Différents sondages montrent que les Américains jettent un coup d’œil à leur cellulaire entre 50 et 80 fois par jour. (Photo: 123RF)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Dès que j’ai une minute à moi, je consulte mes médias sociaux. C’est devenu un réflexe, y compris au travail: j’en suis au point de suivre dehors les collègues qui vont griller une cigarette pour avoir l’occasion de consulter mon Instagram en toute tranquillité, sans risquer de me faire chicaner par un boss. Y a-t-il un truc pour décrocher un peu ? J’ai peur que ça finisse par nuire à la qualité de mon travail…» – Jade
R. – Chère Jade, vous n’êtes pas un cas exceptionnel. Loin de là. On dénombre aujourd’hui 3,8 milliards d’utilisateurs de médias sociaux, et chacun d’eux y consacre en moyenne 2,5 heures par jour, selon une étude de l’agence de communication britannique We Are Social. Et différents sondages montrent que les Américains jettent un coup d’œil à leur cellulaire «entre 50 et 80 fois par jour», dans la plupart des cas pour consulter leurs médias sociaux.
Est-ce trop? La réponse est évidente: oui. Une récente étude menée par des chercheurs de Microsoft, de l’Université Stanford et de l’Université de New York montre en effet que nous consacrons aux médias sociaux «plus de temps que ce qu’on prévoit et que ce qu’on souhaite». Mieux, elle a mesuré le temps que nous passons à les consulter «par réflexe», sans réfléchir, en sortant d’un geste notre cellulaire de la poche de notre pantalon, de notre veston, de notre sac: 31%.
Oui, le tiers du temps, nous perdons la maîtrise de nous-mêmes, nous agissons comme un automate, comme un intoxiqué qui a besoin de sa petite dose. Je le souligne, le tiers du temps.
Mine de rien, il s’agit d’une bonne nouvelle. Ça signifie qu’il nous suffit de reprendre le contrôle de nous-mêmes pour diminuer drastiquement le temps que nous consacrons aux médias sociaux. Pour faire chuter cette «perte de temps» de 31 %.
Comment ? Chère Jade, je vous propose trois trucs simples et complémentaires :
1. Fixez-vous des plages horaires strictes pour consulter vos médias sociaux.
Il peut s’agir de tranches de 15 à 20 minutes, une fois toutes les deux ou trois heures. L’important est de vous y tenir scrupuleusement. Et donc, de vous interdire à tout prix de sortir machinalement votre cellulaire pour y jeter un coup d’œil à l’improviste, durant la journée.
2. Désactivez vos notifications.
Ce truc est connu, mais vraiment efficace. Car les notifications conditionnent notre cerveau : chaque sonnerie représente une sorte de récompense (« Chouette, quelqu’un pense à moi et m’envoie quelque chose de sûrement intéressant! ») et nous amène à « dégainer » le cellulaire plus vite que notre ombre. Supprimer toutes les notifications — hormis celles liées à votre travail, bien entendu, je ne voudrais pas vous faire perdre votre poste ! — est un cadeau que vous vous faites à vous-même.
3. Séparez-vous physiquement de votre cellulaire.
Dans son livre « Deep Work » (Grand Central Publishing, 2016), le spécialiste des technologies numériques Cal Newport préconise de faire une habitude de se séparer physiquement de son cellulaire. Sans quoi, il parasite notre inconscient, et occupe donc chacune de pensées, même si nous ne le réalisons pas pleinement. C’est pourquoi il peut être bon, dès votre arrivée au bureau, de le brancher à une prise électrique et de le laisser là une heure ou deux. Ou encore, d’inviter les participants à une réunion à déposer leur cellulaire dans un bac commun et à ne le récupérer qu’à la fin de celle-ci. À la clé, un gain en concentration, en efficacité et même en satisfaction au travail.