Fatigué au travail? Voici comment retrouver une énergie folle!
Olivier Schmouker|Publié le 09 mars 2020Soudain, la vie est belle... (Photo: Mwangi Gatheca/Unsplash)
BLOGUE. La semaine de relâche vient de se terminer. Et vous vous sentez un peu mieux, oui, un peu mieux au travail : plus calme, plus détendu, plus reposé. Mais c’est tout.
Avez-vous franchement gagné en énergie grâce à cette petite période de congé ? Vous sentez-vous maintenant capable de donner votre 110% durant les prochains jours, voire les prochaines semaines ? Bouillonnez-vous de toutes nouvelles idées ? De tous nouveaux projets ? De rêves tout neufs, tout beaux ? Hum, pas sûr…
Comment cela se fait-il ? La réponse est simple : vous n’avez pas su faire une vraie coupure du travail. C’est aussi bête que ça.
Je peux l’affirmer parce que je suis tombé sur un vieux billet de blogue d’Olivier Oullier sur le sujet, un billet lumineux à cet égard, un billet que – vous me connaissez – je vais me faire un plaisir de partager avec vous…
Olivier Oullier ? Il s’agit d’un type extraordinaire : professeur de sciences du cerveau et du comportement à l’Université d’Aix-Marseille (France), ce Français est également à la tête d’Emotiv, une start-up d’Atlanta (États-Unis) spécialisée dans la collecte et l’analyse de données issues du cerveau humain. Tout ce qui touche nos pensées les plus profondes – et leur impact sur notre quotidien – l’intéresse passionnément, et c’est ce qui l’a amené à se pencher sur le besoin que, vous et moi, nous avons de couper mentalement et physiquement de nos activités liées au travail. Un besoin viscéral que, pourtant, nous refusons de considérer véritablement, ce qui nous mène droit à la fatigue professionnelle, voire au burn-out. Regardons ça ensemble…
En 2018, M. Oullier regardait d’un œil distrait la conférence de presse que donnaient ensemble à Abu Dhabi les trois champions de F1 qui venaient d’accéder au podium final de la saison, soit Lewis Hamilton, Sebastian Vettel et Max Verstappen. Quand une question des journalistes a attiré son attention : «Qu’allez-vous faire des 112 jours qui vous séparent de la première course de la prochaine saison ?», a lancé l’un d’eux.
«Je vais passer du temps avec ma sœur, avec les enfants, avec ma maman et avec mon papa», a dit Hamilton, en soulignant que «les saisons de course allongeant de plus en plus, cette période de break devenait de plus en plus importante».
Et Verstappen d’abonder dans le même sens : «J’ai très hâte de pouvoir enfin passer du bon temps avec mes chums».
C’est que le sujet abordé résonnait avec une étude que venait de dévoiler Hintsa Performance, une entreprise suisse de services de coaching dont il a rejoint le conseil scientifique depuis quelques années. Celle-ci montrait qu’«un temps de pause et de récupération bien géré permet de réduire considérablement la fatigue professionnelle». Et que cela se vérifiait surtout auprès des personnes «hautement performantes», grâce notamment à «une amélioration significative de l’humeur et des capacités cognitives».
Qu’entend-on, au juste, par un break «bien géré» ? «S’il est essentiel que nous prenions le temps de nous arrêter et de nous reposer, cela ne signifie pas pour autant qu’il nous faut ne plus rien faire du tout, note M. Oullier. Prendre le temps de récupérer et de se préparer à de nouveaux défis n’est pas un processus sans effort. Loin de là. Il convient de réunir certaines conditions précises pour que la récupération soit optimale.»
Ces conditions, les voici :
– Une coupure sociale. «Un congé réussi nécessite de se détacher complètement du travail, explique-t-il. Il nous faut donc changer d’environnement social.» Il s’agit ici de ne plus avoir le moindre contact avec les collègues, encore moins avec le boss, que ce soit dans le réel (ex.: prendre un verre ensemble, une fin d’après-midi) comme dans le virtuel (ex.: passer un coup de fil ou envoyer un courriel).
– Une coupure géographique. «Changer son environnement géographique est également bénéfique, poursuit-il. Les avantages cognitifs de profiter pleinement de la nature sont largement documentés. Ainsi, une étude signée par des chercheurs de l’Université de l’Illinois et de l’Université de Hong Kong a montré que les gains en matière de performance cognitive résultant du temps passé entouré de verdure sont annulés si les sujets utilisent un gadget électronique en même temps.»
– Une coupure temporelle. «Être maître de son emploi du temps est un autre facteur crucial, indique-t-il. Le temps libre doit nous permettre de redécouvrir des passe-temps épanouissants ou des activités qui marquent une rupture totale avec notre vie professionnelle.» Vettel, à cet égard, a déclaré lors de la conférence de presse qu’il allait «faire des choses pour lesquelles [il n’avait] pas beaucoup de temps : du bricolage, quelques réparations à la maison».
Pour illustrer l’importance vitale de ces trois coupures, Olivier Oullier – qui, soit dit en passant, a lui-même un véritable talent de DJ – évoque le documentaire Avicii : True stories, qui porte sur le DJ superstar qui est décédé en 2018 à l’âge de 28 ans, dépressif, à bout de forces.
C’est qu’Avicii avait été sur la route pendant huit années sans discontinuer, présentant un peu partout sur la planète des centaines et des centaines de spectacles. «Au bout de quatre années de ce style de vie là, je ne savais plus où j’en étais. Quand je rentrais chez moi, je ne me sentais plus chez moi», avait-il déclaré peu de temps avant son brutal décès.
«David Guetta, une star française de la musique électronique qui collaborait parfois avec Avicii, a dit que ce dernier ne savait pas dire «non» au travail, raconte M. Oullier. Il a ajouté que la mort d’Avicii avait été pour lui un signal d’alarme et qu’il s’était fait depuis un devoir de passer beaucoup de temps à la maison, avec sa famille et ses amis.»
Et d’ajouter : «La leçon que nous pouvons en tirer – que vous soyez un pilote de course de renommée mondiale, un DJ ou quelqu’un qui tient tout simplement à concilier vie personnelle et vie professionnelle – est que décompresser et recharger nos batteries peut nous sembler superflu, mais c’est là, en vérité, le meilleur investissement de notre temps qu’il nous est possible de faire. Le meilleur.»
Bref, prochaine fin de semaine, ou mieux, prochaine période de vacances, planifiez vos trois coupures. Les coupures sociale, géographique et temporelle. Car cela va vous permettre de vraiment décrocher, et par suite, de retrouver une toute nouvelle énergie à votre retour au travail. C’est aussi simple que ça.
En passant, l’écrivain français Marcel Achard aimait à dire, pince-sans-rire : «J’ai trop d’énergie pour travailler».
*****
Découvrez mes précédents billets
Mon groupe LinkedIn
Ma page Facebook
Mon compte Twitter
Et mon dernier livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement