Faire une micro-pause permet de regagner en tonus et en énergie. (Photo: Claudio Schwarz pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Au travail, je ressens le besoin de faire des petites pauses dans la journée, surtout après avoir accompli une tâche exigeante. Mais je me sens toujours un peu coupable: j’ai peur que quelqu’un considère que je passe mon temps à éviter de travailler. Comment m’ôter cette foutue culpabilité?» – Ronald
R. – Cher Ronald, si vous ressentez le besoin de faire des pauses, c’est que votre corps et votre cerveau le réclament. Et vous avez bien raison de les écouter. Pour preuve, une étude assez récente pilotée par Patricia Albulescu, chercheuse au département de psychologie de l’Université de l’Ouest de Timoșoara, en Roumanie.
Aidée de cinq autres chercheurs roumains, Patricia Albulescu a effectué une méta-analyse d’études scientifiques sur les pauses au travail, plus spécifiquement sur les micro-pauses, lesquelles ont une durée égale ou inférieure à 10 minutes. L’objectif était simple: voir si les micro-pauses effectuées au travail ont un effet réel sur la vigueur, le niveau de fatigue et la performance des travailleurs, ou pas.
Les résultats sont éloquents.
– Les micro-pauses ont un effet statistiquement significatif, mais faible, sur la vigueur. Elles permettent donc bel et bien de retrouver un peu de tonus.
– Elles ont également un effet statistiquement significatif, mais faible, sur le niveau de fatigue. Elles permettent donc de regagner un peu en énergie.
– Elles n’ont aucun impact significatif sur la performance. Ce qui signifie – point crucial – que prendre une pause ne nuit en rien: la performance globale du travailleur ne va pas être moindre parce qu’il a pris 10 minutes de pause, parce qu’il aura travaillé 10 minutes que moins qu’en temps normal. Au final, la performance sera la même.
Autrement dit, les micro-pauses sont bénéfiques pour le bien-être du travailleur et ne nuisent aucunement à sa performance globale. Il n’y a par conséquent, Ronald, aucune raison de culpabiliser!
Maintenant, votre culpabilité tient, j’imagine, surtout au fait que vous craignez que des collègues vous voient et se mettent à parler dans votre dos, voire que votre propre boss ne le remarque lui-même et vous convoque à ce sujet dans son bureau. Il convient donc de faire un travail d’éducation sur les bienfaits des micropauses auprès de vos collègues et de votre boss. Ce que préconisent d’ailleurs Patricia Albulescu et son équipe dans leur étude: «Les managers peuvent grandement contribuer au bien-être des salariés rien qu’en les encourageant à prendre des micropauses, notent-ils. Un tel engagement des dirigeants est d’autant plus pertinent que nombre d’employés perçoivent les pauses comme un comportement contre-productif».
Bref, je vous invite, Ronald, à installer une copie de cette chronique sur le babillard de votre organisation, non loin de la distributrice de café. Et mieux, à en parler en personne avec votre boss, pour lui proposer d’en faire l’objet d’une courte discussion lors de la prochaine réunion d’équipe. Votre sempiternelle culpabilité devrait en être vite apaisée.
En passant, l’écrivain autrichien Stefan Zweig a dit dans «La Confusion des sentiments»: «La pause, elle aussi, fait partie de la musique».