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Déconnecter du travail? C’est pas pour demain au Canada!

Olivier Schmouker|Publié le 27 février 2019

Déconnecter du travail? C’est pas pour demain au Canada!

Aujourd'hui, on n'arrive plus à souffler une minute sans son cellulaire... Photo: DR

En France comme en Allemagne, il existe aujourd’hui ce qu’on appelle le «droit à la deconnexion» : un salarié n’est aucunement tenu d’être connecté à ses outils numériques professionnels (cellulaire, ordinateur,…) en dehors de ses heures de travail ; en soirée, la fin de semaine, ou encore en congé, son temps libre lui appartient totalement, son employeur n’a pas le droit d’empièter dessus.

Autrement dit, il ne peut aucunement lui être reproché de ne pas avoir lu le courriel que son boss lui a envoyé à 23h, ni même de ne pas avoir décroché lorsque celui-ci a tenté de l’appeler pour le prier de rentrer de congé une journée plus tôt que prévu. Pis, un manager ou un employeur qui oserait une telle chose pourrait être poursuivi en justice.

La question saute aux yeux : un tel droit pourrait-il prochainement voir le jour chez nous ?

Hum… Vous voulez la réponse ? Vraiment ? OK, la voici : elle est négative. Ce n’est pas demain que cela surviendra au Canada. C’est du moins ce qui ressort clairement d’un sondage effectué par le cabinet-conseil en ressources humaines Robert Half :

– Les 2/3 des dirigeants sont d’accord, mais… Pas moins de 58% des dirigeants d’entreprise spécialisée dans les technologies de l’information (TI) seraient d’accord pour instaurer un droit à la deconnexion chez eux, bien placés qu’ils sont pour savoir qu’il est vital pour la santé physique et psychique de décrocher du travail, en particulier de son aspect numérique. Cela étant, près de la moitié (43%) des salariés interrogés pensent que, dans les faits, leur manager immédiat verrait d’un très mauvais œil l’avènement d’un tel droit ; et donc, ne croient pas une seconde que qu’un tel droit puisse vraiment survenir, un beau jour, dans leur quotidien au travail.

– 1 salarié sur 2 est dubitatif. La moitié (48%) des salariés interrogés pensent que, de toutes façons, ils ne résisteraient pas à la tentation de consulter leurs outils numériques professionnels : ils consulteraient sûrement leurs courriels au moins une fois durant une semaine de congé ; ils écouteraient leur boîte vocale en soirée, sachant qu’un client avait promis d’appeler et ne l’avait pas encore fait lorsqu’ils ont quitté le bureau ; etc.

«Le hic, c’est que le fait de répondre fréquemment à des appels ou à des courriels au-delà des heures normales peut mener au surmenage, à tout le moins déclencher une baisse de la productivité, de la créativité, de l’engagement. Voilà pourquoi les managers devraient être les premiers à encourager leur personnel à définir des périodes de réel «décrochage» et, donc, de «recharge» ; et ce, en prêchant par l’exemple», dit Deborah Bottineau, directrice de district, Toronto, de Robert Half Technology.

Comme quoi, il semble bien que nous soyons tous d’ores et déjà devenus «accros» à nos gadgets électroniques. Mais, fort heureusement, pas de manière irréversible : le sondage montre en effet qu’il serait tout à fait envisageable qu’une poignée de pionniers – issue des 2/3 des dirigeants willing et de la moitié des salariés ouverts à l’idée – tente l’expérience du droit à la deconnexion durant, disons, un mois, voire un trimestre entier.

Ce serait en quelque sorte une opération pilote menée par une équipe un peu plus audacieuse que les autres. Celle-ci témoignerait ensuite de ce que ça a changé, ou pas, dans la vie – au bureau comme à la maison – de chacun. Je suis sûr que si jamais cela se faisait vraiment, ça aurait un effet boule de neige. Pas vous ?

En passant, l’écrivain espagnol Miguel de Cervantès a dit dans L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche : «Ce n’est pas la charge, mais l’excès de charge qui tue la bête».

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