Les trucs de Pauline Marois pour briser les plafonds de verre
Catherine Charron|Mis à jour le 08 novembre 2024L'ancienne première ministre du Québec, Pauline Marois, exhorte les femmes qui aspirent à gagner de nouvelles responsabilités à avoir davantage confiance en leurs aptitudes. (Photo: Archives Getty Images)
Il y avait un je ne sais quoi d’inspirant à observer des femmes comme Kamala Harris briguer des postes aussi convoités que le siège du Bureau ovale. À celles qui n’osent pas demander cette promotion tant convoitée ou la gestion de nouvelles responsabilités, voici les conseils d’autres femmes qui ont su briser des plafonds de verre.
D’entrée de jeu, l’ancienne première ministre du Québec Pauline Marois exhorte les femmes qui aspirent à gagner de nouvelles responsabilités à avoir davantage confiance en leurs aptitudes.
Celle qui siège désormais à de nombreux conseils d’administration observe qu’encore aujourd’hui, elles en manquent bien souvent. «Elles doutent qu’elles puissent relever les défis qu’on leur confie, qu’elles aient tous les talents et les capacités qu’il faut pour y arriver», fait-elle remarquer.
L’ex-première ministre l’a observé fréquemment lorsqu’elle tentait de solliciter des candidates à se lancer dans la mêlée politique. Malgré leur CV et leurs qualifications «remarquables», les femmes pressenties hésitaient, doutant de leur pertinence.
Ce n’est pas entièrement leur faute, nuance-t-elle: la société remet encore en question leurs capacités, inconsciemment ou pas. «On nous scrute de façon plus intense que les hommes. On va se demander si on a la force qu’il faut, l’agressivité nécessaire pour occuper une telle fonction, si on va résister ou flancher, ou encore, si on est trop émotive», rapporte Pauline Marois.
Les biais cognitifs et les stéréotypes font de l’ombre au potentiel de ces candidates. «Un homme qui pleure a le cœur à la bonne place. Une femme qui pleure est jugée trop émotive. Une femme qui parle fort a souvent une voix plus haut perché. On demande alors si elle n’est pas hystérique. Un homme qui parle fort sera plutôt associé à une figure d’autorité», illustre l’ancienne politicienne.
Savoir s’entourer
C’est que l’Histoire nous a surtout habitués à des archétypes de leaders aux traits qu’on associe habituellement au genre masculin, et dans lesquels les aspirantes leaders ne se retrouvent pas. Malgré les efforts des dernières années pour renverser la vapeur, ces croyances sont encore bien ancrées.
Pour tenter de pallier ce sentiment d’imposture, Pauline Marois s’est assurée de toujours être bien entourée, de miser sur des alliés sur qui elle pourrait s’appuyer là où elle s’estimait un peu moins habile. Ceux-ci doivent aussi pouvoir exercer leur sens critique et souligner les faux pas lorsqu’ils sont commis.
«Ça demande un peu d’humilité, reconnaît la leader. Ça permet de décupler nos capacités, d’optimiser ce que nous sommes capables de faire», estime l’ancienne politicienne.
Trouver son étoile polaire
Si l’ascension n’est pas toujours facile, elle n’est pas dénuée de moments agréables, nuance toutefois Pauline Marois. La clé pour avancer, c’est de se rappeler pourquoi dans un premier temps on s’est lancé dans l’aventure, que ce soit de briguer le poste de première ministre ou d’aller chercher de nouvelles responsabilités au travail.
«En politique, mon objectif était très clair. Je voulais faire l’indépendance du Québec. J’ai aussi toujours rêvé de plus d’égalité et de justice. Pour moi, c’était le moteur de mon engagement», dit-elle.
Ainsi, lors de périodes plus troubles, elle se raccrochait à ces raisons, «à l’essentiel» pour les traverser. Cette étoile polaire a aussi su la rassurer lorsqu’elle doutait de ses compétences ou de son leadership, souligne l’ex-première ministre.