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Louise Champoux-Paillé

Les facteurs ESG en action

Louise Champoux-Paillé

Expert(e) invité(e)

Inclure les RH dans les ESG

Louise Champoux-Paillé|Publié le 02 mai 2023

Inclure les RH dans les ESG

(Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Une recherche menée par l’organisation comptable CPA Canada portait récemment sur les divulgations en regard du facteur « S » (social) par certaines entreprises canadiennes cotées en bourse. Tel que discuté dans l’un de mes textes précédents, le facteur S souffre de la position inconfortable de l’enfant du milieu, toujours en quête de sa juste place au sein de la fratrie.  

Ce facteur couvre un vaste éventail de domaines fort diversifiés, tels les droits humains, la diversité, la distribution équitable de la richesse, les libertés individuelles, les relations avec les peuples autochtones, les chaînes d’approvisionnement, la santé et le bien-être des employés, les relations syndicales, la protection de la vie privée, pour ne citer que ceux auxquels l’on se réfère le plus souvent. 

En prenant connaissance de l’enquête de CPA Canada, j’ai voulu vérifier l’importance accordée par ces entreprises à la divulgation concernant la gestion des ressources humaines. Voici quelques constats. 

• Cet élément est abordé par l’ensemble des entreprises étudiées ; 

• Les données les plus souvent divulguées portent sur le profil démographique des employés, le nombre de nouveaux employés, les efforts de formation prodigués, et le taux de roulement des employés ; 

• Très peu (24 %) d’entreprises se fixent des objectifs pour bonifier leur performance à ce chapitre et ceux-ci visent surtout l’engagement des employés et le taux de roulement. 

L’aspect du bien-être des employés et la culture organisationnelle semblent assez peu présents dans les divulgations. Cela s’explique peut-être en raison du vaste éventail de sujets couverts par le facteur S, de sa position d’enfant du milieu et du grand espace occupé par le facteur E (« environnement »). 

Tous se rallient instinctivement à l’importance capitale de la santé et du bien-être des employés. Je me permettrai ici de citer deux recherches qui l’illustrent fort bien.  

 

Miser sur les ressources humaines 

La première publiée en 2021 dans le Journal of Occupational and Environmental Medecine portait sur un fonds d’investissement dans des entreprises accordant une priorité à la santé et au bien-être de leurs employés. L’étude démontre que le rendement de ce fonds a surpassé celui de l’ensemble du marché (S&P 500) par une marge de 2 % annuellement au cours des dix dernières années, un chiffre considérable sur un tel horizon de temps.  

Quant à la seconde étude, elle fut effectuée par Global Intangible Finance Tracker et suggère que les actifs intangibles d’une entreprise qui incluent les talents et la culture comptent pour 52 % de la valeur marchande d’une organisation. Pour certaines, ce pourcentage peut atteindre jusqu’à 90 %.  

La valeur des entreprises est aujourd’hui bien moins tributaire des actifs tangibles (édifices et équipements) que des intangibles comme le savoir, la capacité d’innovation, etc. Il est de plus en plus reconnu que les talents et la culture constituent un avantage concurrentiel stratégique qui distingue les organisations les unes des autres.  

 

Confiance élevée, performance élevée   

Rappelons ici quelques avantages d’une culture axée sur la confiance à partir d’une étude basée sur les neurosciences du professeur Paul J. Zak. Ce chercheur a découvert que les employés qui témoignent d’une confiance élevée dans leurs organisations sont plus productifs, moins stressés, plus énergiques au travail que leurs homologues à faible confiance. Ils sont aussi plus engagés à l’endroit de leur organisation et souffrent en plus faible proportion d’épuisement professionnel.  

Une donnée intéressante fait référence à la vague de démissions que nous vivons actuellement et qui freinera le développement de nos organisations au cours des prochaines années. Il appert que la présence d’une culture toxique serait dix fois plus aggravante qu’une insatisfaction en regard de la rémunération en tant que facteur explicatif des vagues de démissions. 

Considérant l’importance de la culture, du bien-être des employés et de la gestion des talents, je crois que les facteurs ESG se devraient d’ajouter les deux lettres RH (« ressources humaines ») afin que les investisseurs, les parties prenantes et la société dans son ensemble puissent mieux évaluer la santé de nos organisations. 

Au cours des dernières années, un grand nombre d’entreprises se sont engagées à atteindre l’objectif de neutralité carbone ou « Zéro émission nette » d’ici 2050. Il est maintenant temps d’accorder au bien-être des employés la place qui lui revient dans les facteurs ESG.