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La pandémie empêche-t-elle les PME québécoises d’innover?

L'économie en version corsée|Publié le 09 novembre 2020

La pandémie empêche-t-elle les PME québécoises d’innover?

Innover dans l'espoir de ne pas sombrer... (Photo: Kristopher Roller pour Unsplash)

CHRONIQUE. De nos jours, nombre de PME québécoises sont en mode survie. Leurs PDG s’interrogent, avec raison, quant à leur capacité présente et future de faire face à leurs engagements financiers, de vendre leurs produits et services, voire de tout simplement ouvrir leurs portes, un reconfinement forcé pouvant survenir n’importe quand. C’est que nous subissons tous une crise à nulle autre pareille, qui combine à la fois pandémie et récession…

À cela s’ajoute une autre inquiétude: comment, dans de telles circonstances, assurer son avenir? On le sait bien, ce dernier passe par l’innovation, à tout le moins par l’ajustement constant de ses produits et services, au besoin de son modèle d’affaires, à la nouvelle réalité du marché. Or, combien de PME sont aujourd’hui capables d’y penser, et mieux, d’agir concrètement en ce sens? Oui, combien d’entre elles songent non seulement à surmonter les difficultés présentes, mais aussi à anticiper celles futures? Et donc, à s’assurer d’un véritable avenir?

Une étude menée par Léger pour le compte de l’organisme QuébecInnove – en collaboration avec le Fonds de solidarité FTQ, EY Canada et la Commission des partenaires du marché du travail -, apporte quelques lumières à ce sujet. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il va falloir s’attendre à des lendemains de pandémie difficiles…

Ainsi, la majorité des propriétaires de PME ont parfaitement conscience de l’importance vitale d’innover:

– Ils sont 82% à dire que l’innovation peut leur permettre de gagner en productivité;

– 70%, d’attirer et de retenir la main-d’oeuvre;

– 68%, de réduire leurs coûts de production;

– 64%, de développer de nouveaux marchés.

Et pourtant:

– 52% des propriétaires de PME avouent qu’ils n’ont pas investi un seul cent en recherche et développement (R&D), ni dans la moindre innovation, depuis un an.

– 66% de ceux qui ont investi en ce sens ont dépensé moins de 1% de leur chiffre d’affaire.

– Les PME de 25 à 250 employés ont investi en moyenne 4% de leur chiffre d’affaires en R&D et innovation dans la dernière année. Ce qui correspond à peu près à la même chose qu’en 2019. À noter qu’elles l’ont fait malgré leur anticipation d’une chute de leur chiffre d’affaires d’en moyenne 4,5% pour 2020.

Autrement dit, la majorité des PME québécoises ont purement et simplement tiré un trait sur l’innovation. Et ce, même si elles savent que cela nuira directement à leur avenir. La petite minorité de celles qui misaient déjà sur l’innovation ont trouvé le moyen de poursuivre en ce sens, en dépit des freins déclenchés par la pandémie du nouveau coronavirus. Mais pas les autres.

«Des entrepreneurs ont accéléré des projets au cours des derniers mois, mais il reste encore beaucoup de chemin à faire pour les autres, estime Sophie Robillard, vice-présidente, investissements, appui aux transitions, du Fonds de solidarité FTQ. Qu’il s’agisse de l’ouverture de nouveaux canaux de vente en ligne, de l’évolution de leur modèle d’affaires, ou encore de l’optimisation de leur efficacité opérationnelle ou énergétique, celles-ci doivent miser davantage sur l’innovation. Il en va de leur succès, de leur pérennité.»

Les PME qui l’ont compris se sont lancé, elles, dans des changements en profondeur:

– 24% d’entre elles ont carrément changé de modèle de ventes: de B2B elles sont passé au B2C, ou le contraire.

– 24% ont mis au point un tout nouveau produit ou service en raison de l’avènement de la COVID-19.

– 54% ont effectué une innovation visant à modifier leur modèle d’affaires, histoire de s’adapter aux changements provoqués par la pandémie.

– 55% ont accéléré des projets numériques (ex.: plateforme de commerce en ligne, sécurité informatique, etc.)

Un exemple lumineux est celui de Bleu Lavande. Le producteur estrien de lavande a quitté son site touristique de Stanstead pour en implanter un tout nouveau à Magog, ces dernières semaines. Et il a signé dans la foulée une entente de partenariat avec le studio montréalais de divertissement multimédia Moment Factory pour mettre au point une innovation qui promet d’être renversante: un «espace immersif» au sein du nouveau site, prévu pour l’ouverture en mai 2021.

Cet espace immersif consistera en une salle intérieure spéciale où chacun pourra «vivre et ressentir» de manière virtuelle l’expérience d’une immersion dans des champs de lavande. L’idée est d’offrir aux visiteurs de vivre un moment inoubliable, surtout si dehors il fait mauvais, froid ou venteux.

«Cette innovation vise à réinventer notre offre touristique, dit Nathalie Nasseri, la directrice générale et copropriétaire de Bleu Lavande. Elle est notre contribution au développement économique local, voire provincial. Une nécessité, en ces temps incertains.»

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Espressonomie

Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l’actualité économique à la lumière des grands penseurs d’hier et d’aujourd’hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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