Trop souvent, on consulte Facebook pour rien... Photo: DR
Au travail, à la maison, qui d’entre nous ne consulte pas ses pages Facebook, Twitter et autres LinkedIn? Pour s’informer, bien entendu, n’est-ce pas? Pas pour tuer le temps – ô que non! –, ça va de soi…
Bon. Soyons honnêtes, et reconnaissons-le franchement : oui, nous consultons nos médias sociaux souvent pour rien, sans que cela ne nous soit d’une véritable utilité.
La question saute dès lors aux yeux : quel impact cela a-t-il vraiment sur nos vies, tout ce temps passé sur les médias sociaux?
Eh bien, il se trouve que j’ai la réponse à cette interrogation existentielle! Si, si… Je l’ai dénichée dans une étude passionnante, intitulée The welfare effects of social media et signée par deux professeurs d’économie: Hunt Allcott, de l’Université de New York (États-Unis), et Matthew Gentzkow, de Stanford (États-Unis), lequel était assisté de ses étudiants Sarah Eichmeyer et Luca Braghieri. Une étude qui montre que l’impact est complètement fou! Regardons ça ensemble…
Les quatre chercheurs ont demandé à 2.844 utilisateurs américains de Facebook (chacun d’eux consultait leur page au moins 15 minutes par jour) de bien vouloir se prêter à une expérience radicale : arrêter du jour au lendemain de consulter Facebook durant un mois entier. L’idée était simple : regarder si cette interruption avait la moindre conséquence sur des pans fondamentaux de leur vie (ex. : leur humeur, leur façon de s’informer, etc.)
Seulement 2% des participants ont craqué, et ont repris leur consultation régulière de Facebook avant la fin des quatre semaines. Les autres – une prime était à la clé – ont tenu jusqu’au bout. Résultats pour ceux-ci? Asseyez-vous bien avant de lire ce qui suit :
– 60 minutes libérées. Ne plus consulter Facebook leur a permis de libérer en moyenne 60 minutes par jour. Oui, vous avez bien lu : ils ont ainsi gagné 1 heure par jour. Qu’ont-ils fait de cette heure gagnée? Pour l’essentiel, ils ont alors davantage regardé la télé et, surtout, davantage passé de temps avec leurs proches (famille et chums).
– Plus ouverts d’esprit. Cela les a également amené à moins s’informer sur l’actualité (pour ceux qui ne le savent pas, Facebook est devenu le 3e média par lequel les gens s’informent au Québec, il arrive derrière la télévision (72%) et la radio (48%), avec un taux d’utilisation de 40%, et donc, devant les quotidiens d’information (32%), selon les données de NETendances). Leur consommation de nouvelles a, du coup, reculé d’en moyenne 15%.
Cela peut sembler une mauvaise chose : il n’est jamais souhaitable de moins s’informer. Mais en fait, ça a eu un effet… positif! En effet, leurs idées politiques sont alors devenues moins tranchées, voire moins polarisées.
Autrement dit, le simple fait de ne plus être en contact régulier avec les opinions véhiculées par leurs «amis Facebook» – en vérité, par les algorithmes de Facebook qui privilégient dans nos fils d’actualités les opinions semblables aux nôtres, et qui, donc, filtrent celles qui nous amèneraient à réfléchir, voire à douter de nos idées reçues – les a amenés à être plus ouverts d’esprit.
[Source: The welfare effects of social media, 2019.]
– Plus heureux. L’interruption d’un mois a suffi pour que les participants ressentent un plus grand bien-être dans leur quotidien. Certes, la différence n’a pas été exceptionnelle, mais l’amélioration a tout de même été «significative», en particulier en termes de «bonheur ressenti, de satisfaction dans la vie, de dépression et d’anxiété».
– Moins dépendants. Les chercheurs ont eu l’heureuse idée de regarder discrètement ce qu’avaient fait les participants après l’expérience : avaient-ils repris leurs anciennes habitudes par rapport à Facebook, ou pas? Il se trouve que, «plusieurs semaines plus tard», la plupart d’entre eux avaient diminué leur «consommation» de Facebook d’en moyenne 12 minutes par jour, soit une baisse d’environ 23%. Autrement dit, arrêter un mois, ça permet de devenir moins dépendant, et de diminuer sa consommation de manière conséquente et durable.
Renversant, n’est-ce pas? Si l’on arrête totalement de se servir de Facebook durant un mois entier, on gagne une heure par jour, on est plus ouvert d’esprit, on est plus heureux et on devient moins dépendant! Excusez du peu…
Maintenant, imaginez les effets que cela pourrait avoir si on arrêtait définitivement de consulter Facebook…
Un rêve utopique? Détrompez-vous! Demandez aux ados autour de vous le temps qu’ils passent sur Facebook, et vous verrez qu’ils vont vous rire au nez : «Quoi? Facebook? C’est un truc de vieux, ça!» Eh oui, la génération Z ne ressent aucunement le besoin d’avoir une page Facebook.
Ce n’est pas tout. Saviez-vous que des célébrités ont récemment supprimé leur page Facebook? Tenez, en voici quelques exemples :
– Elon Musk, le PDG de Tesla et SpaceX;
– Brian Acton, le cofondateur de WhatsApp, qui a été rachetée par Facebook;
– Steve Wozniak, le cofondateur d’Apple;
– Le chroniqueur techno Walt Mossberg;
– La journaliste politique Kasie Hunt, de NBC;
– Meghan Markle, qui a suivi ainsi l’initiative de son mari, le prince Harry;
– Le chanteur Sam Smith;
– Le chanteur Ed Sheeran;
– L’acteur Jim Carrey.
Alors? Qu’allez-vous faire, à présent? Tenter l’expérience, et arrêter Facebook pendant un mois? Et noter après tout ce que cela aura changé dans votre vie? Hum… Trouvez-moi maintenant une bonne raison d’hésiter.
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