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En vérité, seulement 1 PME sur 5 opte pour le télétravail

Olivier Schmouker|Publié le 27 octobre 2020

En vérité, seulement 1 PME sur 5 opte pour le télétravail

Le télétravail est, en fait, une rareté au Québec... (Photo: William Iven pour Unsplash)

BLOGUE. À regarder nombre de médias, il semble que le télétravail soit devenu le quotidien de la très grande majorité des Québécois, que l’on soit même en train de vivre un véritable tournant dans la façon dont on travaille. Certains vont même jusqu’à parler de «révolution managériale». La vérité? Rien n’a changé au Québec, ou presque, à tout le moins aux yeux des propriétaires de PME.

Un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) montre en effet que seulement 1 PME québécoise sur 5 a aujourd’hui adopté le télétravail. Plus précisément, 13% des PME effectuent ainsi «certaines» tâches nécessaires à leur bon fonctionnement et 7%, «la plupart» de ces tâches. À noter que pour 5% des PME, le télétravail était déjà une pratique courante au sein de l’entreprise.

Autrement dit, la COVID-19 n’a pas eu l’effet que l’on croit trop souvent en matière de télétravail. Ce dernier n’est devenu une pratique courante que dans 2% des PME (7% – 5%), et il n’est devenu une réalité épisodique que pour 13% des PME. Ce qui signifie que la très grande majorité des PME – 4 PME sur 5 – ne connaît toujours pas le télétravail.

«Cette pratique ne s’adapte pas à tous les secteurs d’activités, explique François Vincent, vice-président, Québec, de la FCEI. La majorité des PME québécoises (64%) affirment ne pas l’avoir implanté parce que leur modèle d’affaires ne s’y prête tout simplement pas. Ce qui est logique: un garagiste ne peut pas changer des pneus et une coiffeuse ne peut pas couper les cheveux de ses clients par visioconférence.»

Le sondage met au jour le fait que certains secteurs d’activités y ont davantage recours que d’autres. Le podium est ainsi constitué:

1. Les services professionnels. 1 PME sur 2 a recours au télétravail dans ce secteur-là, 25% pour la plupart des tâches et 22% pour certaines d’entre elles.

2. Le commerce de gros. 1 PME sur 3 y a recours, 11% pour la plupart des tâches et 26% pour certaines d’entre elles.

3. La construction. 1 PME sur 3 y a recours, 5% pour la plupart des tâches et 29% pour certaines d’entre elles.

Le hic? C’est que les propriétaires de PME voient énormément de problèmes liés au télétravail. Des problèmes si gigantesques à leurs yeux qu’ils préfèrent carrément renoncer à cette forme de travail:

> Le télétravail nuit à la cohésion d’équipe (53%);

> Il accroît les coûts (39%);

> Il nuit à la communication avec les employés (36%);

> Il nuit à la productivité (34%).

Ce n’est pas tout. Le télétravail présente d’autres graves défauts, toujours aux yeux des propriétaires de PME:

> Le télétravail a impact négatif sur le développement des affaires (49%);

> Il nuit à la supervision des équipes (47%);

> Il nécessite une connexion Internet fiable et à haute vitesse (31%);

> Il complexifie les enjeux en matière de santé et de sécurité au travail (28%).

«Rappelons qu’au Québec 7 PME sur 10 ont moins de 10 employés, indique M. Vincent. Pour elles, il peut être particulièrement complexe et coûteux d’entreprendre un tel virage, à plus forte raison en période de crise sanitaire et économique marquée, pour un grand nombre d’entre elles, par une chute vertigineuse des ventes.»

L’ennui, dans tout ça, c’est que les employés qui ont goûté au télétravail l’ont, eux, adopté. À tel point que nombre de consultants en ressources humaines me signalent, ces temps-ci, que le critère principal des talents d’aujourd’hui est la possibilité de télétravailler. C’est bien simple, l’avenir des PME d’aujourd’hui et de demain matin passe par le télétravail, car les personnes talentueuses se basent avant tout là-dessus pour choisir – ou quitter – leur employeur. Oui, c’est aussi simple que ça.

Un chiffre est révélateur à ce sujet: seulement 14% des Québécois rêvent de remettre quotidiennement les pieds au bureau, d’après une récente étude d’ADP Canada. Tous les autres veulent de la flexibilité quant à leurs lieux et leurs horaires de travail. C’est clair et net.

Que va-t-il donc se passer? Les propriétaires de PME vont-ils continuer de faire la sourde oreille? Et ce faisant, de filer droit dans le mur, en continuant de se plaindre haut et fort de la «pénurie de talents» et «pénurie d’engagement» sans réaliser une seconde qu’il y a peut-être bien plutôt «pénurie de bons employeurs»? Hum… À suivre, de toute évidence.

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