L'entreprise a précisé que le déplacement du siège n’avait « rien à voir avec le Brexit ».
Dyson a annoncé mardi le déplacement de son siège social du Royaume-Uni vers Singapour, en pleine montée en puissance du groupe de technologie en Asie où il prévoit de fabriquer une voiture électrique d’ici deux ans.
Le groupe créé et possédé par l’inventeur britannique James Dyson a provoqué la surprise en évoquant, dans le cadre de ses résultats annuels, le transfert de son QG dans la cité-État d’Asie du Sud-Est.
« Afin de refléter l’importance croissante de l’Asie dans notre développement, nous avons décidé d’y relocaliser le siège social de Dyson », a expliqué l’entreprise connue pour ses aspirateurs sans fil, sèche-mains et purificateurs d’air et qui développe depuis plus de quatre ans une voiture électrique dont le lancement est prévu pour 2021.
Lors d’une conférence téléphonique, le directeur général du groupe, Jim Rowan, a précisé que le déplacement du siège n’avait « rien à voir avec le Brexit », le départ du Royaume-Uni de l’UE prévu fin mars n’ayant « aucune conséquence » sur l’activité du groupe principalement implanté au Royaume-Uni et en Asie du Sud-Est.
M. Rowan a aussi assuré que la répartition des impôts payés par Dyson ne changerait que de « façon négligeable ».
Il a précisé que le choix de Singapour s’appuyait sur « les opportunités qui s’ouvrent » pour Dyson en Asie. Le groupe y dispose déjà de toute sa présence manufacturière et d’une partie de ses centres de recherche et développement. Il y a réalisé en outre la majorité de ses ventes, que ce soit sur ses gros marchés en Chine, Japon et Corée du Sud ou, plus récemment, en Inde et en Thaïlande.
Ce déplacement du centre de gravité du groupe vers l’Asie suit aussi la décision, annoncée en octobre, de fabriquer le véhicule électrique attendue à Singapour.
« Nous continuerons d’investir au Royaume-Uni », a promis toutefois M. Rowan, soulignant que le déplacement du siège n’allait conduire qu’au déplacement de deux personnes vers l’Asie : le directeur financier et le directeur juridique.
Cette décision n’en devrait pas moins choquer au Royaume-Uni, un pays dont James Dyson, partisan du Brexit, est un défenseur déclaré.
Projet maison
Le groupe emploie 11 900 personnes dans le monde, dont 4 600 au Royaume-Uni et une majorité du personnel restant en Asie. Plus de la moitié des salariés de Dyson sont des ingénieurs ou scientifiques.
Centré au départ sur l’électroménager, Dyson met désormais le paquet sur le développement d’une voiture électrique, qu’il compte bien réaliser de bout en bout en interne, sans concours technologique ou financier extérieur. Il envisage d’y consacrer une bonne part des 2,5 milliards de livres d’investissement qu’il prévoit dans les nouvelles technologies.
Pour piloter ce projet, le groupe a annoncé mardi l’arrivée en avril prochain d’un poids lourd du secteur, Roland Krueger, un ancien vice-président du constructeur japonais Nissan.
A part Singapour où l’usine qui fabriquera la voiture électrique est en cours de construction, une partie des investissements est dépensée au Royaume-Uni, particulièrement sur son niveau site de Hullavington (200 millions de livres).
Établi sur un ancien terrain d’aviation de la Royal Air Force dans le Wiltshire (sud-ouest de l’Angleterre), ce site accueille déjà plusieurs centaines d’ingénieurs affectés au développement du véhicule électrique.
Le groupe dispose aussi d’un centre de recherche important à Malmesbury, à quelques kilomètres de là, où travaillent plus de 4 000 personnes et où se trouvait jusque-là son siège social — qui devrait être enregistré à Singapour dans le courant de l’année.
Dyson compte financer ses ambitions électriques avec ses propres revenus, en s’appuyant sur de bons résultats. Le groupe a enregistré une hausse de 28 % de son chiffre d’affaires en 2018 à 4,4 milliards de livres (5 milliards d’euros), d’après des données communiquées mardi. Son bénéfice brut d’exploitation (Ebitda) a bondi de 33 %, à 1,1 milliard de livres (1,25 milliard d’euros).