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Leaders, comment parlez-vous à votre équipe?

Olivier Schmouker|Publié à 08h07

Leaders, comment parlez-vous à votre équipe?

(Photo: 123RF)

MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudisVous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca

Q. – «Notre boss est un bon gars, qui a à cœur le succès de l’équipe et de chacun de ses membres, mais il s’y prend tellement mal pour nous diriger… Quand il s’adresse à nous, il prend quasiment un ton de coach d’équipe de hockey! Ça nous donne l’impression d’être des Pee Wee à ses yeux . Comment lui dire de trouver un autre ton, de nous parler demanière plus simple, plus humaine?» – Émilie

R. – Chère Émilie, vous mettez là le doigt sur un écueil récurrent en matière de leadership, à savoir la façon dont un leader doit s’adresser à son équipe. Car il y a toutes sortes de façons de s’y prendre et il est souvent complexe de trouver la meilleure qui soit. Et pour bien le réaliser, Émilie, je vous propose un petit exercice. 

Fermez les yeux afin de visualiser le meilleur boss que vous ayez eu. OK. Refermez les yeux et visualisez le pire. Parfait. À présent, répondez à la question suivante: qu’est-ce qui les distingue, selon vous? Je ne connais pas votre réponse, mais je suis convaincu qu’entre en jeu, dans l’un des points principaux qui les distingue, la communication. Pour une raison «mystérieuse», elle passait bien chez lui et mal chez l’autre. 

Mystérieuse? Hum, pas vraiment. Je m’explique…  

À la lecture du livre «The communication book – 44 ideas for better conversations every day» de Mikael Krogerus et Roman Tschäppeler, j’ai réalisé qu’une des clés cruciales d’une bonne communication est que les paroles se doivent d’être en adéquation avec les actions. Il faut à la fois dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit. Sans quoi, on risque d’avoir un leadership défaillant, pour ne pas dire déficient. 

Je me suis amusé à traduire cela par un schéma ultra simple, qui range les leaders en quatre catégories en fonction de leurs paroles et de leurs actions envers les gens qu’ils dirigent. Un schéma qui montre, par exemple, qu’il y des leaders qui sont de grandes gueules, mais de petits faiseurs…

Je vous laisse libre, Émilie, de déterminer s’il y a là de meilleurs leaders que d’autres. Mon but à travers ce schéma n’est pas vraiment d’indiquer que certains styles de leadership valent mieux que d’autres, mais plutôt de montrer que pour être un «grand leader», il convient de coller au style qui est le sien. Par exemple, on peut considérer Poutine comme un «grand leader» en raison du fait que ses paroles et ses actions collent bien à son style, en l’occurrence celui d’un loup dans une peau de loup.  

Selon ce que vous m’indiquez, Émilie, le problème de votre boss, c’est que sa manière de communiquer ne correspond pas à son style de leadership. Il ne se place pas dans la bonne case de mon schéma. Et le jour où il le fera, la communication passera mieux, à n’en pas douter. 

Dans leur livre, Mikael Krogerus et Roman Tschäppeler donnent un truc pour mieux accorder ses paroles à ses actions: il suffit de se mettre à «parler à autrui comme nous aimerions qu’on nous parle». Et donc, «de manière respectueuse, simple et directe».  

Les deux auteurs donnent trois conseils à cet égard. 

  1. Ne critiquez pas 

«Certes, votre rôle de leader vous impose de donner l’heure juste aux membres de votre équipe, notent-ils. Mais ce n’est pas une raison pour critiquer les uns et les autres. Votre objectif doit être d’aider chacun à progresser et à atteindre ses objectifs individuels et collectifs, de vous montrer constructif, et surtout pas cassant. À ce sujet, veillez à toujours utiliser le «nous», pas le «tu», à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un revers ou d’un échec.» 

  1. Complimentez 

«Une tape dans le dos, un mot d’encouragement, ça peut suffire pour dynamiser une personne à court et moyen terme, disent-ils. Mais à condition, bien entendu, que cela soit judicieux. L’important est donc de trouver le bon timing pour complimenter quelqu’un.» 

  1. Montrez l’exemple 

«Si la gentillesse et la ponctualité sont importantes pour vous, montrez-vous gentil et ponctuel, ajoutent-ils. Donnez le ton, mettez en avant vos valeurs, montrez l’exemple. À noter que cela va aussi avec vos propres faiblesses: ne cherchez pas à les masquer, faites-en part à votre équipe en toute transparence, ça enlèvera un poids à chacun. Car, c’est bien connu, personne ne peut être bon en tout.» 

En suivant ces trois conseils, il peut devenir possible de se positionner dans la bonne case, celle qui est en adéquation avec son style de leadership. Dès lors, tout ce qu’on dira sonnera juste. Et la communication passera bien, à tout le moins mieux qu’auparavant. 

Voilà, Émilie. Montrez cette chronique à votre boss, je suis sûr qu’elle devrait l’intéresser. Et si jamais vous craignez qu’il ne le prenne mal, contentez-vous de l’afficher sur le babillard à proximité de la distributrice à café; je suis prêt à parier que ses yeux tomberont dessus et qu’il la lira de A à Z.  

En passant, le philosophe français Louis Lavelle a dit dans «L’Erreur de Narcisse»: «Le plus grand bien que nous faisons aux autres hommes n’est pas de leur communiquer notre richesse, mais de leur révéler la leur».