Sans eux, la pénurie de main-d'oeuvre serait bien pire, selon une économiste de RBC. (Photo: 123RF)
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RHÉVEIL-MATIN. Employeurs, vous devriez dire merci à tous les immigrants qui se trouvent sur le marché du travail: bien qu’ils peinent à s’y tailler une place, c’est grâce à eux si l’économie n’a pas été plus mise à mal par les départs massifs à la retraite des dernières années, confirme une économiste de la RBC. Le répit accordé ne sera toutefois que de courte durée.
En effet, depuis le début de 2024, leur taux de participation à la population active dépasse de 2% celui des travailleurs nés au pays.
Le phénomène est encore plus prononcé chez ceux âgés de 55 ans et plus, les immigrants accordant leurs habits de travailleurs bien plus tard que leurs collègues canadiens du même âge. Ils prennent en moyenne leur retraite à 66 ans, indique dans sa note Claire Fan de RBC, alors que les personnes nées au pays tirent plutôt leur révérence à 64 ans.
Ça fait déjà un peu plus d’une dizaine d’années que ce changement de composition de la main-d’œuvre se trame, ajoute l’économiste. Ce déclin coïncide avec le début des vagues de départs à la retraite des Baby Boomers.
2019 a été une année charnière: depuis, le taux de participation des travailleurs immigrants de 55 ans et plus se rapproche du 40%, alors que celui des personnes qui ont vu le jour au Canada du même âge glisse lentement, mais constamment vers le 35%.
Si cette hausse est une bonne nouvelle pour l’économie, gommant en partie les conséquences u changement démographique, elle est peut-être symptomatique d’une précarité plus grande chez les travailleurs nés en dehors des frontières, souligne l’économiste. Les chiffres de Statistique Canada sur lesquels elle s’est basée pour faire ce constat ne lui permettent pas de départir lesquels travaillent encore par obligation, et non par choix.
Une population plus jeune, mais…
Il n’y a pas que les retraites plus tardives des immigrants qui expliquent pourquoi leur taux de participation à la population active se rapproche de celui des personnes nées au pays. Les changements législatifs des 10 dernières années dans les processus de sélection y contribuent, de même que la grande demande pour de la main-d’œuvre – qui leur a ouvert davantage de portes que par le passé – en font partie.
L’âge moyen de la population immigrante est aussi plus bas que celle née au pays.
L’écart de revenu nominal s’estompe aussi, souligne-t-elle. Après le sommet de 2014, où il frôlait le 6%, il a constamment régressé (exception faite de 2019). Il a atteint 1% en 2023. Dans certains secteurs d’activité, toutefois, comme en sciences naturelles et appliquées, ils s’en tirent mieux que leurs collègues qui ont vu le jour au Canada.
Toutefois, «si la pénurie de main-d’œuvre s’est atténuée au cours de l’année écoulée à mesure que l’économie ployait sous le poids des taux d’intérêt élevés, elle devrait réapparaître lorsque la conjoncture se redressera», prévient Claire Fan.
Les employeurs doivent donc s’attendre à ce qu’il soit plus difficile d’embaucher à partir de la deuxième moitié de 2024, soit lorsque l’économie retrouvera de la vigueur après avoir absorbé la commotion des hausses de taux d’intérêt.
D’ici 2035, la population active devrait passer d’environ 65% en 2024 à 63,3%, selon les prévisions de l’économiste, soit le taux le plus bas enregistré depuis la fin des années 1970.
«L’augmentation de la participation des immigrants – qui devraient représenter une part de plus en plus importante de la main-d’œuvre qui diminue – continuera d’atténuer les défis auxquels l’économie est confrontée», conclut-elle.
Télétravailler ou ne pas télétravailler, telle est la question qui cause des émois dans bien des entreprises.
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