Ce qui a le plus surpris l'autrice du rapport, Émilie Lessard-Mercier, c’est «le foisonnement des agences de placement de personnel dans les centres jeunesse et les CPE, malgré une bonne connaissance de la situation au gouvernement du Québec et l’adoption d’une loi pour réguler cette pratique dans le réseau de la santé.»
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RHÉVEIL-MATIN. Le marché de l’emploi a-t-il été en faveur des travailleurs ces dernières années? Pas tout à fait, d’après l’Observatoire québécois des inégalités.
Dans son plus récent rapport intitulé «Transformations du marché du travail au Québec : un survol d’inégalités persistantes et émergentes», on y explique que malgré le taux de chômage au plancher, la pénurie de main-d’œuvre et les hausses salariales connues, tous n’en sont pas sortis gagnants.
C’est l’étudiante au doctorat à l’Université Laval en relation industrielle et chercheuse en résidence Émilie Lessard-Mercier qui s’est chargée de faire cette revue de la littérature afin de bâtir ce document de référence où elle vulgarise et met en contexte les inégalités qui subsistent, et celles qui sont apparues ces dernières années.
Grâce à un coup de pouce du Fonds de recherche du Québec et de la fondation Mission inclusion, elle pose donc ce «regard contemporain sur certaines dynamiques du marché du travail», indique la directrice générale de l’Observatoire québécois des inégalités, Nathalie Guay.
Ce qui a le plus surpris la principale intéressée, c’est «le foisonnement des agences de placement de personnel dans les centres jeunesse et les CPE, malgré une bonne connaissance de la situation au gouvernement du Québec et l’adoption d’une loi pour réguler cette pratique dans le réseau de la santé», précise-t-elle à Les Affaires.
En effet, son recours creuse les inégalités avec les employés des services où ces travailleurs sont appelés en renfort, ayant souvent droit à de meilleures conditions de travail pour accomplir le même boulot.
Émilie Lessard-Mercier et Nathalie Guay sont toutes deux d’avis que ce sont celles induites par le télétravail qui passent le plus sous le radar des directions d’entreprise.
Tous les employés ne profitent pas à parts égales des bénéfices de la conciliation entre travail et vie personnelle que cette approche promet.
Par exemple, leurs tâches ou leur rôle ne s’y prêtent peut-être tout simplement pas. Il devient même plus difficile de créer une «séparation entre l’espace domestique et l’espace dédié au travail rémunéré à partir du domicile», dit-on dans le rapport d’une trentaine de pages. Et ce sont les femmes qui en ressentent le plus l’effet sur leur santé mentale.
Le télétravail «peut aussi devenir un fardeau si c’est une pratique imposée», ajoute l’étudiante au doctorat.
Apparition de nouvelles inégalités
La chercheuse en résidence rapporte qu’on observe davantage de travailleurs en situation de précarité. Elle se fit notamment au bond du nombre de personnes occupant des emplois atypiques – passant de 16,7% en 1976 à 32,5% en 2022 –, tout comme à celui des travailleurs qui perçoivent le salaire minimum.
En 2023, elles représentaient 4% de la main-d’œuvre de la province d’après le plus récent bilan de l’Institut de la Statistique du Québec. Le pourcentage est en baisse par rapport à 1998, bien que le nombre d’emplois, lui, ait augmenté, grimpant de 164 000 à 177 000.
Les permis de travail accordé aux travailleurs temporaires étrangers, surtout ceux qui lient la personne à un seul employeur, contribuent à la hausse de cette précarité, de même que le recours grandissant aux agences de placement pour donner un coup de main en entrepôts par exemple.
Ce dernier point figure également au palmarès des nouvelles inégalités notées par la chercheuse lorsqu’on y a recours dans les centres jeunesse et en CPE, mais pas pour les mêmes raisons.
On y retrouve aussi le constat que tous les travailleurs ne sont pas égaux devant la numérisation de certaines tâches et la démocratisation rapide de l’intelligence artificielle, certains pourraient voir leur poste être carrément coupé.
Remise en question nécessaire
La diffusion d’un tel recueil est l’occasion d’ouvrir un dialogue avec ses employés, afin de s’assurer que les inégalités recensées ne sont pas perpétuées dans son milieu de travail, conseille aux employeurs Nathalie Guay.
Émilie Lessard-Mercier recommande quant à elle de se poser une panoplie de questions afin d’identifier ses angles morts
– Comment la pratique du télétravail est-elle mise en place selon les différents corps d’emploi et niveaux hiérarchiques dans l’entreprise?
– Comment est-ce que c’est facilité ou pas en fonction du lieu de résidence, de l’espace et du matériel disponible?
– Est-ce que le salaire, les conditions de travail, les horaires contribuent à maintenir les employés dans la précarité?
– Comment les changements technologiques que l’entreprise souhaite adopter affectent-ils les travailleurs et les travailleuses?
Bien qu’il ne concerne pas toutes ces inégalités, l’outil d’autodiagnostic en matière d’équité, de diversité et d’inclusion diffusé l’an dernier par l’Observatoire peut aussi servir de tremplin à cette réflexion, ajoute Nathalie Guay.
Télétravailler ou ne pas télétravailler, telle est la question qui cause des émois dans bien des entreprises.
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