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Et si vous adoptiez le niksen…

Olivier Schmouker|Publié le 08 octobre 2019

Et si vous adoptiez le niksen…

L'art de ne rien faire d'utile... (Photo: Rw Studios/Unsplash)

BLOGUE. Il y a eu le hygge, ce concept danois du bien-être qui consiste à se blottir dans une atmosphère intime et chaleureuse pour se sentir mieux. Puis, le très suédois lagom, qui lui prône la simplicité, le naturel et la modération pour atteindre le juste équilibre dans la vie. Et voici maintenant le niksen, le concept néerlandais qui devrait faire fureur ici, cet automne…

Le niksen? Ce terme vient de «niks», qui signifie «rien». Du coup, «niksen» revient à «ne rien faire», ou, si vous préférez, à «chiller», comme aiment à dire nos chers adolescents. Le niksen, c’est donc l’art de ne rien foutre, de se montrer oisif, de flemmarder, sans complexe ni culpabilité.

Concrètement, on pratique le niksen quand on prend le temps de se plonger dans un bouquin par pur plaisir, et non pas quand on s’évertue à finir «ce foutu roman que tout le monde a adoré et qu’il nous faut impérativement lire nous aussi pour ne pas paraître quétaines». Quand on prend le temps de regarder par la fenêtre sans rien chercher, en laissant l’imprévu nous sauter aux yeux et devenir – qui sait? – l’inattendu, comme le jour où, sans prévenir, une idée géniale vous est venue à l’esprit alors que vous ne faisiez rien de particulier. Ou encore, quand on prend le temps de colorier un mandala, de tricoter ou de faire la vaisselle à la main, la tête ailleurs, nos pensées bondissant d’une idée à l’autre, libres comme l’air.

Bref, pratiquer le niksen, c’est lâcher complètement prise, c’est vagabonder en pensée, c’est se donner le droit de faire tout et n’importe quoi pourvu que ce ne soit en rien productif. À noter qu’il n’a par conséquent rien à voir avec la pleine conscience (mindfulness, en anglais), qui, elle, vise un but précis : se concentrer à fond sur l’instant présent afin d’être en mesure de vivre pleinement celui-ci.

L’intérêt du niksen? Il est multiple, selon différentes études scientifiques:

– Santé. Il est bénéfique pour la santé physique et psychique, car il «diminue l’anxiété», «ralentit le processus de vieillissement» et «fortifie le corps», notamment en le rendant «plus résistant aux microbes», d’après Eve Ekman, une chercheuse en psychologie positive de l’Université de Berkeley, aux États-Unis.

– Créativité. Il favorise l’émergence d’idées neuves, car, même lorsqu’on ne fait rien, notre cerveau ne peut s’empêcher de brasser des idées. Pour vous en convaincre, il vous suffit de considérer toutes les pensées qui vous sont venues le jour où vous avez rêvassé au bureau pendant quelques instants ou celui où vous avez effectué une petite promenade à l’extérieur, sur l’heure du lunch. Une étude pilotée par Jonathan Smallwood, professeur de psychologie à l’Université de York, en Grande-Bretagne, a ainsi montré que le simple fait de laisser son esprit vagabonder permettait de se projeter dans le temps sept fois plus loin que lorsqu’on fait l’effort mental de se concentrer sur notre avenir; paradoxalement, le relâchement cérébral permet d’être plus inspiré.

Pratiquer le niksen, c’est vraiment pas sorcier. Il suffit d’y consacrer quelques minutes par jour, et si possible, une partie d’une de ses soirées de semaine. Cela suffit pour en ressentir tous les bienfaits, d’après ce qu’a confié au magazine Time la coach néerlandaise Carolien Hamming, une adepte du concept.

Une mise en garde, toutefois : il ne faut surtout pas ruminer durant une séance de niksen! Non, il ne faut pas que votre cerveau se mette alors à tourner et retourner en tous sens un souci, un chagrin, une idée noire. Car cela ne ferait qu’aggraver votre anxiété, votre stress, votre mal-être. Si jamais cela se produisait, il conviendrait de mettre aussitôt fin à la séance, ou à tout le moins de lui apporter un changement susceptible de modifier radicalement le cours de vos pensées. Rappelons-le : le but du niksen est de s’alléger, et non pas de s’alourdir…

Voilà. Le niksen a ceci de bien qu’il ne nécessite aucun matériel, ni lieu particulier. Il peut se pratiquer n’importe où, n’importe quand, pourvu qu’on soit seul, au calme. Cela peut se faire une minute (sur un banc public), un quart d’heure (allongé sur le lit), ou plusieurs heures (en forêt). Coupez votre cellulaire, décrochez franchement et le tour sera joué!

En passant, l’homme de lettres français Bernard Pivot a dit dans Remontrance à la ménagère de moins de cinquante ans : «La rêverie vagabonde est nécessaire à une bonne hygiène de vie, à l’équilibre de l’homme dans la bourrasque quotidienne».

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