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Les Canadiens sont de plus en plus stressés!

Olivier Schmouker|Publié le 30 janvier 2019

Les Canadiens sont de plus en plus stressés!

1 Canadien sur 3 se dit plus stressé au travail qu'il y a 5 ans. Ph.: Shane Rounce/Unsplash

Le stress au travail, ça fait des décennies qu’on en parle, qu’on décortique le phénomène en tous sens, qu’on rivalise d’ingéniosité pour le réduire à néant. Aujourd’hui, il n’y a pas un service de RH, pas une PME, pas un cadre qui ne se préoccupe du stress des employés : c’est à qui installera une salle de méditation au beau milieu du bureau, ou encore offrira un programme de remise en forme physique et psychique, dans l’espoir non seulement de contribuer au mieux-être de chacun, mais aussi d’attirer de nouveaux talents dans leurs rangs.

Bref, le stress au travail, nous ne devrions plus vraiment en entendre parler, de nos jours. Si ce n’est, peut-être, le «bon» stress, celui qui permet aux champions de donner le meilleur d’eux-mêmes lors d’une finale olympique : il est toujours bon, en effet, de se sentir nerveux au moment de présenter en réunion un dossier vital pour l’avenir de l’entreprise, ou bien d’obtenir la signature d’un nouveau client d’envergure.

Mais voilà, il se trouve – tenez-vous bien ! – que le stress… augmente au Canada ! Une étude du cabinet-conseil en ressources humaines Morneau Shepell présente des chiffres a priori ahurissants :

> Plus stressés qu’il y a 5 ans. Le tiers des employés se disent plus stressés qu’il y a cinq ans. Et ce, par leur travail (35%) et par des problèmes personnels (36%).

> Un stress souvent extrême. Le quart des employés (27%) qualifient d’élevé à extrême leur niveau de stress lié au travail au cours des six derniers mois. Du côté des cadres, le pourcentage grimpe à 34%.

Autrement dit, la situation s’aggrave. Pourquoi donc ? Voici l’explication :

> L’isolement. Le sentiment accru d’isolement au travail – la sensation d’être seul, sans chum, ni soutien – est avancé comme la principale explication de l’accroissement de leur stress. Les employés (64%) et les cadres (73%) qui affirment se sentir très isolés au travail sont ainsi plus susceptibles que les autres de ressentir un niveau élevé de stress dans leur quotidien au travail. À noter que 1 employé sur 6 indique avoir éprouvé un sentiment d’isolement au travail qualifié d’élevé à extrême pendant les six derniers mois, et que le quart des employés (23%) et des cadres (24%) disent se sentir plus isolés au travail maintenant qu’il y a cinq ans.

> La peur. Les employés qui ressentent un niveau de stress élevé (79%) et modéré (68%) sont plus enclins que les autres à s’inquiéter qu’un problème de santé mentale ne survienne et ne soit porté à la connaissance de leur employeur. Leur crainte est alors que cela puisse avoir des conséquences sur leur carrière.

> L’absence de reconnaissance. Les employés et les cadres qui ont l’impression que l’entreprise ne reconnaît pas ou ne valorise pas leur contribution sont considérablement plus susceptibles de ressentir un niveau élevé de stress (50% des employés et 55% des cadres) que ceux dont les efforts sont soulignés (21% des employés et 29% des cadres).

Renversant, n’est-ce pas ? Autant d’efforts de la part des RH et autres cadres pour rien, ou presque !

C’est qu’à force de suivre bêtement les différentes modes managériales (ex. : souvenez-vous de cette période incroyable où les entreprises «modèles» étaient celles qui offraient une table de ping-pong ou un baby-foot à leurs employés, croyant que les milléniaux n’étaient que d’éternels gamins…), on en a oublié les fondamentaux, en particulier notre besoin viscéral de connexions au sein d’un écosystème harmonieux. Répétons-le, encore et toujours, les êtres humains sont avant tout des «animaux sociaux», comme le disait Aristote. Oui, des «animaux», et donc, des êtres vivants ayant des besoins vitaux à satisfaire, notamment le besoin d’évoluer dans un environnement pacifié, dénué de tout stress excessif. Et oui, «sociaux», en ce sens que pour nous épanouir, il nous faut absolument autrui : sa présence, son attention, sa bienveillance, pour ne pas dire son amour.

Le hic, c’est que nos environnements de travail actuels favorisent l’isolement, la peur et l’absence de reconnaissance. Ils heurtent l’animal social que nous sommes. Et par voie de conséquence, ils contribuent à l’essor du stress dans notre quotidien au travail.

Que faire ? L’étude de Morneau Shepell n’aborde pas ce point, se contentant de faire le point sur le niveau de stress des Canadiens au travail. Cela étant, elle présente un point fort intéressant : l’optimisme que nous avons quant à une prochaine solution au problème.

De fait, 4 cadres sur 5 (83%) ont la certitude de savoir comment favoriser un milieu de travail sain sur le plan psychologique. Et la plupart des employés partagent ce point de vue, puisque la moitié d’entre eux (51%) considèrent que leurs supérieurs immédiats sont en mesure d’améliorer la situation.

C’est clair, il y a encore du pain sur la planche. Il nous faut trouver des moyens enfin efficaces pour mieux connecter les employés entre eux, pour mieux faire taire leurs peurs, pour mieux souligner leurs efforts. Il nous faut innover en matière d’espaces de travail, d’ambiance de travail et d’organisation du travail. Il nous faut, donc, carrément oser.

Car, disons-le sans ambiguïté, il y a urgence : «Ces derniers temps, les organisations ont priorisé le bien-être des employés et la gestion du stress; pourtant, de plus en plus de personnes se disent stressées au travail. Ce qui est franchement préoccupant. Car le stress détériore la santé physique et mentale – douleurs chroniques, troubles du sommeil,… – et mène, parfois, à la dépression et à l’anxiété», dit Stephen Liptrap, président et chef de la direction, de Morneau Shepell.

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