Effets visuels: des milliers d’emplois pourraient être en danger
Catherine Charron|Publié le 04 août 2023«On évalue encore l’impact négatif des grèves si celles-ci devaient dépasser un certain moment. Or, si la grève se poursuit au-delà de la moitié de l’automne, la situation pourrait devenir particulièrement difficile», conclut la dirigeante du BCTQ, Christine Maestracci.
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RHÉVEIL-MATIN. Advenant le cas où les grèves des scénaristes et des acteurs aux États-Unis se poursuivaient au-delà de l’automne 2023, de nombreux emplois pourraient être en danger dans le milieu des effets visuels au Québec, et celui-ci devra faire des pieds et des mains pour garder dans la province les talents qui sont convoités à l’international.
Pour l’instant, «on n’en est pas encore là», précise la PDG du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), Christine Maestracci. Les carnets de commandes des studios qui ont pignon sur rue ici sont en général remplis jusqu’à la fin de l’automne, voire le début de l’hiver.
Et le marché québécois – qui tire tout de même de 90% à 95% de ses revenus de productions internationales – n’est pas le seul qui ressent les conséquences des grèves qui s’éternisent.
Toutefois, les plus de 8000 talents créatifs, dont le salaire moyen avoisine le 85 000$, qui s’y trouvent «sont extrêmement ouverts sur le monde. C’est important que les entreprises les gardent ici», souligne la dirigeante.
Un milieu qui se mobilise
Déjà, et depuis la mi-2022, le milieu des effets visuels au Québec observait une baisse du nombre de tournages, après la frénésie pandémique, et s’attendait à ce que la cadence de production ralentisse, rapporte Christine Maestracci.
«Les compagnies s’y préparaient, mais les grèves retardent de nombreux projets qui étaient dans les cartons ou sur la table à dessin et qui s’en venaient», confirme la dirigeante du BCTQ.
Les productions québécoises ne pourront subvenir aux besoins de l’industrie, n’ayant ni le volume ni les moyens pour nourrir l’écosystème des effets visuels qui compte une quarantaine de studios dans la province. «Les superproductions américaines ont des budgets incommensurables pour les effets visuels et d’animation», souligne-t-elle.
«Pour quelqu’un comme moi qui me trouve aux premières loges pour constater [le manque d’ouvrage à venir], c’est plutôt stressant, confirme Charlene Eberle, productrice et responsable du développement des affaires aux États-Unis, et en Europe pour le studio montréalais Raynault VFX. Tu mets en place des stratégies, tu planifies, mais il y a une cinquantaine d’autres personnes comme toi qui tentent de faire de même.»
«C’est sûr que nos employés voient leurs amis dans d’autres entreprises qui déjà sont sur un horaire réduit, qui perdent leur emploi, ou dont le contrat ne sera pas renouvelé à la fin du projet. Ça crée beaucoup d’incertitude», ajoute sa collègue productrice, Valérie Clément, qui croit que sa boîte est en partie épargnée à cause de sa petite taille.
Christine Maestracci constate que le milieu, qui contribue au bas mot à 2,6 milliards de dollars au PIB de la province, s’organise afin de ne pas trop souffrir des répercussions de ces grèves, «le défi étant de maintenir les opérations pour être près si l’on doit redémarrer la machine […] On aura peut-être des discussions à avoir avec l’ensemble des parties prenantes, mais aussi avec le gouvernement, s’il y a lieu».
Réduire les coûts
La clé semble être de gagner du temps, et faire des économies.
Car même si les grèves prennent bel et bien fin en octobre, date qu’entend circuler Charlene Eberle entre les branches, ça pourrait prendre plusieurs semaines avant que le rythme de production retrouve sa normale.
Aujourd’hui, certains studios demandent par exemple aux employés de passer leur temps de vacances accumulé.
Le temps accordé à la postproduction de certains projets est aussi allongé: puisque les acteurs syndiqués ne participent pas aux campagnes de promotions de leur film ou série, les dates de sortie ont été décalées.
«D’autres vont regarder des formules de travail partagé, ou restructurer leurs équipes. C’est un amalgame de différentes possibilités», explique la Christine Maestracci.
Raynault VFX, bien occupée jusqu’à la fin de l’automne, espère aussi que certains projets gagnent en volume. Pas question pour la PME d’une cinquantaine d’employés de faire des mises à pied, ou même de réduire les salaires, du moins pour le moment. «On n’écarte toutefois aucune alternative», prévient Charlene Eberle.
Pour rassurer ses troupes, l’entreprise fondée en 2011 mise sur la transparence. «On est très ouvert, c’est l’avantage d’être une petite équipe. Il y a peu de politique dans notre manière de communiquer», explique Valérie Clément.
