Le syndrome de l'imposteur est phénomène qui affecte plus les femmes que les hommes. (Photo: Russell Ferrer pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Je n’en reviens pas, je viens de décrocher le poste de mes rêves! Ma nomination a été annoncée en début d’année, j’ai reçu une tonne de félicitations via les médias sociaux. Le problème, c’est que je pense sincèrement que je ne suis pas à la hauteur de la situation. Je vais me planter, c’est trop de responsabilités pour moi. J’en ai carrément perdu le sommeil depuis une semaine…» – Naomie
R. — Chère Naomie, vous souffrez de toute évidence du «syndrome de l’imposteur», ce mal mis au jour en 1978 par les psychologues Pauline Clance et Suzanne Imes. Cela se produit lorsqu’on considère qu’on ne mérite pas le succès rencontré et que cela va finir par sauter aux yeux de tout le monde, pour notre plus grande honte. Cela se traduit souvent par l’émergence de différents symptômes de l’anxiété: fébrilité, irritabilité, nausées, trouble du sommeil, etc.
Le syndrome de l’imposteur sévit surtout dans les milieux d’affaires compétitifs et auprès des travailleurs autonomes. Il semble qu’il affecte davantage les femmes que les hommes, en partie en raison du fait que les femmes sont sous-représentées dans les postes de haute direction (décrocher une promotion peut amener une femme à se sentir dans la peau d’une usurpatrice, ayant peu, voire pas de modèle féminin de référence…).
Selon les travaux du psychologue français Kévin Chassangre, 70% des personnes à haut potentiel sont assurées de passer par cet épisode de doute durant leur vie professionnelle. Car il peut ne s’agir que d’un épisode transitoire — le temps de bien s’installer à sa nouvelle place —, à condition de combattre la dépréciation de soi, c’est-à-dire les idées négatives que nous entretenons à notre égard dès lors qu’il nous faut relever un nouveau défi ambitieux.
Dans le livre «Cessez de vous déprécier! Se libérer du syndrome de l’imposteur» (Dunod, 2016) qu’il a coécrit avec Stacey Callahan, Kévin Chassangre préconise différents trucs pratiques pour remédier au problème. En voici trois d’entre eux:
– Diminuez votre perfectionnisme. «Pour se prouver à soi-même qu’on est un “imposteur”, il n’y a rien de tel que de se fixer des objectifs inatteignables, dit-il. D’où l’intérêt de diminuer vos exigences de 20% (ce qui rendra sûrement vos buts réalisables), de vous accorder différentes étapes pour y parvenir et de vous autoriser à y aller à un rythme moins soutenu qu’initialement prévu.»
– Optez pour la comparaison constructive. «Se comparer est normal, mais la comparaison effectuée par les “imposteurs” n’est pas toujours adaptée: en vous comparant à une personne qui a 10 années d’expérience de plus que vous, il est sûr que vous affichiez certaines lacunes. D’abord, ajustez vos figures de comparaison, en choisissant de personnes plus proches de votre situation actuelle. Ensuite, inspirez-vous de ces nouveaux modèles pour vous améliorer (par exemple, en adoptant leurs habitudes qui ne sont pas les vôtres).»
– Attribuez-vous vos succès. «Les “imposteurs” oublient souvent qu’une réussite est due à la fois à des causes externes (circonstances,…) et internes (compétences,…). Listez vos derniers accomplissements et identifiez scrupuleusement les ressources personnelles (talents, forces,…) qui ont été mises à l’œuvre dans chacun d’eux. Cela devrait vous permettre d’avoir un point de vue plus rationnel, et donc plus juste, sur vos mérites.»
Chère Naomie, ce travail sur vous-même vous fera du bien, à n’en pas douter. Vous devriez gagner en sérénité, et vous sentir plus à l’aise dans votre nouveau quotidien au travail. Pour votre plus grand bien et pour celui de ceux qui vous entourent.