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Les histoires d’amour de Brigitte Jalbert

Emmanuel Martinez|Édition d'avril 2022

Les histoires d’amour de Brigitte Jalbert

Cette route vers le succès, Brigitte Jalbert le doit en grande partie à son père, qui a su valoriser sa contribution. (Photo: courtoisie)

DES LEADERS ET DES MOTS. À ceux qui doutent d’eux-mêmes, qui cherchent à établir une saine culture d’entreprise ou qui éprouvent des difficultés à gérer leurs affaires familiales, la présidente des Emballages Carrousel, Brigitte Jalbert, ouvre son cœur dans sa biographie La PDG qui ne pensait jamais le devenir.

Dans le récit de cette entreprise familiale de Boucherville qui est devenue le plus important distributeur de produits d’emballage du Québec, cette dirigeante nous plonge dans trois grandes histoires d’amour.

La première pour ses proches, plus particulièrement son père, qui a fondé cette PME en 1971 avec 100 $ dans son compte de banque. L’autre pour Emballages Carrousel, dans laquelle elle a gravi les échelons avant de prendre les commandes en 2011. Finalement, envers elle-même, un long processus tortueux.

 

Apprendre à aimer son entreprise

Brigitte Jalbert n’a pas eu le coup de foudre lorsqu’elle a commencé en 1985 à Carrousel « avec un diplôme en photo, en attendant de me trouver une vraie job ».

Elle avoue que les affaires ne l’intéressaient pas. « La passion et la vocation ne nous tombent pas toujours dessus », mentionne-t-elle.

Du service à la clientèle, en passant par le marketing et les communications, elle apprend peu à peu à adorer cette entreprise, tout particulièrement les gens qu’elle y côtoie.

Cet attachement est en partie le résultat de l’approche de son père et des autres dirigeants qui ont créé un milieu de travail attrayant en étant « bienveillants, altruistes, inclusifs, à l’écoute » et en considérant « chaque personne équitablement ».

Elle soutient que cette culture d’entreprise s’est « basée sur le respect de l’être humain pour ce qu’il est et non pour

ce qu’il fait ».

« La hiérarchie n’est pas ce qui drive nos comportements, note-t-elle. Les portes sont toujours ouvertes. Tous les gestionnaires sont accessibles. […] J’ai toujours cru au pouvoir de mobilisation de l’écoute active et de la bienveillance. »

 

Apprendre à s’aimer

Durant son cheminement, Brigitte Jalbert se sent comme un imposteur. Elle aborde avec candeur son « manque de confiance professionnelle », « les complexes que je me suis inventés parce que je n’avais pas su vers quel domaine d’études ou quelle profession me diriger » et le fait de s’« autoconvaincre

que je n’avais pas ce qu’il fallait pour mériter ma place dans l’entreprise ».

La femme qui approche la soixantaine a dû porter ce poids durant la majorité de sa carrière.

« Trop longtemps, j’ai cru que je ne valais pas grand-chose et que, si je recevais une paye toutes les semaines, c’est que j’étais la fille du président fondateur… En fait, mis à part quelques périodes bien précises, je ne me suis réellement sentie à ma place dans l’entreprise qu’autour de l’âge de 45 ans ! »

Une des clés vers une meilleure estime de soi pour Brigitte Jalbert réside dans la compréhension qu’une personne n’a pas besoin d’être bonne dans tout pour être utile. Sa réussite dépend ainsi des autres membres de son équipe selon elle.

« L’art de bien s’entourer veut aussi dire mettre son ego de côté, voir et accepter ses faiblesses, s’ouvrir aux autres, ne pas craindre de se montrer vulnérable, écouter réellement, juger le moins possible, comprendre que le défi est une façon d’ouvrir son esprit, voir ses erreurs comme des occasions de nous améliorer et de devenir une meilleure version de nous-mêmes. »

 

Prendre la relève de son père

Cette route vers le succès, Brigitte Jalbert le doit en grande partie à son père, qui a su valoriser sa contribution. Elle le considère comme un ami, un confident et un mentor.

« J’adore travailler avec lui. Chaque jour apporte sa discussion, ses apprentissages », dit-elle.

Cette relation profonde s’est cependant détériorée lorsqu’elle s’est rapprochée de la direction. Toujours en croissance, la PME doit alors se transformer pour relever de nouveaux défis. Mais son père vieillissant s’oppose aux changements et rechigne à passer le flambeau. Son humeur se dégrade. Il devient isolé et amer. Ce combat pour le convaincre, pour avoir son assentiment, a été très pénible.

Son père représente le cas classique de l’entrepreneur pour qui son entreprise constituait toute sa vie et qui n’a pas su s’en détacher avant de mourir.

Cette relation ne s’est pas terminée comme Brigitte Jalbert l’aurait souhaité, mais elle continue de porter sa grande affection pour lui en dirigeant les Emballages Carrousel qui engrangent annuellement près de 200 millions de dollars en revenus.

« Je dis souvent que j’ai pris la relève par amour, écrit-elle. Je ne me gêne plus maintenant pour le dire, simplement parce que c’est vrai. On parle de plus en plus de l’authenticité en gestion. J’aime ça. J’aime d’amour, également, les 425 employés de Carrousel. Je le ressens profondément comme ça, c’est une pure vérité. »

 

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Emballages Carrousel

  • Fondée en 1971
  • 425 employés
  • Près de 200 millions de dollars en chiffres d’affaires annuellement
  • 1200 clients desservis quotidiennement