«On évalue encore l’impact négatif des grèves si celles-ci devaient dépasser un certain moment. Or, si la grève se poursuit au-delà de la moitié de l’automne, la situation pourrait devenir particulièrement difficile», conclut la dirigeante du BCTQ.
Advenant le cas où les grèves des scénaristes et des acteurs aux États-Unis se poursuivaient au-delà de l’automne 2023, de nombreux emplois pourraient être en danger dans le milieu des effets visuels au Québec, et celui-ci devra faire des pieds et des mains pour garder dans la province les talents qui sont convoités à l’international.
Pour l’instant, «on n’en est pas encore là», précise la PDG du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), Christine Maestracci. Les carnets de commandes des studios qui ont pignon sur rue ici sont en général remplis jusqu’à la fin de l’automne, voire le début de l’hiver.
Et le marché québécois – qui tire tout de même de 90% à 95% de ses revenus de productions internationales – n’est pas le seul qui ressent les conséquences des grèves qui s’éternisent.
Toutefois, les plus de 8000 talents créatifs, dont le salaire moyen avoisine le 85 000$, qui s’y trouvent «sont extrêmement ouverts sur le monde. C’est important que les entreprises les gardent ici», souligne la dirigeante.
Un milieu qui se mobilise
Déjà, et depuis la mi-2022, le milieu des effets visuels au Québec observait une baisse du nombre de tournages, après la frénésie pandémique, et s’attendait à ce que la cadence de production ralentisse, rapporte Christine Maestracci.
«Les compagnies s’y préparaient, mais les grèves retardent de nombreux projets qui étaient dans les cartons ou sur la table à dessin et qui s’en venaient», confirme la dirigeante du BCTQ.
Les productions québécoises ne pourront subvenir aux besoins de l’industrie, n’ayant ni le volume ni les moyens pour nourrir l’écosystème des effets visuels qui compte une quarantaine de studios dans la province. «Les superproductions américaines ont des budgets incommensurables pour les effets visuels et d’animation», souligne-t-elle.
«Pour quelqu’un comme moi qui me trouve aux premières loges pour constater [le manque d’ouvrage à venir], c’est plutôt stressant, confirme Charlene Eberle, productrice et responsable du développement des affaires aux États-Unis, et en Europe pour le studio montréalais Raynault VFX. Tu mets en place des stratégies, tu planifies, mais il y a une cinquantaine d’autres personnes comme toi qui tentent de faire de même.»
«C’est sûr que nos employés voient leurs amis dans d’autres entreprises qui déjà sont sur un horaire réduit, qui perdent leur emploi, ou dont le contrat ne sera pas renouvelé à la fin du projet. Ça crée beaucoup d’incertitude», ajoute sa collègue productrice, Valérie Clément, qui croit que sa boîte est en partie épargnée à cause de sa petite taille.
Christine Maestracci constate que le milieu, qui contribue au bas mot à 2,6 milliards de dollars au PIB de la province, s’organise afin de ne pas trop souffrir des répercussions de ces grèves, «le défi étant de maintenir les opérations pour être près si l’on doit redémarrer la machine […] On aura peut-être des discussions à avoir avec l’ensemble des parties prenantes, mais aussi avec le gouvernement, s’il y a lieu».
Réduire les coûts
La clé semble être de gagner du temps, et faire des économies.
Car même si les grèves prennent bel et bien fin en octobre, date qu’entend circuler Charlene Eberle entre les branches, ça pourrait prendre plusieurs semaines avant que le rythme de production retrouve sa normale.
Aujourd’hui, certains studios demandent par exemple aux employés de passer leur temps de vacances accumulé.
Le temps accordé à la postproduction de certains projets est aussi allongé: puisque les acteurs syndiqués ne participent pas aux campagnes de promotions de leur film ou série, les dates de sortie ont été décalées.
«D’autres vont regarder des formules de travail partagé, ou restructurer leurs équipes. C’est un amalgame de différentes possibilités», explique la Christine Maestracci.
Raynault VFX, bien occupée jusqu’à la fin de l’automne, espère aussi que certains projets gagnent en volume. Pas question pour la PME d’une cinquantaine d’employés de faire des mises à pied, ou même de réduire les salaires, du moins pour le moment. «On n’écarte toutefois aucune alternative», prévient Charlene Eberle.
Pour rassurer ses troupes, l’entreprise fondée en 2011 mise sur la transparence. «On est très ouvert, c’est l’avantage d’être une petite équipe. Il y a peu de politique dans notre manière de communiquer», explique Valérie Clément.
«On évalue encore l’impact négatif des grèves si celles-ci devaient dépasser un certain moment. Or, si la grève se poursuit au-delà de la moitié de l’automne, la situation pourrait devenir particulièrement difficile», conclut la dirigeante du BCTQ.