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Gain de productivité grâce à l’IA générative, plus facile à dire qu’à faire

Catherine Charron|Mis à jour le 31 juillet 2024

Gain de productivité grâce à l’IA générative, plus facile à dire qu’à faire

(Photo: 123RF)

RHéveil-matin est une rubrique quotidienne où l’on présente aux gestionnaires et à leurs employés des solutions inspirantes pour bien commencer leur journée. En sirotant votre breuvage préféré, découvrez des astuces inédites pour rendre vos 9@5 productifs et stimulants.

ressources humaines

RHÉVEIL-MATIN. Il semblerait que de faire des gains de temps grâce aux outils qui reposent sur l’intelligence artificielle (IA) générative n’est pas aussi simple qu’il y parait. Pire, plus du trois quarts des employés estiment que cette technologie mine «leur productivité et ajoute à leur charge de travail».

C’est le constat qu’a fait The Upwork Research Institute en passant un coup de sonde auprès de 2500 travailleurs du Canada, du Royaume-Uni, de l’Australie et des États-Unis au printemps 2024.

Dans un contexte macroéconomique plus tendu, les dirigeants interrogés ont reconnu que leurs attentes à l’égard de leur équipe avaient augmenté dans la dernière année. C’est pourquoi 37% d’entre eux encouragent déjà le recours à l’IA générative dans certaines circonstances pour bonifier la productivité. Et ce chiffre pourrait être amené à grimper dans les prochaines années, alors que 96% des patrons questionnés s’attendent à ce que cette technologie serve cette mission.

Peu d’accompagnement

Malgré les espoirs que fondent les hauts dirigeants en l’IA générative, rares sont ceux qui prennent le temps de former leurs employés. Encore moins nombreux sont ceux qui ont carrément une stratégie «bien implantée», est-il indiqué dans le rapport.

Les bénéfices chez les entreprises qui y ont recours ont bel et bien été observés. Dans la dernière année, la productivité chez ceux qui disent que l’organisation en fait usage a bondi de 81%, alors que ce chiffre atteint plutôt 42% en moyenne.

 Ces entreprises ne crient pas pour autant toutes victoires, car la moitié de leurs dirigeants jugent que leurs employés n’ont pas les compétences nécessaires pour en tirer le maximum de retombées.

Pression sur les employés

Bien que 65% des travailleurs sondés reconnaissent que l’IA générative pourra bonifier leur performance, un nombre identique dit avoir de la difficulté à jongler avec les attentes toujours plus élevées de leur patron.

Les chercheurs mettent d’ailleurs en garde les dirigeants dont les salariés pensent que l’organisation accorde davantage de valeur à la productivité de ses employés qu’à leur santé mentale. Soixante-treize pour cent des travailleurs qui sont de cet avis ont tendance à se sentir surchargées du moins à l’occasion, alors que dans la population générale, ce chiffre atteint 56%.

Malgré leur intérêt pour la technologie, 47% des répondants ne savent pas comment elle leur permettra de produire davantage en moins de temps, et 38% se disent dépassés par le fait d’utiliser l’IA au boulot.

Peut-être est-ce parce que son adoption est encore récente, mais tout près de 40% des personnes sondées passent de précieuses minutes à réviser le contenu que lui propose l’outil, et 23% investissent du temps pour mieux les maitriser.

Quatre travailleurs sur dix pensent même que les attentes de leur employeur sont trop importantes à l’égard de l’IA.

«Sans mettre à jour nos systèmes et modèles d’organisation, nous risquons de créer une pression sur la productivité: des employés qui ont encore une autre chose à faire et qui sont mentalement, pratiquement et systématiquement incapables d’utiliser cette technologie pour obtenir les gains escomptés», préviennent les chercheurs.

Préparer le terrain

La clé réside en partie dans la manière de mesurer la productivité en tant que telle, d’après eux.

Plus de la moitié des travailleurs ne croient pas que leur employeur jauge précisément la leur.

Les organisations devraient aller au-delà de la vitesse et de l’efficacité avec laquelle les membres de leur personnel exécutent leurs tâches pour évaluer leur performance.

Lorsqu’on demande aux principaux intéressés de quelle manière ils souhaiteraient que leur travail soit apprécié, on observe plutôt que davantage d’importance est accordée à la créativité et à l’innovation dont ils font preuve, à leur capacité à s’adapter et aux liens qu’ils tissent avec leurs clients. La majorité des personnes interviewées désirent d’ailleurs faire partie de cette réforme, d’avis que ces critères d’évaluation ont besoin d’être peaufinés.

En alignant ces nouvelles cibles cocréées avec leurs attentes quant à la productivité que leurs subalternes devraient gagner grâce au recours à l’IA, les dirigeants pourront donc aider les membres de leur équipe à mieux comprendre comment y répondre, indique The Upwork Research Institute.