Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

«Je travaille 100% à distance, et je me sens si seule…»

Olivier Schmouker|Mis à jour le 16 juillet 2024

«Je travaille 100% à distance, et je me sens si seule…»

Une étude Gallup a révélé que toutes les formes de temps social (téléphone, vidéo, texto, etc.) sont associées à une meilleure humeur.

MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudisVous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca

Q. – «J’adore le télétravail, la liberté que ça m’offre pour gérer ma vie pro et ma vie perso. Mais je dois avouer que depuis que je suis en 100% télétravail, je me sens souvent seule. Et j’en souffre parfois au point de pleurer toute seule dans mon coin…» – Flavie

Q. – «J’adore le télétravail, la liberté que ça m’offre pour gérer ma vie pro et ma vie perso. Mais je dois avouer que depuis que je suis en 100% télétravail, je me sens souvent seule. Et j’en souffre parfois au point de pleurer toute seule dans mon coin…» – Flavie

R. – Chère Flavie, si cela peut vous rassurer, sachez que vous n’êtes pas seule à ressentir de la solitude dans votre quotidien au travail. Le rapport «State of the Global Workplace 2024» du cabinet-conseil en management Gallup a mis au jour le fait que 1 travailleur sur 5 (20%) souffre de la solitude à l’échelle mondiale. En Amérique du Nord, le pourcentage est très précisément de 18%.

De manière générale, ce pourcentage est plus élevé pour les employés de moins de 35 ans et plus faible pour ceux de plus de 35 ans. Et les employés entièrement à distance signalent des niveaux de solitude nettement plus élevés (25%) que ceux qui travaillent à temps plein au bureau (16%).

Je ne veux pas vous inquiéter, Flavie, mais je me dois de vous dire que l’isolement social et la solitude chronique ont des effets potentiellement dévastateurs sur la santé. Des études faisant appel à la technologie de l’imagerie du cerveau ont ainsi montré que lorsqu’une personne se sent seule, cela active les mêmes zones du cerveau que celles associés à la douleur physique. Se sentir seul de manière récurrente peut donc se révéler être une véritable souffrance.

Outre la santé physique, la solitude peut également affecter la santé mentale. Le cerveau se met alors en mode alerte, ce qui peut le pousser à commettre des erreurs lors d’interactions sociales: par exemple, il peut interpréter le comportement d’autrui comme étant agressif, alors qu’il n’en est rien. Résultat? Un risque accru de dépression, d’anxiété, de psychose, et par suite d’usage de drogues. Selon Lisa Berkman, professeure d’épidémiologie et de santé à Harvard, le risque de mortalité chez les personnes dépourvues de liens communautaires et sociaux est même deux fois plus élevé que chez les personnes ayant de nombreux contacts humains; et ce, indépendamment de la santé physique, du statut socio-économique et des habitudes de vie.

Autrement dit, la solitude peut bel et bien faire des ravages, si jamais on la laisse nous gagner.

Les experts de Gallup suggèrent pour y remédier de multiplier les interactions professionnelles. Ces dernières n’ont pas nécessairement besoin d’être effectuées en personne: une étude Gallup a révélé que toutes les formes de temps social (téléphone, vidéo, texto, etc.) sont associées à une meilleure humeur. Cela dit, les interactions technologiques ne sont pas une panacée, car la bonne humeur ainsi acquise ne dure pas très longtemps.

L’idéal est, bien entendu, d’effectuer des passages au bureau. Une ou deux journées par semaine, par exemple. Car ça nous fait un bien fou de voir les autres, de jaser et de rire avec eux. Ça suffit à annihiler les effets néfastes de la solitude. 

Voilà, Flavie. Le meilleur moyen de mettre fin au sentiment de solitude au travail est d’adopter le mode hybride, et donc de mettre un terme à votre mode de fonctionnement actuel, qui, de toute évidence, ne vous fait pas que du bien. Qu’en pensez-vous?