(photo: Riccardo Annandale pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. Nous sommes tous persuadés que nous savons très bien choisir les bonnes questions pour susciter le dialogue et l’interaction positive avec notre interlocuteur.
Eh bien, aussi étonnant que cela puisse paraître, si la majorité des participants à mes camps d’entraînement saisissent facilement ce qu’est une question ouverte, peu savent comment l’appliquer. Dans un exercice que je fais avec eux, ils découvrent qu’en réalité la majorité des questions qu’ils posent comme étant ouvertes, ne le sont pas du tout…
Susciter la collaboration et l’engagement
Pour avoir beaucoup observé les patrons, ceux qui réussissent à allumer l’intelligence collective et à développer la collaboration maîtrisent l’art de la question, en situation de gestion comme en situation d’influence.
La gestion a énormément évolué au cours des dernières décennies, et particulièrement dans les derniers mois. Nous sommes face à une main-d’œuvre de plus en plus scolarisée, mobile, indépendante, et les organisations qui mènent la course sont celles qui poussent encore plus loin la responsabilisation et l’autonomie.
Bien sûr, certaines situations exigent une approche plus directive, mais les leaders qui savent de concert jouer leur rôle de coach, prendre le pouls et susciter la réflexion, amènent leurs équipes plus loin dans l’engagement comme dans l’action.
Comment y arriver?
La manière la plus habile pour s’assurer de la responsabilisation est de pratiquer l’art de poser la bonne question. Une question dont la qualité ne va pas contribuer à contaminer la conversation, mais bien à la faire déboucher sur un échange fructueux.
Ce n’est pas toujours facile, mais la seule façon de faire et de savoir si cela va fonctionner, c’est de pratiquer. Cela ne donnera pas les résultats escomptés dès votre première ou deuxième tentative. Ne concluez pas rapidement que si votre interlocuteur ne saisit pas le sens de votre question, demeure fermé ou sur la défensive, c’est que cette technique vous échappe et qu’elle ne vous convient pas.
Donnez-vous du temps, ne tournez pas le dos, essayez plutôt une autre formulation, tentez de comprendre ce qui achoppe. Cela peut aussi tenir à votre attitude qui n’inspire peut-être pas l’ouverture.
Si cela reste difficile, reformulez votre question, aidez votre interlocuteur à développer et formuler ses idées en évoquant des événements factuels pour le diriger tranquillement vers l’affirmation
Avec le temps et la pratique, vous découvrirez que cela vous apporte des solutions auxquelles vous n’aviez jamais pensé. Vous deviendrez à l’aise et vous pourrez habilement éveiller la participation, l’autonomie et la responsabilisation. Vous arriverez aussi à bâtir votre propre répertoire de questions. Vous y gagnerez en temps et en efficacité. Vos collaborateurs sentiront que vous reconnaissez leurs compétences et leur autonomie, et ils n’hésiteront plus à vous suivre.
Questions pour un leader coach
J’ai la conviction qu’une approche collaborative exige la participation active des deux parties. Si j’ai toujours refusé de présenter l’art de la question comme une recette, je vous propose ici un quatuor d’interrogations qui, introduites avec une attitude de confiance, vont contribuer à responsabiliser votre interlocuteur.
Par exemple : «Maintenant que tu m’as présenté les grandes lignes de ce que tu as à faire…
1. Selon toi, comment on devrait s’y prendre?»
2. Tu as quoi en tête pour rencontrer l’échéancier et qu’est-ce que tu entrevois comme défis pour la mise en œuvre de ton plan?»
3. Comment est-ce que t’envisages de traiter cet enjeu-là, si cela se présente?»
4. Comment je peux te soutenir dans cet élan?»
Cette quatrième question doit bien sûr arriver en dernier. Ainsi, vous avez exploré la question de façon optimale avec votre collaborateur, et en concluant sur une note positive, vous démontrez votre réelle intention d’être là pour aider la personne à réussir dans sa démarche.
Ces questions sont des exemples témoignant du potentiel que recèle cette habileté à développer cette compétence qu’est l’art de la question.
Si vous désirez développer cet art, un des incontournables consiste à aligner vos questions à une intention stratégique comme par exemple responsabiliser, comprendre, convaincre ou pousser la réflexion.
La maîtrise de l’art de la question demeure la voie par excellence pour allumer l’intelligence collective et la marque des vrais leaders.
Si j’ai piqué votre intérêt et si vous souhaitez pratiquer l’art de la question, il se trouve que je viens tout juste de publier un livre sur le sujet, intitulé «L’Art de la question». Ce dernier se veut un guide pratique, un outil indispensable pour susciter l’engagement. (En prime, un répertoire de questions que vous pourrez enrichir et personnaliser!)