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Et si vous changiez radicalement vos vendredis…

Olivier Schmouker|Publié le 20 juillet 2023

Et si vous changiez radicalement vos vendredis…

L'idée est d'alléger au maximum la dernière journée de la semaine. (Photo: LinkedIn Sales Solutions pour Unsplash)

MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudisVous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca

Q. – «La semaine de quatre jours, j’en rêve. Mais notre patron ne veut pas en entendre parler. Comment lui prouver que cette innovation managériale présente de nombreux avantages, y compris pour l’entreprise?» – Marie-Ann

R. – Chère Marie-Ann, le mieux pour convaincre quelqu’un qui refuse d’entendre raison, c’est de lui apporter des preuves par l’exemple. Des preuves concrètes. Des preuves solides.

C’est pourquoi j’ai envie de vous suggérer de recourir à une nouvelle tendance qu’on pourrait dénommer le «vendredi cool» (le terme anglais en vigueur est «quiet week-end»).

L’idée est simple: changer vos habitudes du vendredi pour en faire une journée de travail nettement allégée. Car cela montrera par l’exemple qu’on peut aisément lever le pied le vendredi sans pour autant nuire à sa productivité. Regardons ça ensemble.

Pour commencer, prenez votre agenda. Déplacez tous vos rendez-vous du vendredi à d’autres moments de la semaine. Ne faites aucune exception à ce sujet.

Puis, faites-en tout autant avec vos réunions, aussi importantes soient-elles. Bien entendu, c’est plus facile à dire qu’à faire, car cela implique les autres participants. Un bon moyen d’y parvenir consiste à rencontrer l’organisateur habituel pour lui dire que cela ferait votre affaire que celle-ci ait lieu un autre jour de la semaine (appuyez-vous alors sur un motif valable) et que cela ferait également l’affaire d’autres participants (là encore, trouvez un motif pertinent).

À partir du moment où vous aurez supprimé tous vos rendez-vous et toutes vos réunions du vendredi, vous verrez que votre dernière journée de la semaine sera nettement allégée. Mais ça ne sera pas encore suffisant pour avoir l’âme en paix toute cette journée-là.

Toujours à l’aide de votre agenda, déplacez les tâches importantes que vous faisiez le vendredi à un autre jour de la semaine. Par exemple, en début de semaine, quand vous êtes frais et dispo. D’ailleurs, fixez au lundi la ou les tâches qui vous font souvent procrastiner et que vous vous retrouviez à devoir boucler en vitesse le vendredi. Comme ça, vous serez contraint de vous y atteler dès que vous remettrez le collier, et ce sera ainsi vite réglé.

Résultat? Vos n’aurez plus qu’à effectuer de «petites» tâches le vendredi. Vous connaîtrez enfin ce qu’est un «vendredi cool». Cela vous donnera l’impression d’avoir quasiment une fin de semaine de trois jours, comme ça se produit pour nombre de travailleurs qui bénéficient de la semaine de quatre jours.

Maintenant, un dernier point, crucial: Marie-Ann, je vous déconseille vivement de tenter l’expérience du «vendredi cool» en cachette. Car les autres, en particulier votre boss, risquent fort d’avoir l’impression que vous vous tournez les pouces ce jour-là, et ça les fâchera. Non, ce qu’il faut, c’est en parler au préalable à votre gestionnaire immédiat. Faites-lui lire cette chronique, présentez-lui les avantages que cela représente pour vous et promettez-lui de lui présenter les preuves de vos «gains» grâce au «vendredi cool» (une productivité similaire, si ce n’est améliorée; un meilleur bien-être au travail; des relations plus détendues avec les collègues, les partenaires et les clients; etc.). Obtenez le «go» de sa part, touchez-en deux mots aux membres de votre équipe, et le tour sera joué!

À noter que si vous tenez mordicus à la semaine de quatre jours, vous pourrez lui présenter le rapport de votre expérience après une période de, disons, six ou neuf mois. Celui-ci lui devrait lui apporter les éléments nécessaires pour revoir sa position, voire changer d’opinion. Enfin, je vous le souhaite.

En passant, l’écrivaine québécoise Monique Corriveau a dit dans «Compagnon du soleil»: «L’habitude aveugle, sourde et muette affadit la conscience».