L’IA générative n’est pas seulement pour vos jeunes employés
Catherine Charron|Mis à jour le 11 septembre 2024Évitez de simplement réduire la taille de l’équipe pour diminuer les coûts de la main-d’œuvre, dit PwC. (Photo: 123RF)
RHÉVEIL-MATIN. Les organisations ne doivent plus se fier que sur leurs plus jeunes recrues pour apprivoiser les technologies émergentes comme l’intelligence artificielle générative, mettent en garde des chercheurs américains.
Plus disposés que leurs collègues plus expérimentés à adopter de nouvelles méthodes de travail, ces salariés sont bien souvent plus prompts à tenter de trouver un usage concret à ces outils afin d’accomplir leurs tâches quotidiennes, selon la littérature scientifique qu’ont consultée les auteurs de l’étude. Et ça a eu des retombées positives, constate l’équipe menée par Kate Kellogg, professeure de gestion et d’innovation à la MIT Sloan School of Management.
Toutefois, les recherches faites jusqu’à présent ne se sont pas penchées sur des avancées aussi déstabilisantes que l’IA générative, nuance-t-on dans «Don’t Expect Juniors to Teach Senior Professionals to Use Generative AI: Emerging Technology Risks and Novice AI Risk Mitigation Tactics».
«Ces technologies émergentes peuvent générer des résultats négatifs, et comportent de nouveaux risques avec lesquels nous sommes peu familiers, ce qui engendre une incertitude considérable», écrivent les auteurs de l’étude.
En effet, il est difficile de bien en apprécier les retombées, car on peine encore à comprendre l’étendue de leurs fonctionnalités. Ce sont des technologies qui évoluent rapidement et qui reposent sur des bases de données pharaoniques alimentées par une panoplie d’intrants. Tous ces facteurs nuisent à l’analyse qu’en font les jeunes travailleurs, faute d’expérience.
Pour y voir plus clair, les chercheurs ont interviewé entre juillet et août 2023 78 candidats de moins de deux ans sur le marché du travail ayant usé de Chat-GPT 4 dans le cadre d’une autre étude pour tenter de répondre à un défi d’une entreprise fictive.
«Ils n’étaient pas des experts techniques, n’avaient reçu aucune formation formelle sur l’utilisation de l’IA, n’avaient aucune expérience sur son application en milieu de travail ou en dehors du cadre professionnel», précise-t-on dans le rapport de 31 pages.
D’après les réponses que les chercheurs ont analysées, les jeunes peinent à reconnaitre l’étendue de ce qu’ils ne connaissent ou ne comprennent pas de cette technologie et ainsi à juger la qualité des résultats générés par la machine.
Ils s’intéressent principalement aux changements qu’elle apporte sur le plan individuel et non de l’ensemble de l’organisation. Ils se penchent aussi davantage sur son utilité dans un projet donné plutôt que de développer des méthodes de travail qui pourront être répétées et appliquées systématiquement.
De plus, les recommandations qu’ils auraient émises à leur patron sur le déploiement d’une telle technologie en milieu de travail allaient à l’encontre de celles des experts au moment de faire l’enquête, rapportent les chercheurs.
Préparer le terrain
En d’autres termes, ce ne sont pas des experts. Il est donc illusoire pour une entreprise de confier à ces recrues, aussi curieuses et avides d’apprendre soient-elles, la tâche de former leurs collègues sur l’utilisation de ces nouveaux outils, croient les auteurs du rapport.
Bien qu’ils reconnaissent que leur étude est basée sur un petit échantillon qui a disposé de peu de temps pour se familiariser avec l’IA, les chercheurs estiment important de mettre en garde les organisations qui ont recours à une telle stratégie pour apprivoiser les technologies émergentes.
Les dirigeants d’entreprises devraient selon eux «s’assurer que leurs employés, qu’ils soient peu ou très expérimentés, se concentrent sur la gestion des risques liés à l’IA».
De plus, ils doivent être bien conscients de l’étendue des fonctionnalités, mais aussi des limites de cette technologie, et tenter de leur trouver une utilité non pas anecdotique, mais bien appliquée à l’ensemble des processus de l’organisation pour que les retombées soient significatives.