Le philosophe d'affaires Anders Indset met l’accent sur la manière dont les dirigeants d'entreprise peuvent relever les défis du 21e siècle. (Photo: courtoisie Anders Indset)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. — «Mon boss vient de me confier un dossier important, ce que j’espérais depuis longtemps. Il me fait enfin confiance, et je veux lui montrer qu’il a eu raison. Le hic? Je fige, je n’arrive pas à m’y mettre, ça me paraît maintenant une montagne impossible à gravir. Comment surmonter cette peur paralysante?» – Lyvia
R. — Chère Lyvia, je pense avoir trouvé ce qu’il vous faut pour arrêter d’avoir peur face à ce qui vous semble un défi colossal. Il vous suffit de recourir aux «micro-ambitions», comme l’explique avec brio Anders Indset dans son tout nouveau livre, «The Viking Code», qu’il a eu la gentillesse de me faire parvenir avant même qu’il ne parte à l’imprimerie. Explication.
Anders Indset est à la fois philosophe des affaires, auteur à succès et ancien joueur de handball de haut niveau. Norvégien, il s’est intéressé à ce qui faisait que nombre de ses compatriotes enregistrent actuellement des performances exceptionnelles dans le sport: Erling Haaland, attaquant vedette de l’équipe de soccer Manchester City; Karsten Warholm, triple champion du monde au 400 mètres haies; Johannes Høsflot Klaebo, médaillé d’or en ski de fond aux Jeux olympiques d’hiver de 2018; Jakob Ingebrigtsen, médaillé d’or au 5 000 mètres des Jeux olympiques de Paris 2024; etc. Et il en est arrivé à la conclusion que tous recouraient, consciemment ou pas, à ce qu’il appelle le «Code Viking».
Le «Code Viking»? Il s’agit d’une culture de la performance particulière en ce sens qu’elle est ancrée dans les valeurs. Pour ces champions norvégiens, la performance n’est pas seulement le fruit de la capacité ou du talent, c’est aussi, et surtout, le fruit d’une volonté. Oui, une volonté tenace et farouche. «On performe quand on le veut vraiment, pas quand on le doit», dit-il.
Et c’est justement là que ça devient intéressant pour vous, Lyvia. Pour performer, il faut le vouloir. Je sais bien que vous le voulez, et pourtant vous figez une fois au pied du mur. Alors? Eh bien, selon l’auteur, les champions norvégiens recourent tous aux «micro-ambitions» afin de réaliser des performances exceptionnelles, d’accomplir ce qui semble dépasser l’entendement. «Ce sont les petits objectifs quotidiens – plus précisément, les «micro-ambitions» – qui ouvrent la voie au succès», indique Anders Indset.
Avec le coach sportif norvégien Marcel Da Cruz, qui est actuellement le préparateur physique du joueur de tennis norvégien Casper Ruud (il y a peu, 2e au classement mondial ATP), l’auteur a réfléchi sur le meilleur moyen d’user des «micro-ambitions». Il en ressort une méthode simple et efficace, applicable par tous, y compris dans le cadre du quotidien au travail.
- Visualisez l’objectif ultime. Pour l’alpiniste, c’est le sommet de la montagne qu’il entend gravir. Pour le sprinteur, c’est la ligne d’arrivée. Pour le travailleur, c’est le dossier qu’il doit mener à bien, ou encore le contrat qu’il doit faire signer à un nouveau partenaire d’affaires.
- Subdivisez le parcours à effectuer jusqu’à l’objectif ultime en différentes étapes. Pour l’alpiniste, ça revient à établir d’avance le positionnement des différents camps, à commencer par le camp de base, où sera entassé tout le matériel nécessaire à l’escalade. Pour le travailleur, ça peut consister à dresser la liste des actions à effectuer, de manière logique: par exemple, mûrir l’offre qui sera faire au nouveau partenaire d’affaires, prendre un premier contact avec lui, s’entretenir avec lui en personne pour lui présenter l’offre, etc.
