En tracances, le travail ne doit pas devenir un poids qu'on traîne partout avec soi. (Photo: Austin Kieckhafer pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Cet été, notre entreprise expérimente les tracances: la possibilité de combiner travail et vacances. J’ai sauté sur l’occasion: ma petite famille et moi allons passer trois semaines au Mexique, lesquelles ne me grugeront que sept jours de congé. Mais je m’inquiète, vais-je vraiment profiter de mon temps de vacances, ou ne vais-je faire que penser au travail?» – Marie-Pierre
R. – Chère Marie-Pierre, avant tout, je me permets de saluer l’initiative de votre entreprise: les «tracances» – néologisme né de la contraction de «travail» et «vacances» – ne sont pas si communes que ça. Et je croise les doigts pour qu’elle constate tous les bienfaits que celles-ci peuvent apporter. De fait, une étude menée l’an dernier par Passport Photo Online auprès d’un millier de «tracanciers» a mis au jour que:
– 86% des personnes sondées disent qu’elles se montrent plus productives que jamais lorsqu’elles sont en tracances.
– 84%, qu’elles n’ont jamais été aussi heureuses de travailler qu’en tracances.
– 83%, que cela fait un bien fou à leur santé mentale.
– 81%, que cela leur fait gagner en créativité.
– 69%, qu’elles ont moins envie de changer d’employeur qu’avant leurs tracances.
Cela étant, vous avez raison, Marie-Pierre, de vous inquiéter de la charge mentale que peut représenter le travail lorsqu’on se doit de remettre régulièrement le collier alors que le reste du temps on est en vacances. C’est un peu comme si on devait porter deux casquettes à la fois: ce n’est pas pratique, et on peut vite avoir l’air fou!
En flânant sur le web à la recherche de conseils pratiques prodigués par des tracanciers, j’en ai déniché cinq qui devraient vous permettre de vivre au mieux votre nouvelle expérience.
1. Prenez conscience du piège inhérent aux tracances
Le piège, c’est que ce concept tend à éliminer la frontière entre vie privée et travail. Et donc, entre le temps de vacances et le temps de travail. Le point important est que si jamais les enjeux liés au travail deviennent trop importants (gros dossier à boucler, imprévu primordial à régler, etc.), cela peut suffire à gâcher le temps de vacances, et donc à pourrir l’expérience vécue.
2. Fixez des limites rigides, en priorisant les vacances
En tracances, la priorité doit aller aux vacances. Sans quoi, elles vont être un échec.
L’objectif est de préserver un bon équilibre entre le travail et les vacances. Et cela peut se faire en déterminant, à l’avance, les jours et même les heures de travail; et surtout, en s’y tenant, coûte que coûte.
Dans le même ordre d’idée, il peut être bon de vous fixer des jours et des heures de vacances, en prévoyant même des activités spécifiques auxquelles vous devrez vous plier. Par exemple, tous les jours, à 14h, cours de plongée en famille avec le moniteur d’un club de plongée; visite culturelle un jour sur deux entre 15h30 et 17h; demi-heure de yoga en solo tous les jours à 17h30; etc. Car cela vous empêchera de prendre sur votre «temps libre» pour régler les sempiternelles «urgences» du travail.
3. Validez votre agenda de tracances avec votre boss et votre équipe
Bien entendu, vous ne pouvez pas établir votre agenda toute seule de votre côté. Il faut que votre boss immédiat et les membres de votre équipe donnent leur accord sur celui-ci.
À ce sujet, un point important: profitez de ce moment-là pour souligner qu’il est crucial de ne pas chercher à vous contacter sur votre temps de vacances. Pas de courriel, ni de coup de fil. Comme lorsque vous êtes en fin de semaine.
Concernant vos clients et autres partenaires d’affaires qui chercheraient à vous joindre par courriel, pensez à programmer une réponse automatique pour vos heures de congé, laquelle fournira le nom et les coordonnées d’un collègue susceptible de vite leur répondre, en cas d’urgence.
Enfin, tirez parti des outils technologiques et autres applications qui peuvent vous permettre d’être bien organisés, et notamment d’indiquer aux autres l’état d’avancement de chacun de vos dossiers.
4. Allégez-vous au maximum
Dans la mesure du possible, délestez-vous des dossiers importants, le temps de vos tracances. Et reportez les réunions clés à votre retour au bureau. Car, mine de rien, cela allègera grandement votre charge mentale, ce qui vous donnera des ailes durant le temps de vacances.
Comment y parvenir? En déléguant le plus possible, même si, il est vrai, il n’est pas toujours facile de lâcher-prise…
5. Déconnectez vraiment
Afin de vous couper totalement du stress lié au travail, il est bon d’avoir une activité physique durant votre temps de vacances. Ou bien, de pratiquer la pleine conscience ou la méditation. L’idée est simple: déconnecter vraiment du travail.
Il va de soi qu’il convient dès lors de désactiver toutes vos notifications et d’enclencher les «Ne pas déranger» de votre boîte de courriels et autres Slack.
Voilà, Marie-Pierre. J’espère que ces astuces vous permettront de savourer vos tracances, d’empêcher que celles-ci se transforment en tracas.
En passant, l’écrivain français Pierre Daninos a dit dans «Vacances à tout prix»: «Le farniente est une merveilleuse occupation. Dommage qu’il faille y renoncer pendant les vacances, l’essentiel étant alors de faire quelque chose».