Flexibilité et retour au bureau peuvent aller de pair
Catherine Charron|Mis à jour le 30 octobre 2024En plus d’être à l’écoute des différents besoins des employés et de s’ajuster en conséquence, l’entreprise doit rappeler quelle est la valeur ajoutée du présentiel sur la prestation de services. (Photo: 123RF)
FLEX TON TRAVAIL. «Qu’est-ce qui ferait en sorte que tu aurais [réellement] envie de venir au bureau?» – Pascale Turpin
Offrir à ses employés une organisation du travail flexible n’est pas incompatible avec le souhait de les revoir plus souvent fouler le sol du bureau, estime Marianne Lemay, fondatrice de l’agence de services-conseils Kolegz. Cette question d’une lectrice est un bon point de départ pour bâtir une stratégie, afin de convaincre sans pour autant contraindre les employés à se déplacer.
Certes, reconnaît la consultante, un tel coup de sonde peut sembler contre-productif auprès des télétravailleurs endurcis. Face à ce public a priori moins réceptif, elle suggère d’éviter les questions ouvertes et de les inviter plutôt à sélectionner parmi une liste quels bienfaits du travail en présentiel raisonnent le plus pour eux.
En plus d’être à l’écoute des différents besoins des employés et de s’ajuster en conséquence, l’entreprise doit rappeler quelle est la valeur ajoutée du présentiel sur la prestation de services. Une opération de communication bien ficelée peut même convaincre les fervents télétravailleurs à donner une nouvelle chance au milieu de bureau, observe-t-elle.
Attention cependant aux biais cognitifs, met en garde Marianne Lemay.
«Si j’aime travailler au bureau, je peux m’imaginer que tout le monde aime également ça. L’inverse est aussi vrai. Chaque personne a des besoins différents», rappelle Marianne Lemay qui suggère d’adapter son propos au public visé.
Bien entendu, l’entreprise doit s’assurer que des conditions gagnantes soient réunies pour que le présentiel soit bel et bien agréable.
«Ce que j’ai vu qui fonctionne le mieux, c’est lorsque les travailleurs avisent leurs coéquipiers des jours où ils comptent se déplacer. […] On s’organise pour que les employés n’aillent pas au bureau et s’y ramassent seuls», dit-elle. Rien de tel pour les désengager dans le processus, insiste l’experte.
Prévoir le coup
Sur le terrain, Marianne Lemay constate une plus grande solitude chez les employés, chose qu’elle n’observait pas aussi souvent depuis l’adoption massive du télétravail.
«On a vu une augmentation drastique des clients qui veulent qu’on fasse des activités en présentiel. On dirait qu’il y a un besoin de se reconnecter, de se retrouver», rapporte-t-elle.
Certains peuvent toutefois éprouver une crainte à l’idée de recommencer à côtoyer physiquement leurs coéquipiers sur une base plus régulière, d’où l’importance d’accompagner les employés dans cette transition.
Donner quelques trucs pour passer par-dessus cette gêne peut être une avenue intéressante. «On a perdu nos repères sociaux, on ne sait plus comment réagir. On pense aussi que nos collègues qui nous dérangent nous rendent plus improductifs. Pas toujours», nuance-t-elle.
En effet, ces petites interruptions libèrent le cerveau pendant quelques instants, lui accordent un temps de répit ou de distraction qui aurait été meublé à la maison par le lancement d’une brassée de lavage ou encore un tour sur Facebook, énumère l’experte.
L’employeur peut aider les membres de son organisation à réapprendre à travailler dans un environnement vivant, à accepter d’être à l’occasion dérangés, mais aussi à faire respecter des moments de concentration profonde.
L’entreprise peut faciliter cette éthique de travail en instaurant de bonnes pratiques de l’usage de l’espace partagé par exemple.
Certes, la plus-value de revenir au bureau demeure de pouvoir collaborer avec ses collègues, de lire leur communication non verbale lors de réunions, ou de profiter des échanges impromptus. On n’aspire pas à ce que tous les employés passent leurs journées au bureau dans un isoloir. D’où l’importance de trouver cet équilibre.
«La productivité passe par des moments de concentration, comme l’a expliqué Sonia Lupien dans son livre Le stress au travail vs le stress du travail. L’entreprise doit s’assurer de permettre à ses employés de profiter de telles périodes même lorsqu’ils viennent au bureau.»
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