Chaque génération a dû faire preuve de beaucoup de courage pour relever ses défis. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Lorsque je me suis retrouvée pour la première fois devant la famille Girard, je me suis rendu compte assez rapidement que j’avais affaire à un clan tissé serré.
Si j’appelle la famille Girard «la famille parfaite», c’est pour une excellente raison. Avant que la première génération prenne sa retraite en 2020, les membres de trois générations travaillaient ensemble. Et tout ce beau monde partage les mêmes valeurs, marche dans la même direction pour faire progresser l’entreprise et éprouve de l’admiration les uns pour les autres.
Comme toutes les familles en affaires, la famille Girard faisait face à certains défis. Rien d’insurmontable, mais elle avait besoin d’un coup de pouce externe pour y voir un peu plus clair et trouver des solutions satisfaisantes pour tout le monde.
Avant d’aller plus loin, voici le génogramme qui vous aidera à mieux comprendre la suite de mon texte.
Génération |
Rôle |
Noms |
Génération 1 |
Fondateurs |
Monique et François |
Génération 2 |
Enfants des fondateurs |
Julie et Serge |
Génération 3 |
Petits-enfants des fondateurs |
Laurence, Gabriel et Myriam |
Aaaaaah! Les non-dits.
Qu’est-ce qui arrive quand…
— Julie et Serge ne veulent pas que leurs enfants reproduisent certaines de leurs erreurs qui leur ont coûté cher sur le plan personnel?
— Les petits-enfants veulent prendre plus de responsabilités sans avoir l’air de vouloir tasser leurs parents et grands-parents?
— C’est difficile de trouver le bon moment et la bonne façon d’aborder des sujets sensibles?
Les non-dits s’accumulent. Après tout, qui voudrait décevoir son grand-père, faire de la peine à sa mère ou créer une chicane avec sa fille? Personne.
Résultats? Un certain malaise apparaît et les incompréhensions grandissent.
Une famille unie et bien intentionnée
Chaque génération a vécu un défi différent. Le défi de la première génération, c’est d’avoir travaillé d’arrache-pied pour bâtir, à partir de zéro, une entreprise composée de plusieurs magasins. Le défi de la deuxième génération a été de soutenir ses parents dans une croissance soutenue et de gérer des valeurs différentes de celles du reste de la fratrie. Enfin, le défi de la troisième génération consiste à assurer la continuité de l’entreprise florissante tout en tendant vers une vie plus équilibrée.
On peut comprendre que chaque génération a dû faire preuve de beaucoup de courage pour relever ses défis.
Du courage, ils en ont aussi eu besoin pour adresser délicatement les non-dits qui s’étaient accumulés. Du courage pour partager un commentaire ou un doute. Du courage pour entendre le commentaire ou le doute… surtout quand chacun a l’impression de donner son 110%.
«Ce n’est pas toujours une sortie ensoleillée en pédalo quand tu t’embarques avec Sylvie. Mais quand on fait preuve de courage pour diminuer les non-dits, ça laisse place à une saine communication.» Serge
«Ce n’est pas toujours facile de trouver les bons mots pour s’exprimer, surtout quand ça touche un sujet sensible. Quand nous osons, nous avons des discussions authentiques. On avait déjà du plaisir à travailler ensemble… on en a encore plus qu’avant.» Myriam
Le cadre de gouvernance: pour se comprendre encore plus
Le cadre de gouvernance est formé de trois instances: le comité consultatif, le comité exécutif et le conseil de famille. Son but? Préciser les rôles et responsabilités de tous dans chacune des instances, établir un code de conduite qui dicte ce qui est acceptable ou non, définir le processus décisionnel et concevoir un plan stratégique.
«Le cadre de gouvernance, c’est rassurant. Cette structure, c’est notre filet de sécurité. Tout est mis en place pour éviter les conflits et réagir en cas de désaccord.» Gabriel
Vous comprendrez qu’il ne s’agit pas d’un processus expéditif. Cela fait maintenant deux ans que j’accompagne la famille Girard, à raison d’une ou deux journées par mois. Jusqu’à maintenant, nous avons créé le comité consultatif, qui est formé des propriétaires de l’entreprise, qui compte 6 commerces dans le domaine de l’alimentation.
Et puis, nous avons mis en place le comité exécutif, composé des gestionnaires. Quand nous aurons terminé cette étape, nous pourrons passer au conseil de famille. Vous voyez, nous procédons étape par étape, sans brusquer les choses, pour que tous évoluent dans le même sens, à un rythme qui leur convient.
«Avant, mon frère Gabriel, ma cousine Myriam et moi, on travaillait fort, mais on n’avait pas l’occasion de discuter et de s’arrimer sur une vision commune de l’entreprise. Aujourd’hui, on est plus solide dans nos rôles et on sent que nos parents nous font pleinement confiance. Ils sont beaucoup plus présents pour nous coacher et nous transmettre leurs connaissances.» Laurence
Je laisse le mot de la fin à Julie qui vous explique les raisons qui ont amené sa famille à me contacter: «On savait qu’on avait besoin de discuter et de mieux se comprendre pour avoir plus de plaisir à travailler ensemble, mais on ne savait pas comment y arriver. On avait fait quelques tentatives avant, sans trop de succès. Ça nous a pris un certain temps avant d’embarquer dans l’aventure avec Sylvie parce que ça nous faisait peur… et on courait après notre temps. On passe nos journées, nos semaines à courir à gauche et à droite. Alors si on avait attendu le bon moment, il ne serait jamais arrivé. On s’est accordé du temps pour prioriser la famille et assurer la pérennité de l’entreprise familiale qu’on chérit tous. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, on est fier de notre parcours. On sait que nous pouvons aborder des sujets sensibles parce que nous avons ce qu’il faut pour bien les adresser.»