«En matière de pratique de gestion des ressources humaines, on est moins innovants que les banques.» (Photo: DR)
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RHÉVEIL-MATIN. «Dans le secteur culturel, en matière de pratique de gestion des ressources humaines, on est moins innovants que les banques.»
Voilà un constat «plutôt dur» fait par la directrice des ressources humaines d’une grande organisation qui a profondément marqué Pascale Landry, directrice de Compétence Culture, lors d’un atelier pour contrer les effets de la pénurie de main-d’œuvre sur leur secteur.
À la sortie d’une pandémie qui a foncièrement affecté ses artisans, le milieu culturel a mené un réel «examen de conscience» pour tenter d’identifier des pistes de solutions qui lui sont propres.
Un an plus tard, le comité sectoriel de la main-d’œuvre a publié un plan d’action qui «repose sur une cohésion du milieu de disciplines artistiques qui n’ont pas les mêmes défis, mais qui se sont penchées sur les enjeux communs». Une première, d’après la directrice générale.
Nombreux sont les chantiers que l’industrie doit mener afin de fidéliser ses travailleurs et en attirer. Les revenus sont parfois instables, les conditions sont exigeantes et stressantes et le harcèlement ne lui est pas étranger.
De plus, les métiers qui ne lui sont pas propres, comme les responsables de la communication par exemple, peuvent se trouver des emplois dans d’autres secteurs à la rémunération globale plus attrayante.
La saignée pandémique
«Pour les gens de la culture, la pandémie a été une période extrêmement difficile qui a touché le sens profond de ce qu’on fait dans la vie, raconte Pascale Landry. C’était celui qu’on fermait, on sentait qu’on n’était plus important, que l’on n’était plus nécessaire.»
Après l’exode pandémique, les chiffres du comité sectoriel démontrent que déjà, les artisans réapprivoisent le milieu, mais ce n’est pas garant de l’avenir, prévient la dirigeante.
Le monde du travail a changé en trois ans, et avec lui les attentes à l’égard des emplois. «Il faut offrir des conditions de travail correctes et avantageuses, avoir des activités d’intégration. Souvent on doit bosser vite, et on est très occupé. Bien intégrer un employé c’est une étape importante qui est fréquemment escamotée.»
Ce qui nous a préoccupés aussi, c’est de faire davantage attention à notre monde en culture. Ce sont des métiers de sens et de passion, certes, mais on doit protéger nos équipes.
L’art de l’équité, la diversité et l’inclusion
Le Plan d’action pour les ressources humaines en culture met aussi en lumière que les organisations doivent adapter leur technique de gestion afin qu’elles respectent davantage les principes de l’EDI.
«On doit avoir un leadership plus participatif, appelle Pascale Landry. Dans le milieu culturel, d’après nos chiffres, les entreprises dotées d’une telle politique représentent moins de 25%.»
Ce milieu exigeant pour le corps doit tenter d’être plus accessible aux travailleurs qui rencontrent des limitations physiques afin qu’ils puissent contribuer à la hauteur de leur capacité.
Des offres d’emplois centralisées
L’une des embuches que rencontre le milieu culturel, c’est de trouver une plateforme où promouvoir ses offres d’emplois. En effet, les outils traditionnels souvent coûteux sont mal adaptés aux siennes qui sont parfois atypiques.
C’est pourquoi l’une des premières recommandations issues de cette période de réflexion à prendre vie est le lancement d’un guichet unique où toutes les propositions du Québec pourraient être répertoriées, qu’il s’agisse d’un contrat à durée indéterminée, d’une audition ou encore d’une offre de stage.
Depuis le début du mois de septembre, 149 offres d’emplois de 124 entreprises différentes y ont été affichées, attirant près de 24 000 pages vues.
Les chiffres sont modestes, reconnait la dirigeante, qui se réjouit néanmoins de l’engouement et de l’intérêt que cette plateforme suscite alors que peu de promotion structurée a été faite jusqu’à présent.
«Les employeurs, on peut les rejoindre grâce aux membres de Compétence Culture, un regroupement qui couvre l’ensemble des disciplines et des territoires. On travaille aussi à sensibiliser les départements de gestion des ressources humaines dans les grandes organisations culturelles.»
En l’absence d’un tel site web, des réseaux de communication informels ont émergé afin de faire circuler les offres d’emplois. L’association va donc en tirer profit pour y faire de la promotion.
«On risque d’avoir un effet boule de neige», espère Pascale Landry.
Télétravailler ou ne pas télétravailler, telle est la question qui cause des émois dans bien des entreprises en cette rentrée 2023.
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