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Le risque de serrer la vis aux incorruptibles télétravailleurs

Catherine Charron|Publié le 07 août 2023

Le risque de serrer la vis aux incorruptibles télétravailleurs

À partir du 7 août, Citigroup imposera des conséquences aux employés qui travaillent trop souvent de la maison. (Photo: 123RF)

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RHÉVEIL-MATIN. Vous tentez de rapatrier au bureau vos employés, mais ceux-ci préfèrent bosser depuis le confort de leur domicile? Vous pourriez suivre l’exemple de l’institution financière Citigroup qui, à compter d’aujourd’hui, surveillera de près le lieu de travail quotidien de ses salariés britanniques.

Dans une note interne qui leur a été envoyée le 28 juillet dernier, que le Business Insider a pu consulter, la société a clairement indiqué son intention d’épingler les incorruptibles télétravailleurs qui pourraient bien se faire coller des mesures disciplinaires pour avoir contrevenu à sa politique.

Ceux-ci doivent donc faire acte de présence au bureau à raison de trois jours par semaine, sans quoi ils pourraient voir leur bonus s’effriter, ou même se faire montrer la porte.

Si les entreprises québécoises peuvent lui emboiter le pas, gare aux conséquences négatives que cela pourrait avoir sur leur taux de roulement, prévient l’avocate spécialisée en droit de l’emploi et du travail et CRHA, Catherine Biron.

«Plusieurs employeurs sont à ramener de façon plus importante leurs employés en présence sur les lieux de travail, confirme l’associée chez Langlois Avocat par écrit. La pandémie n’a pas fait naître un droit acquis de pouvoir faire du télétravail, et encore moins à temps plein.»

Tout comme pour les travailleurs de Citigroup, seuls ceux qui se sont entendus avec l’employeur à l’embauche «ou dans le cadre d’ententes spécifiques» comme «une convention collective, une politique, ou une entente individuelle» ne sont pas contraints de se plier aux exigences de l’organisation en matière de retour au bureau.

Autrement, en raison de son droit de gérance, rappelle Catherine Biron, une entreprise peut forcer ses salariés à être plus souvent dans leurs espaces de travail.

«Comme corollaire, cela signifie qu’il peut vérifier si ses employés respectent la consigne de se présenter au travail, et prendre les mesures raisonnables en cas de défaut, ajoute l’avocate. Selon le cas, ces mesures pourraient être disciplinaires, car le refus de se présenter sur les lieux de travail, s’il s’agit d’une exigence, constituerait de l’insubordination.»

Les fréquentes absences du bureau pourraient donc être un motif suffisant pour réduire la taille d’un bonus octroyé à un salarié par exemple.

 

Mise en garde

L’un des objectifs de ces mesures plus sévères, c’est de «retisser les liens entre les membres de leurs équipes», estime la juriste.

Or, bien que le bâton soit permis par la loi, il peut avoir de malheureuses conséquences sur le taux de roulement d’une organisation.

Catherine Biron ajoute que «le cas des employés qui se sont vu consentir le droit au télétravail se gère de façon différente et commande une analyse de légalité spécifique, afin d’éviter que la consigne du retour au bureau, ou les sanctions en cas de défaut ne constituent un congédiement déguisé au sens de la loi.»