Un vrai leader sait faciliter le changement. (Photo: Towfiqu Barbhuiya pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Je viens de prendre la tête de l’équipe du marketing d’une entreprise née de la fusion de deux entreprises qui étaient jusqu’alors concurrentes. Cela signifie que les membres actuels de l’équipe ont perdu des collègues de longue date et doivent maintenant travailler avec d’autres qu’ils ne connaissent pas. Je sens que la confiance ne règne pas, d’autant plus que ni les uns ni les autres n’ont déjà travaillé avec moi. Que dois-je faire pour bâtir une équipe unie et solide?» – John
R. – Cher John, en tant que leader, il vous faut inspirer confiance, car cela insufflera automatiquement de la confiance au sein de votre nouvelle équipe. Et si cela peut vous rassurer, sachez que vous n’êtes pas le seul leader confronté à ce problème: un récent sondage du cabinet-conseil en management Gallup montre qu’en Amérique du Nord seulement 21% des employés sont «tout à fait d’accord» pour dire qu’ils ont confiance en leur entreprise et ses dirigeants. Oui, seulement 1 employé sur 5 estime que les hauts dirigeants et les gestionnaires se soucient vraiment de leur bien et de leur avenir professionnel. On peut donc parler d’une véritable crise de confiance des travailleurs envers les employeurs…
La bonne nouvelle, c’est qu’une étude de Gallup a mis au jour le fait que les dirigeants ont moyen de corriger le tir, avec des résultats spectaculaires: dès lors qu’un leader met en œuvre trois actions spécifiques, 95% des employés dont il a la responsabilité se mettent à lui faire confiance! Oui, vous avez bien lu: 95%.
Quelles sont donc les trois actions spécifiques en question? C’est ce que je me propose de vous indiquer, John.
1. Communiquer, communiquer et encore communiquer
En 2020, au tout début de la pandémie, les dirigeants d’entreprise se sont retrouvés au pied du mur: il leur a fallu donner l’heure juste aux employés, et leur indiquer clairement la gravité de la situation.
Nombre d’entre eux ont été honnêtes sur ce qu’ils ne savaient pas. Ils sont devenus vulnérables: ils ont admis ouvertement qu’ils n’avaient pas de réponse appropriée face à l’inconnu. Et ils ont écouté activement leurs travailleurs de première ligne, en leur disant humblement «Indique-moi ce qui se passe et ce dont tu as besoin pour faire ton travail».
Résultat? Un «incroyable» 55% des employés nord-américains ont alors salué la communication claire et transparente de leurs leaders, et ont ainsi dit avoir confiance en eux. Un tel niveau de confiance était du jamais vu.
D’où l’intérêt de communiquer, communiquer et encore communiquer. Et ce, sachant qu’une bonne communication est toujours à double sens: il faut savoir parler, mais aussi écouter.
2. Chérir l’avenir
Ce qui inspire confiance, c’est un leader qui sait où il va, l’explique aux autres et se donne les moyens pour y parvenir tous ensemble. C’est donc un leader qui croit en l’avenir. Mieux, un leader qui chérit l’avenir, c’est-à-dire qui vibre à l’idée d’un avenir meilleur.
Le hic? Seulement 18% des employés croient que c’est aujourd’hui le cas des hauts dirigeants et des gestionnaires de leur entreprise.
Il est, par conséquent, crucial pour tout leader digne de ce nom d’établir un plan inspirant pour l’ensemble des membres de son équipe. Ce plan doit s’appuyer sur les valeurs de l’entreprise. Il n’a pas besoin d’être hyper détaillé, pourvu qu’il ait un sens, un objectif principal ainsi que des étapes claires et réalistes.
La clé est de bien le présenter et d’ensuite veiller à garder le cap, sachant, bien entendu, qu’il convient de savoir s’ajuster en fonction des aléas rencontrés en chemin. Ce qui peut se faire à condition de respecter trois mantras de tout leader digne de ce nom: «Je sais où nous allons», «Voici ce que nous devons faire pour y arriver» et «Voici où nous en sommes dans notre progression».
3. Faciliter le changement
Travailler et progresser ensemble revient fort souvent à évoluer ensemble. Et donc, à effectuer un changement ensemble. Voilà pourquoi l’un des rôles fondamentaux du leader consiste à faciliter le changement.
D’ailleurs, l’étude de Gallup montre que lorsqu’un gestionnaire facilite le changement, les membres de son équipe sont 11 fois plus susceptibles d’embrasser avec succès le changement effectué que les membres d’autres équipes. Et ce, parce que l’attitude du leader insuffle de la confiance en chacun.
Maintenant, comment s’y prend-on pour faciliter le changement? Des experts de Gallup ont établi que cela revenait à suivre sept principes directeurs:
– Formuler clairement la vision du changement
– Impliquer les bonnes personnes
– Communiquer la bonne information au bon moment
– Tenir toujours compte de la résistance au changement
– S’ajuster avec souplesse lorsqu’un imprévu survient
– Célébrer chaque petite victoire, sans pour autant relâcher ses efforts
– Se lancer dans un nouveau changement dès qu’un premier changement a été effectué avec succès
Ces principes peuvent vous paraître évidents et simplistes, mais sachez qu’il n’en est rien: les experts de Gallup ont noté que seulement 1 gestionnaire sur 3 prend la peine de discuter avec chaque membre de leur équipe lorsqu’un changement est amorcé par l’entreprise; ce qui revient à dire que les deux tiers des gestionnaires sabotent, au fond, les principes 1, 2, 3 et 4.
Un dernier élément, histoire de finir de convaincre ceux qui ne verraient toujours pas l’utilité d’expliquer le changement amorcé et d’impliquer les employés dans celui-ci: l’étude de Gallup souligne que lorsque les employés ont l’occasion de commenter le changement en question (poser des questions, suggérer une alternative, proposer des pistes d’amélioration, etc.), ils sont 7,4 fois plus susceptibles de se montrer confiants en la capacité de l’entreprise de réussir l’opération.
Bref, John, communiquez sans discontinuer, chérissez l’avenir et facilitez le changement, la confiance viendra d’elle-même au pas de course.
En passant, l’écrivain allemand Johann Wolfgang von Goethe a dit dans «Faust»: «Si vous avez confiance en vous-même, vous inspirerez confiance aux autres».