Les trucs de Geneviève Fortier pour briser les plafonds de verre
Catherine Charron|Mis à jour le 08 novembre 2024Geneviève Fortier, PDG de Promutuel (Photo: courtoisie)
Il y avait un je ne sais quoi d’inspirant à observer des femmes comme Kamala Harris briguer des postes aussi convoités que le siège du Bureau ovale. À celles qui n’osent pas demander cette promotion tant convoitée ou la gestion de nouvelles responsabilités, voici les conseils d’autres femmes qui ont su briser des plafonds de verre.
Ça aura pris près de vingt ans à Geneviève Fortier pour qu’elle puisse atteindre un poste de PDG. Pour une leader issue du département des ressources humaines comme elle, le chemin était loin d’être tout tracé, et elle a dû confondre bien des sceptiques qu’elle a croisés sur sa route.
Son mantra? «Embrasser ses ambitions et se lancer dans le vide avec conviction», dit celle qui mène Promutuel Assurance depuis décembre 2019.
Pour gagner en légitimité, elle a ajouté bien des cordes à son arc en pilotant d’autres départements que ceux des ressources humaines.
«J’en ai dirigé sept différents de mon champ d’études avant de me rendre au poste de PDG, dit Geneviève Fortier sans amertume. Il faut être prête à être souple, à saisir les occasions favorables. Il faut être clair sur la destination, mais agile dans l’exécution. On sait où on veut atterrir, mais on s’adapte pour y parvenir.»
Pendant qu’elle «remplissait son baluchon», elle confirme avoir rencontré à quelques reprises le plafond de verre. Il a parfois pris la forme de collègues qui lui ont entravé la route, d’avis qu’elle n’était pas encore prête à passer à l’étape suivante.
«Je ne pense pas que les gens sont mal intentionnés, mais culturellement, il y avait une aversion au risque», observe celle qui est devenue PDG à 50 ans.
Ce qui lui a notamment mis des bâtons dans les roues vers cette fonction, croit-elle, c’est son profil atypique.
«Il ne faut pas laisser à d’autres le soin de décider pour nous. On doit oser se propulser pour ouvrir ses portes, car elles ne s’ouvrent pas toutes seules. Ça dépend aussi de la culture organisationnelle», reconnaît-elle.
Reconnaître ses qualités
Ce qui lui a permis de garder le cap malgré l’adversité, c’est un savant mélange de confiance en elle et d’humilité.
«Le sentiment d’imposteur naît du fait qu’on sent qu’on n’a pas tout. On pense que c’est ce que tout le monde voit. Pour s’en défaire, c’est important de reconnaître ses forces et ses limites, et d’avoir une stratégie pour les compenser, dit Geneviève Fortier. Ça requiert aussi d’être suffisamment humble pour nommer ce qu’on apporte et demander aux autres de nous aider.»
C’est cette philosophie qu’elle a appliquée chaque fois qu’elle s’est mise à diriger une équipe dont les membres détenaient davantage de compétences techniques qu’elle. Une position qui n’a pas toujours été confortable, concède-t-elle.
D’entrée de jeu, elle braquait les projecteurs sur ses qualités de leader et sa soif de croissance, et sollicitait l’aide de ses collègues dans les dossiers qu’elle maîtrisait moins.
Et lorsque sa stratégie était bien développée et que l’équipe en place était solidement bâtie, Geneviève Fortier savait qu’il était temps de se lancer de nouveaux défis. C’est d’ailleurs là l’un des premiers conseils que sa coach lui a donnés il y a près de 15 ans maintenant.
«Si on veut progresser, il faut accepter de se retrouver plusieurs fois dans l’inconfort. Quand je sais que j’ai apporté ce que je pouvais à mon poste et que je détiens 80% des compétences pour le prochain, c’est suffisant».
C’est pourquoi le refus de McKesson Canada de la nommer à la tête de l’organisation, chez qui elle avait passé plus d’une dizaine d’années et campé de nombreux emplois de direction, ne l’a pas découragé dans sa quête de mener une grande entreprise.
Finalement, c’est du côté de l’assurance, un domaine dans lequel elle n’avait pourtant jamais travaillé, qui lui a permis de réaliser son rêve.
Geneviève Fortier encourage les femmes à faire de même, à oser sortir de leur zone de confort pour atteindre leur objectif.
«J’ai tiré un trait sur l’idée d’avoir un profil parfait pour un rôle. Je me suis prouvée assez souvent que ce n’est pas nécessaire. Personne n’a un chemin facile. Les contes de fées n’existent pas. Il faut se battre pour arriver au sommet, mais on finit par y parvenir quand on y croit».