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Faciliter la transformation numérique

Emilie Laperrière|19 juin 2024

Faciliter la transformation numérique

(Photo: Adobe Stock)

COACHING ET FORMATION. Innovation, télétravail, maturité numérique et intelligence artificielle : tel un phare dans la nuit, les coachs aident les dirigeants déboussolés à naviguer parmi tous ces nouveaux enjeux. Deux experts expliquent comment.

Même si la pandémie a profondément bouleversé le monde du travail, l’accompagnement en transformation numérique existait bien avant la crise, remarque la consultante, coach et formatrice Annie Chénier.  

« Il fallait déjà se questionner sur les modèles hybrides de travail pour faciliter les processus et faire preuve d’ouverture envers les nouvelles générations. Il y a cinq ans, on parlait de la chaîne de blocs. Avant, c’était les réseaux sociaux », illustre celle qui a aussi fondé Cpour.ca, une entreprise qui guide les organisations dans leur transformation, leur stratégie et leurs communications numériques.

Selon elle, toutes ces vagues ont amené les dirigeants à réfléchir au fil des ans à la transformation numérique de leur entreprise. La pandémie a en quelque sorte servi d’électrochoc pour accélérer la cadence.

Reste que les gestionnaires ont encore beaucoup de défis à relever en 2024, comme le souligne Martin Vallée, fondateur de Synaps — Connectivité humaine. « L’intelligence artificielle qui se développe à vitesse grand V, le télétravail et la transformation numérique ont augmenté le stress dans les organisations », constate-t-il. Gérer des équipes où se mêlent baby-boomers, milléniaux et représentations de la génération Z n’est pas non plus une mince affaire. 

Il ajoute que les compétences humaines qui étaient requises il y a six ou sept ans ne sont plus les mêmes aujourd’hui. « Le coaching, que je préfère nommer accompagnement, est en demande parce que les besoins sont multiples. L’investissement en la matière a d’ailleurs dupliqué. »

Définir ses besoins

L’approche Synaps rassemble différentes parties : l’organisation, le supérieur du gestionnaire et le gestionnaire en question. Pour Martin Vallée, la définition des besoins est à la base d’une démarche d’accompagnement, que ce soit pour l’intelligence artificielle ou pour le travail à distance.

« On demande d’abord quelles sont les stratégies de l’entreprise, explique-t-il. Ensuite, on s’assure que la personne qu’on accompagne va créer de la valeur pour l’ensemble de l’organisation, mais aussi qu’elle a les compétences humaines et techniques pour réaliser l’objectif. Si elle veut grandir, la compagnie doit absolument clarifier les attentes. »

Martin Vallée mise à la fois sur les forces et les défis du gestionnaire. « On table en premier sur les forces, parce que ça donne de l’énergie. Après, on va travailler sur les éléments à améliorer. » 

Celui qui a accompagné pendant plus de 20 ans des centaines d’organisations, de la PME jusqu’à la multinationale, rappelle qu’une entreprise ne pourra jamais aller à la même vitesse que l’intelligence artificielle ou les technologies. « L’adaptation des stratégies en temps réel demeure un défi. »  

Se recadrer

Annie Chénier réalise pour sa part que les demandes en coaching changent, après quatre ans à gérer dans l’urgence. « Les chefs d’entreprise sont bombardés de mots à la mode comme agilité, innovation ou maturité numérique, dit-elle. Ils sont un peu perdus. »

Alors que la demande était très centrée sur la technologie il y a quelques années, la coach fait aujourd’hui surtout ce qu’elle appelle du recadrage. « Les gestionnaires ont géré le changement et leur transformation numérique comme jamais auparavant pendant la pandémie », estime Annie Chénier, qui suit parfois ses clients pendant plusieurs années. 

Aujourd’hui, elle constate qu’ils ont besoin de prendre un pas de recul, de trouver leurs priorités, de savoir où ils s’en vont et ce qu’ils font avec l’essoufflement du personnel, qui n’est « plus capable des webinaires et autres formations en numérique ».

Ces leaders, qui cherchent par exemple comment intégrer l’IA à leurs processus ou à mobiliser leurs équipes à distance, veulent de l’aide concrète. « J’ai une approche terrain, centrée sur l’humain, sur le suivi des équipes. Je suis là pour offrir un apport à la réflexion numérique, en fonction des besoins. » 

Annie Chénier estime que la meilleure solution à ces hésitations réside dans la mission première de l’entreprise. « Plusieurs organismes ont dû adapter ou carrément changer leur modèle d’affaires pendant la COVID. Par exemple, dans le monde de la restauration, de grands restaurants ont ouvert une cantine. Ils doivent maintenant décider s’ils recentrent ou non leur mission sur leurs valeurs. » 

Selon elle, le coaching en transformation numérique permet surtout aux gestionnaires de ne pas se sentir seuls. « Les chefs de PME sont souvent tenaillés entre les attentes du conseil d’administration et celles des employés, croit Annie Chénier. Ils ont besoin de discuter avec quelqu’un de neutre, qui ne s’immisce pas dans les décisions de l’entreprise. Je peux les écouter, les challenger en ce qui concerne les étapes pour atteindre les objectifs. »