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Employés heureux = entreprise performante?

Olivier Schmouker|Publié le 01 avril 2019

Employés heureux = entreprise performante?

Le bonheur, c'est évoluer dans un écosystème épanouissant... Photo: DR

Lorsqu’on est un employeur, il est aujourd’hui de bon ton de dire qu’on se soucie vraiment du bien-être des employés. Et de concrétiser ce serment par différentes sortes de mesures : offrir un rabais à l’inscription à un gym, offrir les services d’un expert en ergonomie, ou encore offrir la possibilité de faire du télétravail une fois par semaine.

Fort bien. Mais tout cela est-il vraiment payant pour l’employeur? Son entreprise en ressort-elle gagnante? Et en particulier, plus performante?

La bonne nouvelle du jour, c’est que j’ai la réponse à cette interrogation. Si, si… Je l’ai dénichée dans une étude intitulée The employee is always right : Employee satisfaction and corporate performance in Brazil et signée par Alexandre Di Miceli da Silveira, professeur de gouvernance à l’École de commerce Alvares-Penteado de São Paulo (Brésil).

Le chercheur a eu accès à une base de données fascinante, celle de Love Mondays, le pendant brésilien du site Web américain Glassdoor, qui permet aux employés et ex-employés d’attribuer anonymement des notes à leurs employeurs. Il s’est ainsi plongé dans 114 000 évaluations effectuées entre 2013 et 2018 concernant les 1 000 plus grandes entreprises du Brésil, et a regardé s’il y avait le moindre lien entre le niveau de satisfaction des employés et la performance financière de leur entreprise.

Résultats? Ils sont sans ambiguïté :

– Bonheur = Performance. Le niveau de satisfaction des employés est «positivement lié» à la performance de l’entreprise. C’est-à-dire que plus les employés sont heureux dans leur quotidien au travail, plus l’entreprise affiche une belle performance financière; et inversement. Ainsi, les calculs du chercheur brésilien montrent que si une entreprise parvenait à passer du 10e percentile (les 10% d’entreprises où les employés sont les moins heureux) au 90e percentile (les 10% d’entreprises où les employés sont les plus heureux), cela lui permettrait d’enregistrer une hausse de son rendement des capitaux propres (RCP) de 6,4 points de pourcentage par an. Ce qui est purement phénoménal : sachant que le RCP médian des 1 000 entreprises considérées était de 8,2%, cela représenterait donc un bond de 78% de son rendement!

– Culture d’entreprise & possibilité d’avancement. Pour évaluer le niveau de satisfaction des employés, quatre critères sont retenus par Love Mondays : la culture d’entreprise, la rémunération, la possibilité d’avancement et l’équilibre travail/vie privée. Or, seulement deux de ces critères sont positivement liés à la performance financière de l’entreprise : la culture d’entreprise et la possibilité d’avancement. C’est ainsi qu’une entreprise qui parviendrait à passer du 10e au 90e percentile concernant ces deux critères-là verrait son RCP progresser de 10,4 points de pourcentage par an.

– Rémunération ≠ Bonheur. Le critère le moins probant est celui de la rémunération, car dans la moitié des cas analysés une hausse individuelle de la rémunération (ex. : prime, intéressement aux profits…) s’est traduite par une baisse du niveau de satisfaction de l’employé concerné, et parfois même (lorsque les employés en question étaient nombreux) par un recul de la performance de l’entreprise.

C’est clair, n’est-ce pas? Qui dit employé heureux dit entreprise florissante. Et qui dit employé heureux dit saine culture d’entreprise et réelle possibilité d’avancement, mais surtout pas «bonne» rémunération.

À partir du moment où un employeur se met à jouer habilement avec les deux leviers de la motivation intrinsèque que sont la culture d’entreprise et la possibilité d’avancement, la voie du succès s’ouvre à lui. Car il permet alors à chacun de s’épanouir, soit de grandir au sein de son écosystème professionnel en harmonie avec les autres, et non pas – comme nous le voyons trop souvent, ici et là – au détriment des autres.

«À noter que les résultats de l’étude montrent qu’il n’y a rien de pire que de miser sur la motivation extrinsèque – en particulier, la politique si commune de la carotte et du bâton –, car cela nuit directement à l’engagement des employés, et par suite à la performance financière de l’entreprise», souligne le chercheur brésilien.

Et d’enfoncer le clou : «En cette période de turbulences économiques, le niveau de satisfaction des employés doit impérativement être considéré par les employeurs comme un avantage compétitif significatif». CQFD.

En passant, le penseur français Blaise Pascal a dit dans ses Pensées : «Le plaisir des grands est de pouvoir faire des heureux».

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