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Le casse-tête du bonheur au travail

Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑mai 2022

Le casse-tête du bonheur au travail

Pierre Côté a lancé l’indice relatif du bonheur en 2006 et ainsi que celui au travail en 2009. (Photo: courtoisie)

«C’est simple, mais c’est compliqué», résume Pierre Côté en parlant du bonheur au travail et comment le favoriser pour les entreprises, qui font l’objet de son livre Souriez, vous êtes au travail.

«Les gens ne réalisent pas que notre bonheur vient des autres et que celui des autres provient de nous», explique l’auteur et conférencier en entrevue téléphonique.

Dans son ouvrage, il soutient que la « principale raison pour laquelle on se déclare satisfait de son travail est la même que pour la vie en général: le sentiment d’accomplissement ». Celui qui a lancé l’indice relatif du bonheur en 2006 et ainsi que celui au travail en 2009 s’appuie sur toutes les réponses fournies par les participants au fil des ans pour tirer ses conclusions.

Il ajoute qu’un climat de travail sain est l’autre pilier du bien-être au boulot. Plus simple à dire qu’à faire, cependant.

 

Stimuler les relations

Une des clés pour créer un environnement de travail harmonieux et améliorer le niveau de reconnaissance des employés, c’est de les consulter.

« Si je n’écoute pas l’interne, je me prive de 90 % des solutions à apporter, dit Pierre Côté. On ne réalise pas la richesse de notre monde. Il faut être réceptif, même si sur 20 idées soumises, il n’y en a qu’une de bonne. Certains disent que ce n’est pas du temps productif, mais c’est un élément essentiel pour comprendre et améliorer la dynamique au travail. »

Il préconise donc de mettre en place des mécanismes de consultation, comme des forums de discussions et des rencontres fréquentes. Mais il prévient que la démarche doit être « sérieuse et sentie, sinon on se fait vite dévoiler ».

 

Le ping-pong c’est bien, mais…

L’argent ne fait pas le bonheur, dit l’adage. Cela est aussi vrai au travail.

« On travaille pour des sous, mais c’est parmi les facteurs les moins importants sur l’incidence du bonheur au travail, souligne celui qui a déjà été directeur de la recherche chez Léger. En effet, une fois la question salariale réglée, elle n’influence plus vraiment notre quotidien. Elle peut même entraîner le phénomène de prison dorée : on reste dans un emploi qui nous rend malheureux parce que la rémunération est élevée. »

Il argue que la reconnaissance qu’on offre, sans qu’elle soit exigée, est essentielle. « C’est de s’intéresser aux gens, à les renforcer, être à l’écoute, être poli, énumère-t-il. Cela demande de la bienveillance et de la patience, mais c’est payant. »

Il estime que cela est donc beaucoup plus important pour l’ambiance au travail qu’une table de ping-pong, la machine à expresso, une salle d’entraînement ainsi que d’autres installations censées plaire au personnel. Il affirme que tout ceci est du « beau maquillage ».

« Je sais que c’est difficile à lire pour des dirigeants d’entreprise qui ont consacré des efforts et investi de l’argent pour créer ces environnements, écrit-il. Ces initiatives naissent de bonnes intentions, mais en fin de compte, elles agissent un peu comme des “plasters”. Elles aident les décideurs à se donner bonne conscience ou à avoir bonne presse. »

 

Vive l’engagement !

Un des fondements du bonheur, c’est de se sentir engagé. Les PME ont un avantage à ce sujet.

« Dans une grosse organisation, c’est plus difficile de comprendre l’importance de ce que tu fais, affirme-t-il. Plus on est dans les petites entreprises, plus on est proche du pouvoir, donc on a une certaine influence. D’ailleurs, en moyenne, plus l’entreprise est grosse, plus le niveau de bonheur est faible. »

Pour les grandes entreprises, créer de plus petites divisions est une façon efficace, selon lui, de susciter cet engagement et de stimuler le sentiment d’appartenance qui vient avec.

Les entreprises qui développent leurs valeurs, ce à quoi elles aspirent, réussiront plus facilement. La marque employeur est d’ailleurs devenue un critère essentiel d’adhésion pour les millénariaux qui veulent travailler pour une compagnie qui défend certains principes.

Pierre Côté constate que les entreprises ont fait des pas de géants depuis 10 ans pour favoriser le bien-être de leurs employés : « Le bonheur au travail, je le répète, ne fait pas de perdants. Que des gagnants. » Et dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et des préférences de la génération Y, il est impératif pour les entreprises d’y consacrer l’énergie suffisante.