- Établissez un agenda. Les différentes étapes doivent être inscrites dans un agenda, papier ou numérique, de manière réaliste. Idéalement, des micro-tâches en lien avec chaque étape seront notées pour chaque journée de travail. Cela permet d’avoir un rythme de travail régulier et équilibré.
- Célébrez chaque petite victoire. Chaque fois que vous effectuez un bon coup dans le cadre de l’atteinte de l’objectif ultime, célébrez-le. Vous pouvez même célébrer à la fin de chaque semaine, si jamais vous avez accompli correctement ce qui avait été planifié. «Car ça nourrit la motivation et ça fortifie la bonne attitude», note Anders Indset.
- Veillez à avoir une progression continue. Petite grippe, contact professionnel qui fait défaut, feu à éteindre de toute urgence… Ajustez immédiatement votre agenda en cas d’imprévu, en gardant à l’esprit que la priorité est que celui-ci demeure réaliste et équilibré. L’idée, c’est de continuer malgré tout à cheminer progressivement vers votre objectif ultime, sans virer fou.
- Cherchez du feedback. Êtes-vous toujours sur la bonne voie pour atteindre votre objectif ultime? Vous y prenez-vous de la meilleure façon qui soit? Avez-vous besoin de ressources supplémentaires (temps, argent, etc.) pour être sûr d’y parvenir? Chemin faisant, les interrogations et les doutes ne manqueront pas de vous assaillir. D’où l’intérêt d’avoir un feedback régulier, de la part de votre boss ou d’un collègue en qui vous avez entière confiance. Mine de rien, cela vous sera d’une grande aide.
- Misez sur la collaboration. Chaque fois que cela vous semble pertinent, entourez-vous de collaborateurs. Cela peut être l’avis d’un expert dans un domaine que vous ne maîtrisez pas complètement, un précieux contact fourni par un collègue, ou encore une idée aussi originale qu’intelligente venue d’une connaissance totalement extérieure à votre projet.
- Limitez les distractions. Votre objectif ultime doit demeurer votre priorité absolue jusqu’à ce qu’il soit atteint. Ne vous laissez pas distraire par un autre objectif, par un autre dossier, par une autre lubie. Il faut impérativement vous y tenir, jusqu’au bout. Et chaque fois que vous consacrez une heure ou deux à votre objectif ultime, ne laissez rien vous en distraire: par exemple, coupez les notifications de votre cellulaire, ou bien installez à proximité de votre bureau une affichette temporaire indiquant aux autres «Prière de ne pas me déranger».
- Prévoyez des temps de repos. «En vérité, l’entraînement te brise, c’est le repos qui te permet de croître», indique Marcel Da Cruz. Considérons le cas d’un sportif qui va au gym. À chaque séance, il se donne à fond, il va au maximum de ses capacités, et ce faisant, il envoie un message clair à son cerveau et à son corps: «Hey, j’ai besoin de davantage de muscles et d’endurance, fabrique-moi donc ce qu’il faut pour la séance suivante!». Le cerveau et le corps augmentent alors la masse musculaire et l’endurance. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’athlète ait le corps parfait pour accomplir des exploits. Autrement dit, le repos est la clé de la réussite! Sans lui, on va droit à la démotivation, voire au burn-out; et donc, à l’échec.
Voilà, Lyvia. Adoptez la stratégie des «micro-ambitions», cela devrait vous permettre de démarrer d’un bon pied, et mieux, d’aller jusqu’au bout de votre projet. Ça fonctionne pour les champions norvégiens, la méthode est donc éprouvée. À vous, donc, de vous en inspirer pour, à votre tour, accomplir un exploit.
En passant, si vous souhaitez en savoir plus sur les «micro-ambitions», voire sur l’ensemble du «Code Viking», je vous invite vivement à vous plonger dans le nouveau livre d’Anders Indset, car c’est une mine de précieux conseils pour qui entend performer tout en suivant ses valeurs propres. Il sera disponible en librairie à partir du 24 septembre.