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Faites du syndrome de l’imposteur un allié pour progresser

Claudine Bergeron|Publié le 01 juin 2023

Faites du syndrome de l’imposteur un allié pour progresser

«Il ne faut pas donner une importance démesurée à la confiance en soi. Celle-ci n’est jamais acquise à 100 %.» (Photo: 123RF)

EXPERTE INVITÉE. Ce cher syndrome de l’imposteur! Très peu de gens y échappent, car on traverse toutes et tous des périodes dans nos vies où on se sent moins adéquat(e), moins pertinent(e) pour relever les défis auxquels nous sommes confronté(e)s. Et cela, qu’ils soient de nature professionnelle ou personnelle.

Lorsque cela survient, le doute s’installe en nous et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, nous voilà potentiellement sujet(te) au syndrome de l’imposteur. Le principal problème avec cet étrange syndrome multiforme, est qu’on le voit trop souvent – sinon toujours – comme un étouffoir, une affection déstabilisante qui nous fait nous remettre en question et nous amène à nous replier sur la défensive par crainte de décevoir, de ne pas être à la hauteur.

On s’est tellement fait parler négativement du syndrome de l’imposteur qu’on en est venus à ne l’associer qu’à des fins néfastes alors qu’il peut être un formidable allié pour aller de l’avant. Encore faut-il le percevoir différemment pour que ce soit le cas!

 

Comprendre les causes plutôt que nourrir les craintes

Quand le syndrome apparaît-il dans nos vies? Habituellement, lorsqu’on fait face à un nouveau défi pour lequel on se questionne quant à savoir si on a les connaissances et les compétences requises pour le relever. Si ce questionnement est normal, voire même sain, il ne devrait pas être une fin en soi.

D’ailleurs, lorsqu’on analyse les choses dans une perspective plus large, ce type de situation est fondamentalement un signal qu’on arrive à la croisée des chemins où on est appelé(e) à faire un choix : foncer ou non.

Choisir de foncer, malgré le syndrome de l’imposteur et toutes les insécurités légitimes qui peuvent accompagner tout saut dans un nouveau terrain, c’est décider de se développer, de prendre de l’expansion, d’élever son jeu pour faire un pas en avant et repousser ses frontières.

Lorsque le syndrome de l’imposteur surgit dans notre esprit, il importe toutefois de réaliser qu’on ne devient pas tout d’un coup « inadéquat » dans tous les aspects de nos capacités et compétences.

Il faut donc commencer par déterminer quelle partie de nous est affectée par le sentiment de doute qui nous envahit. De là, on peut identifier où et pourquoi le bât blesse et prendre les mesures qui s’imposent pour remédier à la situation. Ce faisant, l’apparition du syndrome de l’imposteur devient alors un signal pour nous améliorer.

Vous avez des lacunes dans un domaine qui vous font douter de votre capacité à relever un défi? Voilà une occasion de suivre une formation pour pallier la situation et mieux vous outiller afin de nourrir votre confiance en vous, plutôt que le doute, et relever le défi auquel vous faites face.

Il ne faut pas donner une importance démesurée à la confiance en soi. Celle-ci n’est jamais acquise à 100 %. Chaque fois qu’on se développe, qu’on plonge dans un nouvel environnement, ça bouscule, déstabilise, insécurise. Mais ça ne devrait pas nous paralyser.

Même les personnes qui semblent avoir une confiance à toute épreuve ont leur moment de doute. Au cours de ma pratique, je n’ai jamais rencontré un(e) leader qui n’en avait jamais connu dans sa vie.

Ce qui distingue les leaders inspirant(e)s, c’est que ces personnes compensent leur doute par de l’audace et prennent les moyens pour aborder les choses sous leur aspect stimulant plutôt que sous leur aspect paralysant. Elles retroussent leurs manches, ciblent les retombées positives potentielles de la situation et passent à l’action pour arriver à leurs fins.

 

Éviter le piège de la comparaison

Il ne manque pas d’options pour nourrir le syndrome de l’imposteur, à commencer par le manque d’expérience, de connaissances ou de compétences. Le jeu des comparaisons en est une autre qui peut avoir une incidence négative sur ledit syndrome. Et trop souvent à tort, à cause de mauvaises comparaisons.

Lorsqu’une personne se fait offrir une promotion et se demande si elle a les atouts pour le poste, il y a de bonnes chances qu’elle se compare à des collègues occupant un poste similaire pour évaluer ses capacités à réussir.

Le hic, c’est que ce type de comparaisons est presque toujours fait avec des collègues expérimenté(e)s qui ont eu le temps de faire leurs classes, d’apprendre et maîtriser leurs fonctions pour faire leur marque et offrir leur rendement actuel. Inutile de dire que cela ne fait que nourrir le doute puisque ces comparaisons sont totalement injustifiées.

La comparaison pertinente serait de se mesurer aux collègues lorsqu’ils ou elles ont commencé leurs nouvelles fonctions. Pour cela, il suffit de les aborder afin de partager ses propres doutes, leur demander comment les choses se sont passées à leur début au poste et solliciter leur conseil.

La plupart du temps, ces collègues auront vécu les mêmes doutes et leurs parcours réels auront un effet stimulant sur notre propre quête au lieu de l’affecter négativement du fait d’une comparaison injustifiée et toutes les fausses perceptions et impressions qu’elle peut engendrer.

C’est une chose d’admirer les réalisations d’une personne pour s’inspirer, c’en est une autre de se comparer à elle de façon injustifiée pour évaluer notre propre capacité à relever un défi.

Parallèlement, il faut bien sûr aussi se regarder dans le miroir froidement et se demander si on se sent apte à relever le défi qui nous est proposé, si on possède assez de compétences pour y arriver et si on peut agir pour pallier celles qui nous manquent. Dans l’affirmative, on a alors tout ce qu’il faut pour oser foncer, peu importe les vertiges qui nous habitent.

Il y aura toujours des situations qui feront surgir en nous le syndrome de l’imposteur. Pour s’en faire un allié, il suffit de le voir comme une espèce d’alerte qui nous secoue afin de nous inciter à aller de l’avant pour entreprendre avec élan tous les défis que nous sommes capables de relever. Même – et surtout en fait – lorsqu’ils viennent avec leur lot de vertiges, car ce sont habituellement ces défis qui nous font faire les pas dont nous sommes les plus fiers. Et cela, soyez en assuré(e), n’aura jamais rien d’une imposture!