Le Démon blond l’a avoué lui-même : c’est sur un coup de tête qu’il a pris sa première retraite. (Photo: Denis Brodeur / Club de hockey Canadien Inc.)
BLOGUE INVITÉ. Quel est le dénominateur commun entre Guy Lafleur, la ministre Marguerite Blais et le patineur de vitesse Charles Hamelin? La question touche aussi Rénald Grondin de la FTQ-Construction, les humoristes Lise Dion et Yvon Deschamps, le comédien Michel Côté, de même que Catherine Dorion, Danielle McCann et plusieurs députés de l’Assemblée nationale et sans oublier Shea Weber…
Sauf Weber, tous et toutes ont annoncé récemment qu’ils quitteraient ou bien qu’on allait «leur faire quitter» leurs fonctions. Et ce, avec des succès bien différents…
Savoir partir et savoir congédier : un art
Plusieurs raisons incitent des dirigeantes et dirigeants à mettre un terme à des relations professionnelles avec des membres de leur équipe, tout comme ceux-ci et celles-ci peuvent décider qu’il est temps d’aller relever de nouveaux défis professionnels.
D’un côté comme de l’autre, les réputations seront touchées. Pour le meilleur ou pour le pire, puisque les réputations d’une entreprise, d’une marque, d’une organisation ou d’une personnalité résultent de leurs attitudes, de leurs comportements et de leurs communications.
« LES FAÇONS D’EMBAUCHER ONT TOUJOURS UN IMPACT SUR LA RÉPUTATION D’UNE ORGANISATION. LES FAÇONS DE CONGÉDIER, ENCORE PLUS! »
Dans tous les cas — et dans le but que la séparation soit réussie — il faut tenir compte, à la fois, des motivations de la décision et de la façon de la communiquer.
Alors, on fait ça comment?
Dire la vérité, mais… pas nécessairement toute la vérité
Plus que jamais, à l’ère de la marque employeur, il est essentiel de tourner la page avec respect et en faisant preuve de transparence — mais, sans tout dire, — en respectant les zones essentielles de confidentialité.
L’une des recettes de départs réussis — du côté des employeurs tout autant que des ressources qui quitteront — c’est de convenir, lorsque possible, d’une séquence d’annonces sur le modèle d’une spirale : d’abord quelques personnes et publics cibles du premier entourage, puis en s’éloignant vers les partenaires, clients, etc.
Voici quelques exemples pour s’inspirer et d’autres à éviter.
Yvon Deschamps: «C’est assez! Merci, bonsoir!»
C’est un euphémisme d’affirmer qu’Yvon Deschamps a toujours dit le fond de sa pensée.
Sa décision d’annoncer son retrait de la vie publique — en quelques mots, sur Facebook — ne surprend donc pas.
Ce fut direct et sans préambule. Ça lui appartient. Mais, peu de gens parviendront à réussir une sortie de la sorte. Parce qu’il n’y a qu’un seul Yvon Deschamps!
(Source: Facebook)
Lise Dion et Charles Hamelin : «J’ai fait le tour»
Dans des univers très différents, l’humoriste Lise Dion et le patineur de vitesse Charles Hamelin ont annoncé longtemps à l’avance la fin de leur carrière sur scène ou sur la glace — tout en se gardant des portes ouvertes pour de nouveaux défis.
Donc, personne ne peut dire : «Avoir su, je serais allé à une compétition ou à un spectacle». Une démarche réfléchie, à reproduire dans tous les domaines.
Selon Mesure Média, grâce à ce reportage qui laisse la parole à des proches de Charles Hamelin, celui-ci a obtenu un score de performance de 128% sur 200%. (Capture d’écran du site: radio-canada.ca)
Michel Côté: «Voici la vérité»
Quelques principes s’appliquent lorsqu’il est question de la gestion de réputations, dont celui-ci :
« IL EST TOUJOURS PRÉFÉRABLE DE SE DÉFINIR SOI-MÊME, PLUTÔT QUE DE LAISSER LES AUTRES LE FAIRE. »
En politique, par exemple, certains réussissent parfois mieux à dépeindre un adversaire sous ses pires travers que cette personne ne parvient à se positionner efficacement.
Récemment, le comédien Michel Côté a pris une excellente décision en annonçant lui-même — via un cabinet de relations publiques — que des ennuis de santé l’obligeaient à mettre sa carrière sur pause pour une période indéterminée.
Cette retombée sur le site novoomoi.ca a généré un gain de réputation de 115% à Michel Côté. (Capture d’écran du site : novoomoi.ca)
Denis Coderre : repousser l’échéance
Battu une deuxième fois d’affilée à la mairie de Montréal le 6 novembre dernier, l’ex-maire de Montréal, Denis Coderre, a attendu six jours avant de faire le point avec ses collègues et annoncer la fin de sa carrière politique.
Une bien triste fin sur la scène publique pour cette bête politique.
Ce reportage a généré à Denis Coderre un déficit de réputation de -90%. (Capture d’écran du site: TVA Nouvelles.)
Guy Lafleur et Ronald Corey : sur des coups des têtes
Élevé au rang de «demi Dieu», Guy Lafleur n’a pourtant pas fait que de bons coups… et le Canadien non plus.
Le Démon blond l’a avoué lui-même : c’est sur un coup de tête qu’il a pris sa première retraite… et c’est aussi sur un coup de tête que le président du CH à l’époque, Ronald Corey, a congédié cet ambassadeur après qu’il eut critiqué publiquement l’équipe.
À éviter.
Catherine Dorion: une action «à la Catherine Dorion»
Faut-il se surprendre que la spectaculaire députée Catherine Dorion ait choisi d’annoncer son départ de la vie politique avec fracas?
Un vendredi soir, après les heures de tombée des médias. Le 1er avril, comme s’il s’agissait d’une blague. Et des propos très durs envers l’institution de l’Assemblée nationale.
À éviter aussi.
(Capture d’écran de la vidéo prise sur Youtube.)
Marguerite Blais et Danielle McCann: en dessous de l’autobus…
Ça se voit souvent en politique — et aussi dans différents domaines —, quand un problème de gestion survient, on se débarrasse cavalièrement de boucs émissaires, d’où l’expression «jeter en dessous de l’autobus».
C’est de cette façon que deux ministres du gouvernement Legault qui ont eu des problèmes de gestion et de communication durant la pandémie — Marguerite Blais et Danielle McCann — se sont «fait démissionner», un matin où il fallait calmer le jeu dans l’actualité gouvernementale.
Dans de telles situations, malheureusement, le public en vient à oublier la bonne foi et l’engagement des personnes… pour ne retenir que des erreurs.
(Cappture d’écran du site : lapresse.ca)
«Nos avocats vont s’en occuper»
Non! Non! Et non! Les spécialistes du droit ont des expertises qui leur sont propres. Ceux et celles des ressources humaines et des communications, aussi.
Un travail de collaboration entre différentes expertises : oui, avec le droit en appui — lorsque nécessaire —, en plaçant l’humanisme au premier rang et le volant dans les mains des stratèges en communication.
À retenir :
- Savoir arriver. Et savoir partir.