«Nous sommes restés extrêmement forts tout au long de cette crise», indique le président et chef de la direction de BRP, Josée Boisjoli. (Photo: Maxime Juneau)
BLOGUE INVITÉ. Ayant grandi sur une ferme dans la petite ville de Wickham dans le Centre-du-Québec, José Boisjoli a conduit sa première motoneige à l’âge de 10 ans. Ce fut le début d’un parcours qui l’a mené à devenir le président et chef de la direction de Bombardier Produits récréatifs (BRP), l’entreprise canadienne propriétaire des marques de renommée mondiale Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am.
«Nous vendons de l’expérience, dit celui qui s’est joint à BRP en 1989. La beauté de nos produits, c’est que lorsque vous conduisez une motoneige, un trois roues ou une motomarine sur le lac, vous faites le vide. C’est incroyable comme on se détend.»
Le siège social de BRP est situé à Valcourt, le berceau de la première motoneige. Depuis sa séparation de Bombardier en 2003, la société a redéfini la façon dont des millions de personnes profitent du plein air. Ses huit gammes de produits sont vendues par plus de 3 500 concessionnaires dans 127 pays et comptent environ 15 000 employés dans 26 pays.
Le manufacturier offre un choix impressionnant de marques de sports motorisés et de produits nautiques, dont les motoneiges Ski-Doo et Lynx, les motomarines et les pontons Sea-Doo, les véhicules Can-Am, les bateaux de pêche Alumacraft et Quintrex, et les pontons Manitou. Les moteurs Rotax alimentent tous ces véhicules, y compris les karts et les avions légers de BRP.
José Boisjoli décrit ces produits comme une «thérapie pour les sports motorisés» , et ajoute qu’il a rencontré certains de ses meilleurs amis en les conduisant.
«Je les utilise tous, déclare-t-il. En hiver, j’opte pour la motoneige, mais le véhicule à trois roues est une façon très agréable de se détendre, et tous nos produits sont plaisants à conduire.»
Avec les efforts grandissants pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, certains lacs en Amérique du Nord ont restreint l’utilisation des moteurs à combustion. Selon José Boisjoli, l’émergence de l’électrification dans tous les secteurs du transport et la popularité croissante des bateaux électriques ont créé de «nouveaux marchés» pour BRP. L’entreprise a d’ailleurs annoncé plus tôt cette année qu’elle compte électrifier sa gamme de sports motorisés d’ici la fin de 2026.
«En mars dernier, nous nous sommes engagés à investir 300 millions de dollars pour électrifier nos produits, dit José Boisjoli. Il y aura des modèles dans chaque gamme de produits qui seront proposés avec une propulsion électrique.»
«Quand vous êtes dans les bois ou sur le lac, la prise peut être assez éloignée, illustre-t-il. Nous prévoyons donc qu’un agriculteur qui utilise un véhicule côte à côte ou un VTT serait heureux d’acheter un modèle électrique. Cependant, un chasseur qui part pour une semaine dans les bois ne le ferait probablement pas.»
BRP a élargi à la fois sa portée géographique et sa collection. Son chiffre d’affaires, d’abord attendu à 6 milliards de dollars (G$), devrait atteindre 8,5 G$ cette année. La société compte élargir sa division marine, une industrie qui devrait doubler d’ici 2025 et tripler d’ici la fin de la décennie, en redessinant sa gamme complète de bateaux.
«Nous tenons à innover plus que la concurrence, en poussant la technologie et en concevant la meilleure maniabilité, la meilleure performance et le plus beau produit, affirme José Boisjoli. Malgré la COVID-19, attendez-vous à plus de produits de notre part au cours des trois prochaines années que ce que nous avons fait au cours des trois dernières.»
Une société résiliente
La crise financière de 2008 aura non seulement façonné son style de leadership, mais aussi sur la culture de son entreprise, qui sait maintenant comment affronter les défis.
«En 2008, les ventes dans notre secteur se sont effondrées de 50%, rappelle-t-il. Nous avions beaucoup d’apprentissages à faire, et nous avons mis ces leçons sur papier. Lorsque la crise de la COVID-19 est survenue en mars 2020, nous avons ressorti cette fiche, et nous avons appliqué notre recette.»
«Nous sommes restés extrêmement forts tout au long de cette crise parce que nous savons comment bien travailler ensemble, reconnaît le PDG de l’entreprise. S’il y a une chose que je pense que nous avons mieux réussie cette fois, c’est la communication.»
Le confinement et les restrictions sur les voyages ont joué un rôle dans la montée des nouveaux acheteurs de produits BRP, dont le taux de croissance est passé de 20% à 42% au cours du dernier trimestre financier, selon José Boisjoli.
Le manufacturier a fermé toutes ses usines pendant deux mois et vécu une remise à zéro qui lui a permis d’envisager l’entreprise différemment. L’intérêt généralisé pour la redécouverte des grands espaces a largement profité à l’industrie.
«Les gens préféraient aller en Europe pendant deux semaines plutôt que d’acheter une motoneige, souligne le président. À présent, ils découvrent le plaisir de la motoneige, et ils en parlent à leurs amis. L’industrie est rafraîchie, et tout le monde pense à de nouvelles possibilités de faire les choses.»
Karl Moore et Stéphanie Ricci. Karl est professeur agrégé dans la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Stéphanie est étudiante en journalisme à l’Université Concordia.