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Pénurie de main-d’œuvre et «grande démission» sont choses du passé

Catherine Charron|Mis à jour le 24 juillet 2024

Pénurie de main-d’œuvre et «grande démission» sont choses du passé

(Photo: 123RF)

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ressources humaines

RHÉVEIL-MATIN. Non, ce n’est pas qu’une impression: le portrait du marché de l’emploi est bien différent de celui que l’on a connu depuis la relance économique post-pandémie.

L’effervescence et les mouvements de travailleurs se sont bel et bien estompés d’après la plus récente Enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada. Ce faisant, les travailleurs sont plus casaniers, si on se fie aux observations des économistes de la Banque Nationale du Canada (BN).

Est-ce pour autant parce que les entreprises ont su déjouer la courbe démographique ou ajuster leur planification à la main-d’œuvre? Pas tout à fait. D’après l’étude de la Banque du Canada publiée le 15 juillet 2024, c’est le ralentissement économique, et donc le pessimisme à l’égard des ventes à venir qui limite la création de nouveaux postes et le besoin de personnel.

L’arrivée massive d’immigrants en 2023 a aussi contribué à remplumer l’offre de travailleurs disponibles, selon ce que la société parapublique a enregistré lors d’entrevues menées entre le 9 et le 29 mai 2024.

Dans l’ensemble de l’économie canadienne, l’intensité de la pénurie de main-d’œuvre frôle un creux historique. La part des répondants qui disent peiner à trouver de nouveaux joueurs a glissé à 15%. C’est un taux que l’on n’observe qu’en période de récession, indiquent Matthieu Arseneau, Jocelyn Paquet et Daren King de Marchés financiers Banque Nationale du Canada.

Si le manque de candidats se fait encore sentir, observe la banque centrale, c’est surtout le fruit de facteurs structurels, tels «le besoin de compétences spécialisées et l’éloignement géographique», indique-t-on dans le rapport.

Prudence chez les travailleurs

Constatant que l’offre se raréfie, les Canadiens préfèrent garder leur emploi plutôt que d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs.

Les économistes de la BN se sont intéressés à la part de travailleurs qui campent leur poste depuis moins de six mois. Lorsque l’économie se porte bien, ces salariés représentent une part plus importante de la population de travailleurs de 25 à 54 ans, comme en 2021 et en 2022 où ils dépassaient les 10%. La situation est toute autre depuis le début de 2024.

Outre les premiers mois de 2020, il faut remonter à 2009 pour observer des niveaux similaires de la courbe, alors que le taux avoisine les 8%, fait-on remarquer.

«Il y a lieu de penser que les débouchés sont actuellement limités, mais aussi que les travailleurs préoccupés par les perspectives considèrent qu’il est plus sûr de rester chez leur employeur actuel», écrivent-ils.

Devant de tels chiffres, les économistes anticipent une nouvelle augmentation du taux de chômage au cours de la deuxième moitié de 2024, puisque les employeurs semblent avoir trop de personnel, un phénomène qu’ils observent depuis plusieurs mois déjà.

Ils estiment que tous les secteurs sont concernés, ce qui laisse présager une période où les embauches se feront de plus en plus rares.

Les augmentations salariales ralentiront

Les hausses salariales qui dépassent les 5% seront aussi chose du passé, d’après les résultats de l’Enquête sur les perspectives des entreprises. Au deuxième trimestre de 2024, l’augmentation de 3,4% des salaires anticipés au cours des 12 prochains mois se rapproche de la moyenne historique de 3,2%.

Toutefois, ce sont les nouvelles conventions collectives et les «revalorisations de salaires consenties pour contrer les hausses antérieures du coût de la vie» qui explique d’après la Banque du Canada pourquoi l’augmentation salariale attendue surpasse la moyenne.

Les employeurs ne se sentent plus contraints d’augmenter la rémunération de leurs employés pour les fidéliser ou attirer de nouveaux candidats. Ils sont aussi d’avis que la hausse du coût de la vie ne justifie plus le besoin d’augmenter les salaires.