Le rizz, c’est le charisme. C’est la capacité de plaire, de séduire, de s’imposer tout en douceur. (Photo: Wocintechchat pour Unsplash)
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Q. — «J’ai pour ambition de faire une belle rentrée, en me montrant hyper productif, mais sans pour autant agir en «téteux de boss». Comment y parvenir?» – Matéo
R. — Cher Matéo, un terme à la mode auprès de la génération Z (grosso modo les personnes nées entre 1995 et 2010) peut se révéler d’un grand secours pour vous, me semble-t-il. Il a été désigné mot de l’année en 2023 par l’Oxford English Dictionary. Il s’agit de «rizz». Regardons ça ensemble.
Le rizz, c’est le charisme. C’est la capacité de plaire, de séduire, de s’imposer tout en douceur. C’est par exemple être écouté quand on parle, ou bien influencer en toute simplicité.
La bonne nouvelle, c’est que le rizz, comme toute faculté, peut s’apprendre et se cultiver. Bien entendu, le rizz peut sembler inné chez certains, tant il leur est facile, entre autres, d’afficher une grande confiance en eux-mêmes et, par contagion, de donner aux autres davantage confiance en eux-mêmes. Mais en vérité, chacun de nous peut faire preuve de rizz, et surtout, le développer par une pratique régulière.
Comment s’y prendre? Voici plusieurs pistes à envisager d’emprunter, Matéo.
Dans son livre «Supercommunicators», Charles Duhigg indique qu’avoir du charisme, et donc du rizz, ça revient la plupart du temps à susciter un état chez les autres. Il s’agit donc de «favoriser la connexion» et de faire en sorte que nos interlocuteurs se sentent «charmants, intéressants ou drôles».
D’où sa suggestion de «souvent poser des questions profondes, mais pas indiscrètes», qui suscitent des réponses significatives et révélatrices. L’idée est de faire vibrer une corde sensible chez autrui, par exemple en abordant un sujet qui l’intéresse grandement, voire personnellement. Puis, de se montrer à l’écoute, avec la plus grande attention. De se mettre en phase avec la vibration d’autrui.
Autrement dit, faire preuve de rizz, ce n’est pas nécessairement dans la façon dont on parle, mais plutôt dans la façon dont on pose des questions.
On le voit bien, l’écoute est primordiale. D’où l’intérêt de toujours mettre un point d’honneur à retenir ce que les autres vous confient, surtout s’il s’agit d’informations personnelles. Retenez les dates de naissance de vos collègues, les prénoms de leurs enfants, le point commun particulier que vous avez avec eux (un diplôme de la même université, une passion pour la philatélie ou la télésérie «Stat», etc.). Et si jamais votre mémoire vous fait parfois défaut, n’hésitez pas à prendre des notes dans une application.
Mieux, provoquez les confidences aussi souvent que possible. Une bonne astuce pour cela consiste à arrêter de consulter votre cellulaire à tout bout de champ au travail pour plutôt porter votre attention à ceux qui vous entourent. Intéressez-vous sincèrement aux autres, prenez cinq minutes avec quelqu’un dès que l’occasion se présente. Un beau défi en ce sens: efforcez-vous chaque jour d’entamer une discussion avec trois personnes différentes, prises au hasard; mine de rien, cela donnera une rare profondeur à vos contacts professionnels et pourra même élargir votre réseau de connexions de manière exponentielle.
Ce faisant, n’ayez pas peur de commettre une maladresse, et ne tentez pas non plus de dissimuler vos imperfections aux autres. L’idée est de vous montrer réellement authentique, car c’est ce qui inspire vraiment confiance à autrui.
La coach américaine Henna Pryor est l’auteure du livre «Good Awkward», qui porte sur la manière d’accepter sa maladresse dans le cadre du quotidien au travail. «La maladresse n’est pas une faiblesse à corriger, c’est votre plus grand atout pour votre développement professionnel», estime-t-elle. De fait, accepter notre maladresse est essentiel pour pouvoir nous montrer plus confiants en nous-mêmes, voire plus audacieux. Et donc, pour être en mesure d’exprimer notre plein potentiel au travail.
«Songez à un collègue que vous appréciez bien, illustre-t-elle. Je suis sûre que celui-ci est sympathique, ouvert, prompt à rire de lui-même. Il fait des erreurs, il trébuche, et il s’en amuse avec vous. Sa maladresse lui donne l’occasion, quand on y regarde bien, de créer des moments complices et chaleureux avec vous et d’autres; et ça, vous le ressentez sans nul doute comme un immense soulagement: vous aussi, vous avez le droit d’être maladroit, réalisez-vous alors inconsciemment.»
Bref, Matéo, misez sur le rizz afin de plaire naturellement aux autres. Car ces derniers ne vous verront dès lors pas comme un «téteux de boss» en raison du fait que vous donnez votre 110% à la rentrée. Bien au contraire, ils vous percevront comme un collègue abordable et attachant, pour ne pas dire inspirant.
En passant, le biologiste français Jean Rostand a dit dans «Pensées d’un biologiste»: «Plaire à la foule, c’est plaisir à un seul».