Une vigilance minimale s'impose. (Photo: Stefzn pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Je suis gestionnaire et j’avoue que je ne sais toujours pas comment contrôler ce que fait mon équipe quand elle télétravaille. Dois-je surveiller chacun un peu, beaucoup, ou pas du tout? Y a-t-il une étude qui donne la réponse ultime à mon interrogation?» – Pierre-Luc
R. – Cher Pierre-Luc, j’ai une bonne nouvelle pour vous: oui, cette étude-là existe bel et bien! Elle est le fruit du travail d’une équipe de trois chercheurs pilotée par Evgueni Mugerman, professeur de finance à l’Université Bar-Ilan, à Ramat Gan (Israël).
Ils se sont justement demandé s’il y avait une méthode meilleure que les autres pour surveiller le travail des télétravailleurs. Et pour s’en faire une idée, ils ont procédé à une expérience très simple: ils ont invité 530 personnes volontaires à effectuer en ligne six tâches relativement simples, en échange d’une rémunération et d’une prime en fonction de la performance.
L’astuce résidait dans la prime. Les participants ont été répartis aléatoirement dans quatre groupes distincts, et prévenus de la condition qui leur était imposée pour pouvoir toucher la prime:
– Groupe 1: la prime était automatiquement versée, sans aucun contrôle.
– Groupe 2: la prime serait versée après le contrôle et la validation d’une des six tâches.
– Groupe 3: la prime serait versée après le contrôle et la validation de la moitié des tâches.
– Groupe 4: la prime serait versée après le contrôle et la validation de toutes les tâches.
Résultats? Ils sont clairs et nets:
– Avantage à la surveillance. Les participants surveillés ont systématiquement enregistré une meilleure performance dans l’accomplissement des tâches que ceux qui n’étaient pas surveillés.
– Avantage à la surveillance minimale. Les participants minimalement surveillés (groupe 2) ont, en général, fourni 25% plus d’efforts et mené à bien 25% plus de tâches que ceux qui n’étaient pas surveillés. Autrement dit, ils ont plus et mieux travaillé.
– Avantage toujours à la surveillance minimale. Les participants les plus surveillés (groupes 3 et 4) n’ont pas affiché de meilleures performances que ceux qui étaient minimalement surveillés; la surveillance outre mesure mène parfois même à une baisse sensible de la performance. Par conséquent, trop surveiller ne sert strictement à rien, cela peut même nuire.
La conclusion saute donc aux yeux: oui, il convient de surveiller ce que font les télétravailleurs, mais juste ce qu’il faut pour qu’ils sentent qu’ils ne sont pas abandonnés à leur sort.
À vous, Pierre-Luc, de trouver le bon dosage pour chaque membre de votre équipe. Certains ont sûrement plus besoin de vous que d’autres. Mais chose certaine, ne fermez jamais complètement les yeux.
En passant, l’écrivain américain Mark Twain disait, pince-sans-rire: «Mettez tous vous œufs dans le même panier – et surveillez le panier».