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Payés pour écouter des balados!

Olivier Schmouker|Publié le 10 mars 2022

Payés pour écouter des balados!

(Photo: Dollar Gill pour Unsplash)

MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudisVous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca

Q. – « J’invite régulièrement les membres de mon équipe à suivre des programmes de formation, mais je sens bien que ça ne les tente pas. Quand ils y vont, c’est à reculons. Comment les convaincre que c’est pour leur bien, que c’est même une nécessité pour s’assurer d’un avenir professionnel durable? » – Massimo

R. – Cher Massimo, vous avez raison, le meilleur moyen de perdurer au poste qu’on occupe est d’y exceller. Et donc, de veiller à être toujours efficace dans son quotidien au travail, pour ne pas dire incontournable.

Une bonne idée pour motiver vos employés à se mettre régulièrement à jour dans leurs pratiques professionnelles est, je pense, de vous inspirer de la manière dont s’y prend Nexus Innovations, une entreprise montréalaise spécialisée dans le développement de logiciels. C’est que ses employés ont la possibilité «d’investir jusqu’à deux heures par semaine dans leur développement professionnel». Comme le dit le PDG Louis-Philippe Vallée, «nous payons nos employés à écouter leur balado préféré»!

Le raisonnement de la haute-direction de Nexus Innovations est simple: pour que les gens aient le désir d’investir dans leur développement professionnel, le moyen utilisé doit être «accessible, adapté et, surtout, intéressant», estime le PDG. «Comme nous avons tous des intérêts et des compétences différentes à développer, il est impossible d’offrir une solution unique qui fite pour tout le monde, explique-t-il. D’où l’idée d’offrir tout bonnement du temps.»

Ainsi, le meilleur moyen de motiver les gens à se perfectionner, c’est de recourir à des «motivateurs intrinsèques», c’est-à-dire que la motivation doit venir de l’employé lui-même, pas de son boss, encore moins du PDG. «Le moyen de développement utilisé doit être aligné avec les intérêts particuliers de l’employé, sans quoi ce dernier ne va rien retenir ou va vite laisser tomber», explique Louis-Philippe Vallée, en soulignant qu’une telle approche permet de jouer sur deux motivateurs fondamentaux, «le besoin de compétence et le besoin d’autonomie».

Concrètement, chaque employé de Nexus Innovations est libre du moyen utilisé pour se développer, tant que cela concerne ses compétences professionnelles: «On ne parle pas ici de suivre des cours de plongée sous-marine», indique le PDG, sourire en coin. «Pas d’approbation requise, pas de limitation dans le moyen utilisé. On a confiance que l’employé va utiliser ces deux heures hebdomadaires à bon escient», ajoute-t-il.

Maintenant, la question saute aux yeux: est-ce que ça fonctionne? Après un an d’utilisation de cette mesure, la réponse tient en trois points:

– Le taux d’appréciation est de 9,35 sur 10.

– Un total global de 1 750 heures ont été utilisées dans cette façon de se perfectionner. Le plus souvent, cela a consisté à lire des livres en lien avec une compétence, à visionner des webinaires, à écouter des balados, ou encore à participer à des discussions de groupes professionnels.

– Plus de 70% des employés ont investi plus de 10 heures dans leur développement professionnel dans le cadre de cette mesure. Et 45% utilisent ce temps sur une base régulière (chaque semaine, ou presque).

Un petit tableau fourni par Nexus Innovations permet de voir ce qu’en retirent d’une part les employés, d’autre part l’entreprise elle-même:

(Source: Nexus Innovations, 2022)

Bref, mon cher Massimo, je vous invite à voir comment vous pouvez adapter cette approche à votre propre réalité. Et à me faire savoir si cela a donné de bons résultats, ou pas.