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Magali Picard: ce qu’être guide touristique lui a appris

Catherine Charron|Mis à jour le 25 juin 2024

Magali Picard: ce qu’être guide touristique lui a appris

Partager ses attentes et demander à l’autre partie de le faire afin que tous soient sur la même longueur d’ondes est une leçon que Magali Picard a un peu apprise à ses dépens lorsqu’elle guidait les touristes dans sa réserve. (Photo: FTQ Facebook)

À la tête des plus grandes entreprises du Québec, ces PDG sont bien souvent entrés sur le marché du travail en occupant des postes au bas de l’échelle. Voici les leçons tirées de ces premières expériences qui teintent encore aujourd’hui leur leadership.

La première job du boss
(Illustration: Camille Charbonneau)

LA PREMIÈRE JOB DU BOSS. Prendre la parole devant un groupe pour mobiliser une foule, Magali Picard n’a pas appris à faire cela en s’impliquant dans le mouvement syndical. En réalité, c’est devant des autobus remplis de touristes venus visiter la réserve de Wendake qu’elle a développé la capacité à capter l’attention de son auditoire pour faire passer son message.

«Déjà à ma deuxième saison on m’a nommée superviseure des guides touristiques. Ça m’avait touchée énormément», se remémore-t-elle.

À l’époque déjà, elle a vite constaté que ce n’était pas la gestion de formulaires et de paperasse qui la faisait vibrer, mais bien d’être sur le terrain, entourée de gens, comme lorsqu’elle manifestait avec ses tantes pour que les femmes n’aient plus à quitter leur communauté si elles se mariaient à un allochtone. C’est à son 15e anniversaire que la loi a finalement changé.

«Je n’avais jamais été affectée par l’injustice ou la discrimination. Au même moment je découvre que ça existe, mais aussi que si on se mobilise, qu’on ne reste pas silencieux, on peut faire changer des lois», dit-elle.

C’est toutefois un remplacement d’un congé de maternité comme agente de services à la clientèle pour le ministère des Anciens combattants à Ottawa — un poste temporaire qu’elle ne pensait occuper que pendant 6 mois — qui a donné le ton au reste de son parcours.

«Au Cégep André-Laurendeau, comme probablement beaucoup d’autres jeunes, j’étais perdue. Je ne savais pas trop de ce que je voulais faire. Ma sœur m’a proposé ce remplacement. Je me suis alors dit que je reprendrais tout simplement à la session d’après», raconte-t-elle amusée, n’y étant finalement jamais retournée.

Au quotidien, à 19 ans, son rôle était donc de servir de point de contact pour les anciens militaires et leur famille afin de sécuriser leur maison lorsqu’ils étaient en perte d’autonomie, par exemple.

C’est dans ce milieu de travail que la jeune fille un peu indécise quant au chemin à emprunter a compris son amour de l’entraide, de prendre soin des autres, des anciens combattants en l’occurrence. Elle se sentait inspirée par cette mission de faire une réelle différence dans la vie des gens.

«J’étais la plus jeune, c’était un milieu qui, à première vue, pourrait ne sembler pas trop attirant. Au contraire, j’y ai rencontré des gens tellement dévoués. Ça a été une grande surprise.»

La clé de la communication

Partager ses attentes et demander à l’autre partie de le faire afin que tous soient sur la même longueur d’ondes est une leçon que Magali Picard a un peu apprise à ses dépens lorsqu’elle guidait les touristes dans sa réserve.

«On leur demandait de remplir un formulaire à la fin sur ce qu’ils avaient apprécié ou moins. Souvent, c’était positif, mais j’étais un peu blessée par ceux qui l’étaient moins, parce qu’on n’était pas resté assez à un endroit par exemple. On s’ajustait toutefois par la suite pour être meilleurs», raconte-t-elle.

Des conflits de travail surviennent pourtant encore aujourd’hui à cause de ce manque de communication, constate-t-elle, autant de la part des employés que des dirigeants.

Prendre conscience de ce phénomène tôt dans son parcours sur le marché du travail lui a permis de miser sur «la communication honnête, en étant très franc sur ce qu’on a besoin pour être performant, et pour que l’autre, comme le patron, précise ses attentes de performance».

Ça lui a aussi donné les outils pour comprendre ce qu’elle maîtrise le plus ou le moins, et s’améliorer.

«L’été suivant, je demandais carrément à mes groupes si la planification que j’avais faite répondait à leurs attentes. Quand j’allais avec ce que le groupe proposait, les réponses au sondage reflétaient leur satisfaction», rapporte-t-elle.

Bien souvent, elle n’avait pas besoin d’apporter d’importants changements, mais le seul fait d’avoir été à l’écoute de leurs besoins, de leur donner l’impression d’avoir été entendus bonifiait leur expérience.

Et cette habitude, elle l’a gardée dans chacun des emplois qu’elle a obtenus par la suite, demandant à son ou sa leader une rencontre pour d’une part partager ses forces et ses faiblesses, mais aussi pour mieux comprendre qu’elles étaient les attentes à son égard. Ça lui a bien servi, croit-elle.

Elle conseille d’ailleurs aux jeunes de faire de même, mais aussi de se faire confiance, de se donner une chance, et de ne pas hésiter à nommer ses inquiétudes.

«Il n’y a personne de parfait dans les milieux de travail. On doit plutôt y arriver avec une ouverture et une volonté d’apprendre. C’est normal d’avoir des choses à apprendre sur le travail d’équipe, sur les bureaux, c’est un premier emploi.»