La clé des gestionnaires de communauté pour véhiculer une culture
Catherine Charron|Publié le 19 janvier 2024«Ils peinent à créer de la “sérendipité”, d’heureux hasards. Ça, ça se passe par la socialisation», traduit l'autrice et experte en gestion de communauté, Rachelle Houde Simard.
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RHÉVEIL-MATIN. Les organisations ont déjà toutes les cartes en main pour s’épanouir dans un monde du travail hybride, confirme Rachelle Houde Simard, qui cumule près de trente ans en communication marketing sur le Web.
La clé, c’est de créer une communauté et un environnement où ses membres – ou ses employés – peuvent alimenter les liens qui les unissent. En d’autres termes, résume-t-elle aux lecteurs qui liront son livre «Sociable, bâtir une culture d’entreprise forte dans un monde hybride» paru en septembre 2023, les dirigeants doivent s’inspirer de la démarche des gestionnaires de communauté sur les réseaux sociaux.
«Dès 2018, je commençais à faire le parallèle. Souvent quand j’accompagnais des leaders qui venaient d’embaucher des employés nomades et qui manquaient d’occasions pour socialiser, je leur rappelais que si on était capable de la faire sur le Web, il y a moyen de le faire en entreprise», raconte l’experte en gestion de communauté au bout du fil.
Qu’importe la nature de la communauté dont ils sont responsables, ces gestionnaires doivent s’assurer que la culture, ce liant entre les membres, y est bel et bien véhiculée. Il va sans dire que le télétravail et le mode hybride n’ont pas facilité la tâche des équipes de gestion en entreprise, concède l’autrice dans son livre, qui n’avaient pas l’habitude de le faire virtuellement avant mars 2020.
Elle les invite à suivre la formule qu’elle a développée au fil des ans pour gérer des communautés virtuelles, soit de trouver un équilibre entre «les quatre dimensions culturelles sociables».
Ainsi, les leaders doivent comprendre les «relations entre les membres de la communauté, les expériences qu’ils vivent ensemble, les histoires partagées entre les membres qui véhiculent des valeurs, des mœurs et des intérêts communs et les espaces dans lesquels les membres interagissent.»
Là où ça coince bien souvent dans cette matrice, c’est la compréhension du rôle des espaces, constate-t-elle. «On n’a pas été formé pour penser au numérique comme un espace. On doit changer de perspective, se demander comment je peux adapter cet environnement pour que se créent les relations, les expériences et que se partagent les histoires.»
Le bouquin sert de tremplin pour entamer cette réflexion, indique Rachelle Houde Simard, afin de mieux comprendre sa propre culture, de quelle manière elle est vécue par les employés, et comment la véhiculer, qu’importe le lieu où ils se trouvent.
Synergie virtuelle
Aux employeurs qui souhaitent ramener au bureau les membres de leur équipe, car la synergie du présentiel leur manque, elle répond qu’il est tout à fait possible de la retrouver à distance.
«Ils peinent à créer de la “sérendipité”, d’heureux hasards. Ça, ça se passe par la socialisation, des moments à l’extérieur de la collaboration et des rendez-vous prescrits», traduit l’experte.
Elle cite par exemple ces employés qui se regroupent virtuellement pour travailler, caméra allumée et micro fermé. «Nos neurones miroirs sont activés et ça nous permet de nous concentrer, rapporte-t-elle. C’est un “anti-meeting”, qui permet d’avoir de petits moments au début et à la fin pour avoir les discussions de machine à café, et de créer ces synergies-là.»
Le réel défi, constate l’experte – et il est le même pour toutes les communautés virtuelles – c’est qu’on peine encore à être «sociable» virtuellement. Le hic, c’est que cet apprentissage figure rarement parmi les priorités des dirigeants.
Leadership sociable
Pour qu’une organisation se démarque et crée un sentiment d’appartenance chez ses employés, même en mode hybride, il va sans dire que le style de gestion adopté vaut son pesant d’or, rappelle Rachel Houde Simard.
C’est pourquoi elle pousse les dirigeants à appliquer le «leadership sociable», une approche qui repose sur la compassion, la bienveillance et l’hospitalité, des qualités dont doivent faire preuve les gestionnaires de communauté.
Ça implique notamment «d’adopter une position de donneur plutôt que de receveur», d’être humble, mais aussi de prendre soin de ses collègues, explique-t-elle dans son bouquin.
Ainsi, au-delà des outils utilisés pour permettre aux employés de collaborer à distance, la clé sera de s’assurer que les comportements encouragés et les valeurs partagées «permettent à tous les membres d’un groupe de se sentir inclus et valorisés», écrit Rachelle Houde Simard.
Télétravailler ou ne pas télétravailler, telle est la question qui cause des émois dans bien des entreprises.
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