temps.

Résultat? La tendance de l’heure est de contraindre les employés à revenir au bureau le plus souvent possible, idéalement 100% du temps. Comme dans le bon vieux temps.

Mais voilà, contraindre un employé à quelque chose qui ne l’enchante guère est-il la meilleure façon d’obtenir son 110%? Je me permets d’en douter fortement…

Alors, que faire? Eh bien, il semble qu’une alternative existe, qui rendrait quasiment tout le monde heureux, employeurs comme employés! Si, si…

Je l’ai dénichée dans un sondage qui a été récemment mené par le cabinet de recrutement Hays en Grande-Bretagne. On y découvre en effet que 62% des quelque 11 000 employés sondés seraient d’accord de travailler 100% du temps au bureau, mais à condition de passer à la semaine de quatre jours!

Autrement dit, l’idée est très simple : employeurs, adoptez la semaine de quatre jours, et vous verrez que la grande majorité de vos employés ne freineront plus des quatre fers pour revenir au bureau. Car le deal sera gagnant-gagnant.

Comment expliquer qu’autant d’employés soient ainsi prêts à tirer un trait sur le télétravail et sur le mode hybride? Le sondage donne plusieurs éléments de réponse :

– 89% des employés estiment que la semaine de quatre jours est bénéfique pour la santé mentale et pour le bien-être.

– 59% d’entre eux considèrent qu’elle est propice à l’efficacité individuelle et à la productivité globale.

– 44% considèrent qu’elle améliore l’image de l’organisation, au point de booster son attractivité auprès des personnes talentueuses à la recherche d’un nouvel emploi.

Ce n’est pas tout.

– 92% de ceux qui bénéficient de la semaine de quatre jours indiquent que la qualité de leur vie personnelle en a été améliorée.

– Et 84%, que cela a eu un impact positif sur leur vie professionnelle.

On le voit bien, des gains aussi conséquents compensent amplement les bémols liés au retour au 100% bureau.

Maintenant, quelle formule de semaine de quatre jours est la plus prisée? Le sondage met au jour le fait qu’il n’y a pas vraiment de formule plus populaire que les autres.

– Dans 38% des cas, personne ne travaille soit le vendredi, soit le lundi. Tout le monde a donc des fins de semaine de trois jours.

– Dans 31% des cas, la journée off varie d’une semaine à l’autre. Bien souvent, le gestionnaire la détermine pour chacun en fonction des impératifs de l’équipe.

– Dans 16% des cas, chacun est libre de prendre la journée qu’il souhaite.

– Enfin, dans 15% des cas, il s’agit de légères variantes des trois formules présentées ci-dessus.

Un dernier point, qui mérite d’être souligné : quand on parle de semaine de quatre jours, on parle de quatre journées de travail d’une durée normale, rémunérées comme cinq (sans coupure de salaire, donc). Il ne s’agit pas d’allonger les journées de travail afin que les travailleurs fassent leurs cinq journées en seulement quatre.

Pour finir, que disent les employeurs de cette alternative? De la possibilité d’un retour au 100% bureau en échange de la semaine de quatre jours? D’emblée, 34% d’entre eux disent qu’ils sont prêts à signer un tel accord. Oui, vous avez bien lu : 1 employeur sur 3 est d’ores et déjà disposé à accepter cet accord! À n’en pas douter, cette proportion irait en grimpant en flèche si jamais des pionniers se lançaient et témoignaient des conséquences positives qui s’ensuivraient pour eux…

Alors, Anne-Marie? Que diriez-vous de la semaine de quatre jours, si jamais cela vous permettait de renouer avec les pauses café et les fous rires avec vos collègues? Embarqueriez-vous? Si tel est le cas, eh bien, je vous invite à faire lire cette chronique à votre gestionnaire. Qui sait? Ça pourrait faire bien des heureux au sein de votre organisation…