Cette pratique gagne des adeptes en pleine pénurie de main-d'oeuvre. (Photo: Charles Deluvio pour Unsplash)
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RHÉVEIL-MATIN. Bien que leur taux de diplomation soit en hausse et qu’ils participent à la même hauteur que les allochtones au marché du travail, les jeunes issus des communautés inuites, métisses et des Premières Nations ne s’y sentent toujours pas à leur place.
C’est ce qu’indique le deuxième volume de la série du Centre pour l’avenir du Canada réalisée par Deloitte, un rapport qui met en lumière les solutions que les jeunes autochtones proposent pour accélérer «la réconciliation dans le contexte de l’enseignement supérieur et de l’accès rapide à l’emploi.»
De nombreuses embûches parsèment leur chemin, d’après les 111 entrevues réalisées avec des participants à la Semaine de défense de la jeunesse autochtone 2022 d’Échanges Racines canadiennes.
Ces personnes sont encore affligées par des préjugées et du racisme, et vivent de l’inconfort dans les processus de recrutement qui «demeurent fondamentalement enracinés dans les normes coloniales», est-il écrit dans le rapport d’une trentaine de pages.
Ça se traduit notamment par une dévalorisation de leurs expériences qui diffèrent des cursus scolaires traditionnels, ou encore par le fait que ces jeunes n’ont pas accès à toutes les offres d’emploi, car nombre d’entre elles circulent sur des réseaux informels desquels ils ne font pas partie.
De plus, certains jeunes indiquent ne pas avoir les compétences pour effectuer des recherches d’emplois dans les milieux blancs.
«Ils ont besoin d’accompagnement, de modèles, d’être inclut dans nos processus plus coloniaux, dit Anne-Marie Ethier, membre de la Première Nation Kitigan Zibi et associée en audit et certification chez Deloitte. Il faut retravailler l’expérience de recrutement.»
La clé, c’est de créer des ponts entre les jeunes issus de ces communautés et le milieu des affaires, pour qu’ils s’y sentent à leur place. Les entreprises peuvent par exemple parrainer des groupes d’étudiants, offrir des stages adaptés ou des bourses d’études dédiées aux Autochtones, ou encore créer des activités de recrutement davantage inclusives.
«Il faut aller vers ces étudiants quand ils sont sur le point d’entrer sur le marché du travail, souligne la membre du Comité leadership autochtone de Deloitte. Si ce ne sont pas des étudiants [on doit se demander] comment fait-on pour reconnaitre leur expérience autrement.»
Ça signifie entre autres de bâtir des offres d’emplois qui mettent en lumière les compétences recherchées chez un candidat plutôt que des «exigences minimales d’éducation».
Les entreprises doivent être proactives pour que le marché de l’emploi, mais aussi les milieux de travail, respectent l’identité des Inuits, des Métis et des Premières Nations.
Même après l’embauche, «on sait que les jeunes continuent de rencontrer des obstacles, de souffrir et de ne pas se sentir en sécurité. Ils doivent être valorisés, aspirer à des promotions, être accompagnés, mais aussi avoir des modèles de leader auxquels ils peuvent se référer», estime Anne-Marie Ethier.
Réconciliation en entreprise
Pourtant, un seul employeur sur quatre a mis en place des stratégies pour créer des liens avec les communautés autochtones au Canada et rendre, d’après une étude menée auprès de 500 grandes et moyennes entreprises, rapporte Deloitte.
Pour entamer cette démarche de réconciliation, tout part de l’éducation, croit l’associée.
«Les leaders doivent être sensibilisés et éduqués. Il faut qu’il y ait des ajustements aux politiques en place. On doit aussi aller chercher de l’aide auprès d’organismes reconnus, capables de créer des politiques plus inclusives avec les autochtones.»
Deloitte, par exemple, «offre la formation “Les 4 saisons de la réconciliation” gratuitement à nos employés, leur famille et leurs amis.»
En mettant de l’avant toutes les initiatives pour créer un environnement davantage inclusif, ça contribuera aussi à rendre le processus de recrutement plus attrayant pour les Autochtones.
Pour y arriver, encore faut-il les écouter, et les impliquer pour adapter le marché du travail.